ZNIEFF 430020484
VERS LE PRÉ ET LA GLAISIÈRE

(n° régional : 41000036)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

 

Entre la plaine de Bresse et la vallée de l’Ain, la région naturelle de la Petite Montagne est caractérisée par un relief tourmenté correspondant à une succession de crêtes orientées généralement nord-sud. A l’est de ce secteur, le plateau de Lect et des Joux Noires constitue une vaste unité structurale où des faciès du Jurassique supérieur affleurent. L’Ain y a creusé une vallée encaissée, fermée au niveau de Menouille par le barrage hydro-électrique de Vouglans. Au sud-est du village de Lect, la zone Vers le Pré et la Glaisière englobe à la fois le flanc d’un coteau exposé au sud-sud-est et une partie plus basse, à l’ouest, traversée par un ruisseau temporaire. Les milieux rencontrés correspondent à des formations de pelouses calcaires ou à tendance marnicole selon la nature du substrat (calcaires marneux ou marnes), comme en témoigne la présence de la molinie bleue.

 

Plusieurs facteurs conditionnent l’installation de pelouses mésophiles à mésoxérophiles (assez sèches à très sèches) sur ce site : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. En outre, les formes sur marne sont soumises à des contraintes supplémentaires (fort contraste hydrique au cours de l’année, faible stabilité des sols constamment rajeunis par l’érosion, humus peu épais). D’une manière générale, les conditions contraignantes de ces milieux herbacés sélectionnent une flore caractéristique, riche en éléments d'affinité méditerranéenne. La dynamique naturelle tend vers une recolonisation par la forêt, ce qui se manifeste par la présence d’ourlets thermophiles, de fourrés arbustifs et de faciès pré-forestiers. D’ailleurs, cette tendance est assez marquée sur ce site, qui se trouve dans un état d’enfrichement avancé.

 

Ces habitats ouverts à buissonnants structurés en mosaïque hébergent une faune intéressante pour laquelle ils constituent des zones refuges. En particulier, la diversité en papillons diurnes est assez élevée ; parmi les espèces observées en 2014, on trouve la bacchante, protégée au plan national. Ce papillon à caractère thermophile est inféodé aux lisières sèches, clairières et boisements clairs comportant une strate herbacée haute. Parmi les autres espèces menacées, dont les effectifs sont en régression sensible, on soulignera la présence de l’azuré des coronilles, hôte des prairies maigres et lisières fleuries, ainsi que des petits et grands mars changeants, qui sont plutôt liés aux boisements humides. Le cortège orthoptérique est également important avec 14 espèces recensées, dont le tétrix des larris, considéré comme vulnérable en Franche-Comté.

 

STATUT DE PROTECTION

La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Bienne, du Tacon et du Flumen ». De plus, elle est soumise aux dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent aux communes limitrophes du lac de Vouglans. En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. L’abandon lié à la déprise agricole conduit à leur enfrichement progressif, ce qui remet en cause la pérennité des habitats et des espèces à plus ou moins court terme. Ce site est encore pâturé en partie : la poursuite de ces pratiques pastorales extensives, favorable au maintien des habitats et des espèces, est à encourager. Toutefois, plusieurs secteurs ne font plus l’objet d’une utilisation régulière.

 

L’enjeu majeur sur cette zone concerne la préservation de la population de bacchante : lors d’éventuels travaux de débroussaillage, il convient de conserver un équilibre entre zones ouvertes et enfrichées, de préférence sous forme de mosaïques imbriquées. Un soin particulier devrait être accordé aux lisières et aux haies, afin de ménager des transitions progressives.

 

Outre l’intérêt propre qu’elle présente, cette pelouse fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Combe d’Ain et des secteurs adjacents, et joue à ce titre un rôle de corridor écologique.

 

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE (2014)

La ZNIEFF abrite une diversité d'invertébrés intéressante. L'imbrication de milieux herbacés xérophiles, mésoxérophiles et humides à différents stades d'enfrichement sur une si petite surface crée des conditions propices à la diversité des biotopes disponibles pour les insectes. Les milieux humides sont fréquents sur ce substrat marneux. On trouve même dans le site de petits ruisseaux temporaires et une roselière. L'originalité de l'entomofaune vient du fait que des espèces d'insectes xérothermophiles comme l'Azuré bleu-nacré (Polyommatus coridon) côtoient des insectes mésophiles à mésohygrophiles comme le Petit Mars changeant. La présence de deux lépidoptères protégés au niveau national justifie à elle seule le classement et le maintien de ce site en ZNIEFF.

 

A moyen terme, ces espèces ne semblent pas menacées par l'évolution naturelle du site. Sauf peut-être pour le Damier de la succice. La zone humide où a été observé ce dernier ne semble pas pâturée régulièrement. Pour l'instant, elle parait résister à l'enfrichement. Celui-ci est pourtant probable à moyen terme si aucune gestion agro-pastorale n'est mise en place.

 

Le reste des espèces patrimoniales réagit plutôt bien à une enfrichement modéré. Les coteaux au Nord et au Nord-Est qui abritent la Baccante, peuvent rester des biotopes favorables pendant encore 10 à 15 ans. Il est pourtant important de remettre en place un pâturage extensif qui garantira la pérennité de ces biotopes qui accueillent des espèces rares pour la région.

 

GESTION/MENACES (2014)

La majeure partie du site semble ne plus être pâturée depuis quelques années et être délaissée par l'agriculture. Un secteur au Sud de la ZNIEFF et à l4est du lieu-dit de Chartonge, était toutefois pâturé cette année par les chevaux d'un agriculteur local. On remarque également à proximité, des terrains qui semblent avoir été récemment remaniés. En effet, un agriculteur du village élève des volailles sur ces terrains qui seraient selon lui communaux. La mise en place de volailles dans le secteur où se trouve le Damier de la succice pourrait causer un problème, en particulier si l'élevage est intensif. Cela pourrait entraîner un décapage de la végétation défavorable à l'ensemble des lépidoptères du secteur.

Commentaires sur la délimitation
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