Commentaire général
Au centre du département du Doubs, la commune de La Sommette présente un relief contrasté, se partageant entre un vaste plateau et des vallons très encaissés, à une altitude variant de 520 à 730 mètres d’altitude. Les caractéristiques morphologiques du territoire trouvent leur origine dans la nature du substrat. C’est l’eau - et ici plus particulièrement celle du ruisseau de la Reverotte - qui a entaillé les calcaires durs du Jurassique supérieur formant le substratum du plateau alors que les versants des vallons font apparaître les formations plus anciennes : calcaires durs, calcaires marneux et marnes du Jurassique moyen. D’un point de vue paysager, le plateau reste relativement ouvert. Le site des « Champs sur la Tour » occupe un coteau, au sud du village de La Sommette, au milieu d’une belle ambiance bocagère alternant pâturages et prairies de fauche.
Si les secteurs les moins contraignants sont aujourd’hui convoités par l’agriculture, on observe depuis quelques décennies un abandon progressif des coteaux les plus escarpés ou éloignés des centres d’exploitation. Il en résulte un enfrichement de plus en plus important des milieux ouverts, les buissons tels qu’aubépines et prunelliers envahissant progressivement les faciès ras. Cette alternance de milieux herbacés et buissonnants peut également trouver son origine dans l’exploitation des secteurs boisés environnants où les terrains, après coupe, n’ont pas été replantés.
D’un point de vue écologique et biologique, la pratique de ces activités anthropiques permettant la juxtaposition de communautés végétales herbacées, prairies et pelouses maigres, et de fruticées sur les « Coteaux des Champs sur la Tour » est à l’origine du développement de milieux tout à fait propices à une population de papillons d’intérêt patrimonial. C’est en effet pas moins d’une vingtaine d’espèces qui a été observée sur ce site (moirée des fétuques, tristan, gazé, demi-deuil…) et parmi elles, l’hespérie de la mauve, taxon désigné comme prioritaire pour la conservation des insectes en Franche-Comté, ou encore le fadet de la mélique, considéré comme « quasi menacé » sur la liste rouge.
Statut de protection
Aucune mesure de protection n’existe sur le site des « Coteaux des Champs sur la Tour ».
Objectifs de préservation
Bien que présentant un intérêt écologique modéré, ce site illustre parfaitement la problématique de l’enfrichement des coteaux les plus escarpés suite à l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles et de l’intensification des zones les plus accessibles (plateau, fonds de vallons larges…). Malgré cela, la juxtaposition de milieux ouverts et de zones buissonnantes ou boisées permet la présence d’une lisière étagée, à l’origine du développement d’un cortège de papillons tout à fait intéressant dont une partie est en régression en Franche-Comté.
Afin de maintenir un état favorable à la population lépidoptérique, il serait judicieux de maintenir le site dans son état actuel, en favorisant l’alternance de faciès ras (pelouses, prairies non ou peu amendées) et de petits îlots de fruticées. Des mesures de gestion passant par des opérations de défrichement manuel ou à l’aide de troupeaux, contrôlées dans tous les cas, et l’abandon des reboisements des terres agricoles non exploitées par des plantations résineuses paraissent suffisantes pour maintenir cet état.
Dans ce secteur où les pratiques agricoles sont orientées vers un entretien intensif (prairies de fauches amendées, fortement exploitées, pâturages entretenus doublés de fauche des refus de broutage…), de tels milieux semblent anecdotiques. La recherche et la préservation, dans les communes environnantes, de secteurs de même composition végétale seraient appropriées afin de pouvoir assurer le maintien à plus grande échelle d’une richesse entomologique particulièrement intéressante.