ZNIEFF 530014348
MARAIS DE PEN MANE

(n° regional: 05790002)

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Le marais de Pen Mané est l’une des 3 entités du site Natura 2000 « Rade de Lorient » (avec la Petite Mer de Gâvres et les étangs de Kervran et Kerzine), il est classé en Zone de Protection Spéciale (Z.P.S.) pour les oiseaux. La mise en oeuvre du programme de conservation Natura 2000 pour Pen Mané est confiée à la Communauté d’agglomération du pays de Lorient "Cap l’Orient" (le Document d’objectifs a été validé par le comité de pilotage Natura 2000 le 22 février 2007).

Historique du site, constitution des habitats et statut.

Avant 1976, le marais est une vasière. En 1976 - 1977, la Chambre de Commerce et d’Industrie engage des travaux d’endiguement de la vasière de Pen Mané pour y déposer les sédiments prélevés lors du curage du chenal d’accès au port du Rohu.

Une ancienne décharge intercommunale directement constituée sur la vasière comble une partie de la zone humide. Le remblai résultant de cette décharge a été colonisé par une prairie rudérale et des fourrés à ajoncs, des dépôts de déchets verts y sont encore déposés de temps en temps. Cet espace reste trop lié au site et est conservé dans la zone.

Le marais est constitué de deux parties distinctes séparées par une digue transversale : la lagune à l’Ouest et le marais à l’Est. Il est à la fois alimenté en eau de ruissellement et en eau de mer depuis le Blavet. Les entrées et les sorties d’eau se font par deux ouvrages sous influence des marées, mais aussi à travers la digue qui présente une faiblesse localisée. La lagune recueille les eaux de la station d’épuration de Locmiquélic. Les ouvrages étant défectueux, il n’y avait pas de réelle gestion des niveaux d’eau avant des travaux récents (voir plus loin).

Le marais est constitué, en arrière et le long du remblai de roselières à phragmite ou à scirpe maritime, et en avant des habitats d’intérêt communautaire suivants : lagune en mer à marée, salicorniaies de hauts niveaux, prés-salés du haut schorre, végétation prairiale des hauts niveaux atteints par la marée, et prairies subhalophiles thermo-atlantiques. Une saulaie de densité variable est présente sur la marge Sud et dans quelques secteurs à l’Est, notamment dans le vallon d’alimentation de Kervern.

Le 1er janvier 2007, la plus grande partie du Marais de Pen Mané (64,41 ha) qui était auparavant dans le Domaine public maritime est devenu propriété de la Région Bretagne suite au transfert à celle-ci du périmètre du Port d’intérêt national. Le marais devrait sortir du Port d’intérêt régional et à nouveau faire l’objet d’un transfert définitif de propriété au bénéfice du Conservatoire de l’Espace Littoral avant 2011.

Site important pour les oiseaux, et suivi depuis de nombreuses années par les ornithologues, il y eut lancé en 1987 un projet de réserve naturelle ornithologique, qui ne sera pas réalisé jusqu’à présent. Un inventaire ornithologique pour la ZNIEFF par le Groupe Ornithologique Breton a été mené (source 62).

Faune remarquable - Avifaune : 165 espèces ont été identifiées sur le site (certaines étant uniquement de passage en traversée du marais, d’autre le fréquentant assidûment toute l’année ; il y a 55 espèces nicheuses) dont 33 espèces de l’annexe I de la directive « oiseaux » (le site n’est pas majeur pour toutes ces espèces). 23 espèces qualifiées d’espèces patrimoniales sont jugées importantes pour le site de Pen Mané (source DOCOB), 11 d’entre elles répondent aux nouveaux critères d’"espèces déterminantes" pour la ZNIEFF (liste 2a), il s’agit pour les oiseaux nicheurs du Phragmite des joncs, de la Locustelle luscinioïde, du Gorgebleue à miroir (en limite Ouest de son aire de reproduction), du Panure à moustaches, de la Bergeronnette printanière, et de la Fauvette pitchou, ainsi que de l’Échasse blanche et du Vanneau huppé, et pour les hivernants du Chevalier gambette et de l’Aigrette garzette ; enfin un petit passereau en danger à l’échelle mondiale réalise en migration post-nuptiale des haltes sur le marais pour se nourrir : le Phragmite aquatique. Pen Mané est l’un des 3 sites retenus dans le projet "Life-Nature" « Conservation du Phragmite aquatique en Bretagne » (2002-2008) coordonné et réalisé par Bretagne Vivante (avec l’Etang de Trunvel en Baie d’Audierne, et le Marais de Rosconnec sur l’Aulne maritime). Les actions prévues sont : améliorer la connaissance des haltes migratoires et du rôle de leurs habitats pour cette espèce, pérenniser la protection des sites, mettre en place une gestion adaptée des habitats, sensibiliser la population locale à ces actions de conservation, et diffuser l’expérience acquise en direction des gestionnaires.

