ZNIEFF 530009057
CÔTE SUD ET OUEST DE GROIX DES SAISIES A BEG MELEN

(n° regional: 01780004)

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Cette zone contient le fleuron des habitats naturels et des espèces végétales les plus remarquables de l’île de Groix. Exposée directement à l’influence marine et au vent, les habitats déterminants majeurs sont :

- les groupements chasmophytiques (en particulier à criste marine et spergulaire des rochers, à statice de Dodart, les fissures ombragées à asplenium, les suintements à patience des rochers et à osmonde royale)

- les groupements de pelouses littorales et des corniches (groupement pionnier à orpin des anglais, les pelouses rases thérophytiques à graminées annuelles, la pelouse à plantain caréné (voir flore remarquable), à armérie et plantain corne de cerf, à fétuque pruineuse, ...

- les zones humides subhalophiles ou d’eau douce situées dans les petits rentrants de la côte alimentées par des sources, et présentant une mosaïque de petits habitats floristiquement très diversifiés

- les landes littorales sèches : à bruyère cendrée et ajonc d’Europe (dont la variété maritime prostrée en coussinet du fait de l’exposition au vent), et la lande littorale à bruyère vagabonde (Erica vagans) plante eu-atlantique proche ici de sa limite Nord. Cette dernière formation est un habitat d’intérêt communautaire (comme toutes les autres communautés déjà citées) mais de plus "prioritaire" pour sa conservation, elle s’étend principalement de Pen Men à Kervédan. La Réserve naturelle a mis en place un programme de gestion des landes depuis 1989, approuvé et relayé par le Document d’Objectifs (DOCOB) élaboré en 2000 pour la Zone spéciale de conservation (ZSC) de Groix (source 64). Un contrat Natura 2000 a été signé entre la commune de Groix, propriétaire des parcelles concernées et l’État pour mener à bien divers travaux sur des landes à bruyère vagabonde dans le secteur de Pen-Men, car cette lande située en retrait de la côte n’est pas stable et sa dynamique nécessite des interventions pour sa conservation à long terme et le maintien de toute sa biodiversité.

- Les rochers en falaise des zones supra-littorale et médio-littorale en mode exposé sont aussi des habitats déterminants pour la zone (voir aussi ZNIEFF "Mer" de type II « Pen Men - Kervédan »).

Les pelouses et landes rases sont actuellement particulièrement menacées dans le secteur de Stang Marc’h par une plante invasive très recouvrante qui dégrade d’ors et déjà ces habitats : une plante du genre Carpobrotus (les "griffes de sorcière") contre laquelle il conviendrait d’organiser la lutte, avant une perte de diversité floristique préjudiciable.

La totalité de cette ZNIEFF est incluse dans le périmètre Natura 2000 de l’île de Groix. Plusieurs secteurs de cette côte font l’objet d’actions pour maîtriser la fréquentation sur les zones sensibles littorales et réhabiliter les secteurs dégradés (Trou du Tonnerre, Pierre Blanche, Saint-Nicolas, Pointe de l’Enfer) : aménagement pour limiter l’accès des voitures sur les pelouses littorales (aire de stationnement en retrait), mise en place de barrières et de poses vélos, et signalétique. A la Pointe de l’Enfer une délimitation du cheminement et une restauration active de la pelouse par la pose de filet de jute ont été réalisées (avec panneau d’information). (Travaux réalisés en 2006-2007, maîtrise d’ouvrage Cap l'Orient et Commune de Groix).

Flore remarquable : 8 espèces végétales protégées sont incluses dans la zone : 2 protégées au plan national et également d’intérêt communautaire (nécessitant des mesures de conservation au titre de la Directive européenne du 21 mai 1992 sur les Habitats): l’oseille (ou patience) des rochers (Rumex rupestris) présente en quelques points de la côte Sud en bas de falaises suintantes, et le trichomanès élégant (Trichomanes speciosum) fougère particulière, détectée seulement sous la forme de son prothalle (gamétophyte) dans des anfractuosités très sombres de rochers proches du littoral à Port Saint-Nicolas (coté Quehello). Les 6 plantes protégées au plan régional sont : une fougère méditerranéenne, la doradille obovale (Asplenium obovatum subsp. obovatum) dont Groix, avec le Cap Sizun et Ouessant (Finistère), sont les seules localités actuellement connues du littoral atlantique français (source 76) ; une autre petite ptéridophyte poussant sur les pelouses rases du littoral humides en hiver, l’isoète épineux (Isoetes histrix) ; sur les pelouses thermophiles, l’érodium en grappe (Erodium botrys) également rare sur le littoral atlantique (à Port Saint-Nicolas coté Kerloret) ; le lotier à petites fleurs (Lotus parviflorus) retrouvée très récemment à Groix (2008), la carotte de Gadeceau (Daucus carota subsp. gadecaei) ; et le plantain caréné (Plantago holosteum var. littoralis) plante micro-endémique des pelouses maritimes rases des îles sud-armoricaines.

Cette dernière plante, avec la précédente, ainsi que la cuscute de Godron (Cuscuta planiflora subsp. godronii) vivant en particulier en parasite sur ce plantain, font partie des 37 taxons à très forte valeur patrimoniale pour la Bretagne pour lesquelles des mesures de conservation sont étudiées par le Conservatoire Botanique National de Brest.

