DESCRIPTION
Les forêts sont caractérisées par les groupements de végétation habituels des forêts mixtes de montagne.
La hêtraie-sapinière représente le stade climacique de l'étage montagnard supérieur et occupe les secteurs d'altitude inférieure à 1200 - 1300 mètres, sur les pentes moyennes et faibles. Le peuplement est dominé par le hêtre et l'épicéa, le sapin étant inégalement réparti (absent dans la partie sud). La nature des sols et la régénération naturelle du hêtre, très dynamique sur certains secteurs peut induite l'existence de hêtraies denses. A ces exceptions près, les hêtraies sapinières sont traitées en futaie jardinée si bien que le sous-bois, toujours frais, est particulièrement riche en espèces herbacées.
Sur les lapiaz fortement érodée, s'installe la pessière à doradille où l'épicéa assure à lui seul la couverture arborée.
Dans les nombreuses dépressions apparaissent fréquemment des mégaphorbiaies d'altitude (formation de hautes herbes sols eutrophes) à laitue des Alpes.
Cet ensemble forestier est connu comme un des bastions historiques du grand tétras ; il présente ici une population limitée à moins de 25 coqs. Cette forêt constitue un des dix massifs du massif jurassien où la conservation de l'espèce est assurée avec, toutefois, des fluctuations assez importantes d'une décennie à l'autre si bien que la conservation de ce massif est considérée comme prioritaire par les spécialistes. Comme pour toutes les forêts dont l'altitude dépasse 1000 mètres, la gélinotte des bois reste bien représentée dans ce massif. Parmi les autres espèces, il faut signaler la présence de la chevêchette d'Europe, espèce pour laquelle une légère extension de l'aire de répartition est observée. Ces trois espèces ne doivent pas occulter, d'une part, la présence d'effectifs non négligeables dans les massifs périphériques et d'autre part, le reste du peuplement de ce massif : cassenoix moucheté, merle à plastron, venturon montagnard, pic noir offrant des cavités à la chouette de Tengmalm.
La diversité des milieux ouverts des Prés Hauts repose essentiellement sur les propriétés hydriques des sols conditionnés par les variations topographiques. Les sols peu épais et bien drainés des pentes faibles sont par exemple le domaine de la pelouse mésophile à gentiane printanière et brome dressé. Elle se présente comme une pâture riche et diversifiée, dominée par l'avoine pubescente ou la brize. Dans les cuvettes, les sols profonds à forte rétention en eau sont davantage occupés par une prairie montagnarde, à la physionomie très changeante au cours des saisons. Au printemps, la floraison des narcisses, des jonquilles et des trolles donne au groupement un aspect vernal particulier. Plus tard, la prairie adopte d'autres couleurs avec la renoncule âcre, la marguerite, l'alchémille, l'avoine dorée et la flouve odorante. La renouée bistorte, le géranium des bois et la crépide tendre rappellent la persistance de l'humidité au sein de cette prairie, liée à la nature du sol et aux abondantes précipitations pluvieuses ou neigeuses du climat montagnard. Cette situation semble très favorable à l'ail ciboulette, quasi menacé en Franche-Comté, et à l'anémone à fleurs de narcisse, protégée régionalement, qui ne compte que quelques stations sur le deuxième chaînon et les plateaux supérieurs.
Localement, un bas-marais alcalin est parvenu à se constituer dans une dépression prairiale réceptrice de toutes les eaux de ruissellement alentours. Typiquement, un groupement à laîche de Davall largement dominé par les Cypéracées s'y est développé, agrémenté par la floraison lilas des peuplements denses de la primevère farineuse. D'une manière général, ce genre de système est toujours très important du point de vue patrimonial puisqu'il abrite de nombreuses espèces rares, protégées ou menacées, aussi bien végétales qu'animales. Ce bas-fond marécageux côtoie une petite pièce d'eau, une ceinture de grandes hélophytes à massette et jonc des tonneliers et une friche à hautes herbes dominée par la reine des prés.