Les effectifs hivernants du Grèbe castagneux en forte baisse depuis 2000 (source 62) et le Busard des roseaux nicheur trop irrégulier (source 63) ne leur permettent pas de rester déterminants.

Pour les autres espèces d’intérêt patrimonial évoquées, il convient encore de citer le Tadorne de Belon qui se reproduit régulièrement sur le site (4-5 couples) ; la Spatule blanche qui est un migrateur et un hivernant sur le site, mais en petit nombre ; le Gravelot à collier interrompu qui y réalise des passages migratoires réguliers, tout comme l’Avocette élégante et le Combattant varié. Enfin la Marouette ponctuée est probablement présente sur l’année dans le site et sa nidification reste possible (habitat favorable), etc.

Invertébrés : le marais semble riche en diversité d’insectes, il serait intéressant d’envisager des inventaires entomologistes. Une sauterelle déterminante, le Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula) a été signalée durant l’été 2008.

Flore remarquable : 419 taxons de plantes vasculaires figuraient dans la ZNIEFF de 1ère génération de Pen Mané (1987) où apparaissaient alors six plantes considérées comme déterminantes aujourd’hui, dont une seule a été récemment revue : la fougère des marais (Thelypteris palustris), les autres étaient : Asphodelus arrondeaui (assez commune dans les environs), Catabrosa aquatica (vue à Pen Mané vers 1985, à présent très rare dans le Morbihan, en raréfaction en France - source n° 66), Juncus pygmaeus (vu dans les années 1990 - source 58), Potamogeton pusillus (observation antérieure à 1950 ?), Zostera noltii (présente dans l’estuaire du Blavet). Une septième plante, l’orchidée déterminante Ophrys apifera a été également signalée dans le passé (récent ?).

L’étude de la flore et des habitats naturels, réalisée par C. Blond en 2005 dans le cadre du Programme Life « Phragmite aquatique » liste plus de 250 plantes vasculaires, dont cinq plantes vasculaires considérées comme très rares à peu communes (ou localisées) dans le Morbihan, respectivement : Calamagrostis epigejos, Orobanche picridis, Apium graveolens, Epipactis palustris, et Cladium mariscus.

Gestion : Plusieurs objectifs ont été fixés dans le DOCOB pour ce site, et prioritairement la gestion des niveaux d’eau, le maintien de zones de repos et d’alimentation pour les oiseaux, la lutte contre les espèces envahissantes et contre la fermeture du milieu, le suivi de la décharge, et une gestion régulière.

Des travaux hydrauliques sous la maîtrise d’ouvrage de l’association Bretagne Vivante se sont déroulés en 2007 (remplacement et pose de vannes, creusement d’un fossé périphérique dans le marais pour une meilleure gestion des niveaux d’eau). L’éradication des espèces végétales invasives nombreuses dans le marais a également débuté (baccharis, herbe de la pampa, renouée du japon, ...), avec de très bons résultats sur le baccharis en particulier suite à 3 années d’intervention et à la remise en eau. Des actions de coupe de saules, de fauche de roselière et d’entretien de la lande-fourré du remblai sont aussi prévues dans le DOCOB.

Des actions d’information sur cette gestion est aussi réalisée (pose de panneaux à l’entrée du site).

Comments on the delimitation

Le périmètre de la ZNIEFF est très peu modifié. Seules les limites de la zone humide au Sud-Ouest de Kervern ont été retouchées, elles prennent notamment en compte une partie méso-hygrophile d’une prairie permanente. Le dépôt de déchets verts situé sur le remblai est conservé dans la zone.