10 autres plantes rares et menacées, également déterminantes pour cette ZNIEFF, sont présentes, dont l’ophioglosse du Portugal (Ophioglossum lusitanicum) ptéridophyte comme l’isoète et souvent associé avec lui, présente dans le Morbihan uniquement sur les îles ; et l’érythrée maritime (Centaurium maritimum) assez abondante à Groix sur les pelouses maritimes.

Faune remarquable : la zone possède un grand intérêt ornithologique, et en particulier dans le périmètre de la Réserve naturelle. Parmi les oiseaux marins déterminants, les effectifs nicheurs du Goéland argenté ont globalement baissé dans l’île (environ 20 % en 10 ans) et sont également en baisse sensible dans la réserve, sans doute du fait d’une pression touristique trop grande ; ils se redéploient dans d’autres secteurs de l’île, mais le périmètre de cette ZNIEFF dans son ensemble en conserve encore près de la moitié des couples. Le Fulmar boréal qui se trouve presque ici à sa limite méridional est présent en faibles effectifs, sa reproduction reste malheureusement aléatoire (un poussin à l’envol en 2002).

Trois limicoles sont nicheurs dans la zone : une vingtaine de couples de Vanneau huppé sont nicheurs sur la façade Ouest de l’île, dans la lande rase littorale en particulier. Le Gravelot à collier interrompu qui éprouve de grandes difficulté à se reproduire dans ces milieux de prédilection à l’Est de l’île est aussi observé nicheur et reproducteur sur la pelouse littorale de la côte Sud. L’Huîtrier pie se reproduit sur la Roche des Saisies et aux environs de Beg Melen.

Le Crave à bec rouge a niché en 2006 dans une grotte de la côte Sud et s’est reproduit, cet oiseau d’un très grand intérêt patrimonial n’avait fait jusque là que quelques apparitions sporadiques sur Groix où il n’y avait pas niché depuis le 17ème siècle ! (non nicheur en 2007 et 2008, il a été vu par intermittence).

La Fauvette pitchou, un passereau symbolique de la lande en Bretagne est nicheuse dans la zone.

Oiseau emblématique, le Grand corbeau était nicheur dans la Réserve naturelle jusqu’en 1992, il se reproduit toujours sur l’île mais dans un autre secteur (voir ZNIEFF n° 01780003).

Les Roches des Saisies constituent par marées de forts coefficients une zone de repli indispensable (reposoir) pour les limicoles hivernants en rade de Lorient (pluviers argentés, bécasseaux variables et sanderling notamment).

Une somme de connaissances naturalistes est généré par la présence de la structure de la Réserve naturelle sur Groix, et de nombreux inventaires : lichens, algues (dont diatomées), champignons, arthropodes et mollusques terrestres, reptiles, ..., sont initiés ou bien avancés.

Protections : au plan des protections réglementaires, la ZNIEFF de la Côte Sud de Groix des Saisies à Beg Melen contient 2 des 3 secteurs de la Réserve Naturelle géologique et ornithologique « François Le Bail » (Décret du 23 décembre 1982) : le secteur côtier terrestre de Pen Men (environ 43 ha), et le secteur de Loqueltas - Les Saisies - Kerauze (environ 16 ha, principalement sur l’espace intertidal avec le récif des Saisies culminant à 8 m). Ce dernier secteur est aussi concerné par une Réserve de chasse maritime (Arrêté du 23 septembre 1991). Une très grande partie de cette ZNIEFF est dans le Site Classé de Groix (Décret du 5 novembre 1976), le restant (près de Locqueltas et Kervédan) est en Site inscrit. La Commune de Groix possède une grande majorité du foncier dans cette zone, le Conservatoire de l’Espace Littoral possède aussi quelques parcelles (près de Kermarec, du Vallon du Storang, du Trou de l’Enfer, et de Kervédan).

Intérêts géologiques et archéologiques :

Le patrimoine archéologique (Paléolithique, Néolithique, Age du Fer) est important dans la zone, qui contient plusieurs sites inscrits aux Monuments historiques (sources 64 et 67). Les intérêts géomorphologiques et géologiques de ce secteur sont également nombreux (ex. : vallons en forme d’auge) et exceptionnels : il y a un Site géologique d’intérêt international dans le périmètre de Locqueltas-les Saisies, et d’intérêt national à Pen Men (source 77, SGMB mars 2007).

Manque espèce:

TARAXACUM sect. RUDERALIA

FUCUS VESICULOSUS

CYMINDIS AXILLARIS ARMORICANA

Comments on the delimitation

L’unité de cette nouvelle ZNIEFF (qui fusionne 4 anciennes ZNIEFF de 1ère génération et augmente la superficie totale) se justifie principalement par la continuité des landes et pelouses littorales exposées (et leurs espèces remarquables) présentent des environs de Beg Melen au Nord-Ouest à Locqueltas au Sud (côte au vent). La limite posée au Nord de la zone est aussi celle la Réserve Naturelle François Le Bail à Pen Men, ce qui permet d’afficher dans cette ZNIEFF toutes les données antérieurement collectées dans ce périmètre réglementaire.

Les bâtiments (sémaphore, phare, et une maison particulière à Kerbéthanie) ne font pas partie du périmètre.

Une ZNIEFF de type I contiguë couvre la "côte sous le vent" au Nord (n° 01780003). La ZNIEFF de type II de Groix prolonge vers l’intérieur le repérage écologique de certains vallons partiellement inclus dans cette ZNIEFF I. Une autre ZNIEFF "Mer" de type II « Pen Men - Kervédan » s’appuie sur la côte.