En périphérie des Prés Hauts, une transition douce s'opère entre les prairies et la forêt par l'intermédiaire de prés-bois. L'organisation de ces pâturages boisés est une mosaïque d'arbres, souvent des épicéas, isolés ou regroupés en bosquets, et d'herbages formant tantôt un réseau étroit entretenu par le parcours du bétail, tantôt des clairières plus ou moins étendues. Cette structure complexe, entièrement dépendantes des activités sylvicoles et pastorales, est très favorable à la biodiversité. Elle attire de nombreux oiseaux d'altitude, comme le casse-noix moucheté, le sizerin flammé
Habitats représentés
- Tourbières hautes (Sphagnetum magellanici)
- Tourbières basses alcalines et de transition (Caricion davallianae)
- Prairies à molinie (Molinion)
- Mégaphorbiaies montagnardes (Aconito-Filipenduletum)
- Prairies de fauche montagnardes (Calthion)
La tourbière de la Chaumoz recèle une flore exceptionnelle; on y recense en effet 7 espèces végétales protégées et plusieurs autres remarquables pour la région, au sein d'un complexe écologique encore bien conservé et de grande valeur :
- Le bas-marais alcalin représente les premiers stades de l'élaboration d'une tourbière. La laîche à long rhizome et la grassette commune sont inféodées à ces stades initiaux, et disparaissent par la suite lorsque le bas-marais évolue vers la tourbière à sphaignes.
- Les prés humides bordant la tourbière hébergent la crépide rongée, unique station franc-comtoise de l'espèce.
- Le haut-marais ou tourbière haute active est issu du bas-marais. Très riche en sphaignes dont la plus recouvrante est la sphaigne de Magellan, ce groupement se caractérise par une flore très originale comme l'andromède ou la droséra à feuilles rondes. Ponctuant le haut-marais, des gouilles constamment humides abritent la laîche des bourbiers, le lycopode des lieux inondés et la scheuchzérie des marais. Toutes ces espèces végétales, rares et souvent menacées par la destruction de leurs milieux, sont protégées.
- La mégaphorbiaie est une formation végétale de hautes herbes se développant sur des sols humides et riches. On y trouve la renouée bistorte, l'aconit napel, divers cirses et grandes ombellifères.
Par leurs floraisons abondantes et réparties dans l'année, ces secteurs de hautes herbes alimentent de nombreux insectes floricoles : trois espèces de papillons, inféodées à ces milieux tourbeux et menacées, y sont recensées, le cuivré de la bistorte, le solitaire et le fadet des tourbières.
Les gouilles tourbeuses abritent une population d'odonates remarquable, comprenant notamment la leucorrhine douteuse, la cordulie arctique et l'agrion hasté.
DEGRADATION ET MENACES
La tourbière de la Chaumoz a été exploitée pour la tourbe jusque dans les années 50 ; les fronts de taille situés sur le flanc Est du haut-marais témoignent de cette activité passée.
Un pâturage s'exerce en bordure et empiète légèrement sur la tourbière.
Des sorties à but pédagogique (découverte des milieux tourbeux) ont également lieu dans la tourbière pendant la saison estivale.
Notons pour finir que la commune de Chapelle-des-Bois souhaiterait aménager un petit sentier de découverte sur le site.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Sur la tourbière de la Chaumoz
- Proscrire toute forme de boisement, drainage ou d'assainissement sur la tourbière.
- Limiter absolument la fréquentation humaine et préserver la tourbière de tout pâturage par l'intermédiaire d'une convention avec l'exploitant. En effet, d'après les spécialistes des tourbières, le piétinement par le bétail ou par l'homme joue un rôle déterminant dans la lente dégradation de ces milieux. Les passages, qui se creusent et forment un réseau, dessèchent peu à peu la tourbe, comme le ferait un drainage.
- La richesse floristique de la tourbière de la Chaumoz justifierait la mise en place d'une mesure légale de préservation (arrêté préfectoral de protection de biotope par exemple).
Sur les Prés bois des Prés Hauts
La conservation de l'intérêt écologique du site passe par la poursuite de l'alpage et par le maintien de pratiques agricoles extensives sur les prairies humides, telles que la fauche tardive, la limitation des intrants et l'absence de drainage. Dans les secteurs de pré-bois, il est intéressant de privilégier la diversité d'espèces (sapin, épicéas, feuillus divers) et d'entretenir les petites clairières.
Sur les forêts
- Maîtriser la fréquentation hivernale pour assurer la quiétude du grand tétras
- Poursuite d'une sylviculture favorable au maintien de clairières et de gros bois,
- Contrôle de l'ouverture des habitats ouverts, notamment les zones de nourrissage des poussins de tétras