ZNIEFF 530030012
MARAIS DE MAGOAR - PENVERN - GUERNEVAN

(n° regional: 09000034)

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Cette nouvelle ZNIEFF de type I repère un peu tardivement les landes tourbeuses résiduelles, prairies oligotrophes et habitats de bas-marais acide qui ont subsisté dans deux vallons affluents de l’Ellé au Sud de Trégornan, depuis leurs inscriptions à l’Inventaire des tourbières de Bretagne ("Tourbière de Trégornan" - 1985). Cette zone est aujourd’hui en grande partie incluse dans le Site d’intérêt communautaire de la Rivière Ellé, dans sa partie amont (secteur costarmoricain des "Anciens marais de Plouray"). Et les zones humides bordant le cours inférieur du Ruisseau de Crazius au niveau des lieux-dits Penvern et Magoar sont depuis décembre 2008 un "Espace naturel remarquable de Bretagne" (statut de Réserve naturelle régionale).

Pour le vallon Ouest des tourbières de Trégornan, seule la partie amont à la hauteur de Guernevan est retenue dans la ZNIEFF, pour des îlots de landes humides environnés par du boisement naturel humide sur l’amont, ainsi qu’à la suite un ensemble d’environ 25 hectares de prairies humides possédant encore en leur sein plusieurs secteurs prairiaux plus oligotrophes à molinie et des stations, avérées ou potentielles, du papillon protégé et d’intérêt communautaire le Damier de la Succise. Plusieurs plantes menacées existent aussi dans ce vallon (fougère des montagnes, gaillet faible). Ces prairies semblent être malheureusement en déprise et l’enjeu du programme Natura 2000 à ce niveau serait de pouvoir les entretenir à nouveau, et éviter un boisement artificiel. Ce qui est arrivé dans les prairies et landes tourbeuses plus en aval et dont l’enrésinement trop avancé ne justifiait plus leur inscription en ZNIEFF.

Le vallon Est des tourbières de Trégornan est beaucoup plus humide car traversé par le gros ruisseau de Crazius, qui inonde régulièrement une partie du marais. Son environnement est plus varié : aux prairies naturelles et landes méso-hygrophiles en cours de boisement naturel sur l’amont de Cluzioudon, succède la zone plus marécageuse de Penvern, où derrière la phalaridaie du bord du ruisseau se tiennent des prairies humides diversifiée puis des parcelles composites globalement plus oligotrophes où se tiennent en mosaïque landes humides, moliniaies, prairies oligotrophes à jonc acutiflore et groupements plus humides de bas-marais, et à présent un réseau de mares acides diversifiées.

Plus en aval, passé un endroit plus artificialisé sous Guillorom (présence d’un étang mésotrophe d’agrément, et de parcelles agricoles), le marais de Magoar, rogné sur ses marges par des plantations de résineux, conserve encore plusieurs unités tourbeuses et de bas-marais de très grande qualité, porteuses des espèces végétales et animales de plus grande valeur patrimoniale.

Espèces remarquables :

Flore : présence de 3 espèces végétales protégées au plan national : la pilulaire (Pilularia globulifera) cette ptéridophyte pionnière du bord des eaux et landes humides a été vue en 2003 à l’étang de Guillorom ; sur les espaces de Penvern et Magoar sont présents le rossolis intermédiaire (Drosera intermedia), et le flûteau nageant (Luronium natans) fréquent dans les mares et le cours d’eau. Cette plante est également d’intérêt communautaire, comme la sphaigne de La Pylaie (Sphagnum pylaisii) qui possède dans ce site une belle station, à sauvegarder absolument compte tenu de sa forte régression dans l’ensemble des Marais de Plouray. Au moins 8 autres espèces végétales vasculaires menacées sont présentes dont la laîche blanchâtre (Carex curta), la canche sétacée (Deschampsia setacea), et la gentiane pneumonanthe.

Faune : elle est très bien prospectée pour les vertébrés et différents groupes d’invertébrés : présence en particulier de la Loutre d’Europe, résidente, et d’autres mustélidés déterminants, ainsi que du Campagnol amphibie et d’autres petits rongeurs : Rat des moisssons, Muscardin ; la Locustelle tachetée et l’Engoulevent d’Europe sont nicheurs ; signalement de la grenouille arboricole la Rainette verte dont la présence est assez exceptionnelle pour le Centre-Ouest-Bretagne ; et près de 30 espèces déterminantes d’arthropodes, dont le rare papillon protégé des landes humides l’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), un carabe très peu commun en Bretagne et qui s’y localise dans les landes humides : Carabus cancellatus ; et une douzaines d’araignées très peu recensées en Bretagne jusqu’alors (sur les 56 espèces répertoriées dans le site, source 61 - GRETIA / 2002).

La protection par acquisition foncière d’une partie du site de Magoar dès 1991, par la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage, s’est poursuivie en 2000, et s’est étendue en 2005 au site de Penvern, pour atteindre au total environ 33 hectares. L’Association de Mise en Valeur (AMV) de Lan Bern et Magoar est gestionnaire de cette propriété. Une convention d’usage et de gestion tripartite associe la Fondation, la Fédération Départementale des Chasseurs des Côtes d’Armor et l’AMV.

A partir de 2000, avec l’embauche d’un gestionnaire à temps plein et le lancement d’un premier Contrat-nature (2000-2004), des premiers inventaires et études de suivis de végétation (en relation avec des modifications hydrologiques programmés) ont été réalisés. Le plan de gestion de Magoar a été établi en 2001, le prochain plan dans le cadre de la Réserve naturelle régionale réunissant Magoar et Penvern est programmé pour 2009.

Des propriétés privées en d’autres points de la ZNIEFF sont contractualisées par la MAE Armor-Nature (outil d’entretien de zones naturelles du Conseil Général des Côtes d’Armor). Une convention tripartite (CG 22 - AMV - propriétaire privé) visant à la restauration des landes humides de l’amont du vallon Ouest est en projet.

Sur les terrains de la Fondation, la gestion a consisté en un déboisement et un broyage forestier de restauration de la zone humide, suivi d’une remise en pâturage par des bovins rustiques "Highland-Cattle" à partir de 2004. Des étrépages expérimentaux de landes, de la fauche avec exportation manuelle, et la création de mares ont été réalisés.

A travers le projet transnational européen LEADER + "accueil du public en milieu tourbeux" un circuit de découverte de 3,5 km a été réalisé dans la zone humide, il a impliqué la collaboration de plusieurs lycées agricoles (environ 200 étudiants) pour l’édification des ouvrages (150 m linéaires d’ouvrages expérimentaux en bois).

TRES IMPORTANT : pour rendre valide ce bordereau, joindre une carte au 25 000éme précisant vos propositions de délimitation avec à l’intérieur la justification des critères de délimitation (voir n°12) et localisation des espèces et habitats déterminants (voir n°11).

Comments on the delimitation

L’essentiel de la zone retenue est humide et possède en de nombreux points des habitats et/ou espèces déterminants pour la ZNIEFF, en plus ou moins grande densité. Les quelques secteurs artificialisés conservés (étang, culture) sont enclavés dans la zone, ou devraient évoluer favorablement et être utile à la gestion d’ensemble du site (pâtures).