Descriptif synthétique : zone humide complexe (source n° 56) située sur l’amont d’un ruisseau affluent en rive gauche du Goyen, et formée d'une zone d'eau libre ceinturée par des habitats amphibies oligotrophes et des milieux tourbeux ainsi que des landes et des prairies humides. L’ensemble atteint un niveau biologique d’intérêt régional. 43 hectares sont protégés par un arrêté préfectoral de protection de biotope depuis le 23 février 1995. Une zone tourbeuse diversifiée, proche, située sur l’amont en rive droite du ruisseau sur Mahalon, sous le village de Lescran, est à présent incluse dans la zone.
Milieux principaux : végétations de tourbières et de bas-marais acides, comportant en quelques points des unités basiclines (notamment une petite roselière à marisque et un faciès tourbeux à choin), étang d'eau douce, végétations amphibie des zones d'atterrissements et de ceintures d’étangs oligotrophes à mésotrophes, landes et prairies humides, saulaies, fourrés et ptéridaies ; des prairies humides à l’abandon évoluent vers la mégaphorbiaie autour du ruisseau d’alimentation, mais sont en voie de boisement naturel à long terme.
Espèces remarquables : - Flore : présence d’au moins 4 espèces végétales protégées au plan national : les rossolis à feuilles rondes et intermédiaire (Drosera rotundifolia et D. intermedia), le spiranthe d’été (Spiranthes aestivalis) vu jusqu’au début des années 2000 mais recherché en période favorable en 2011 et 2012 et non revu (prospections à poursuivre), et dans les secteurs amphibies de l’étang : la littorelle (Littorella uniflora). La mention du flûteau nageant (Luronium natans) dans la version précédente de la ZNIEFF devra être vérifiée, elle est possible mais non reprise dans les synthèses floristiques ni soutenue par les inventaires et travaux scientifiques antérieurs.
5 autres plantes vasculaires, figurant sur la liste rouge des espèces végétales rares et menacées du Massif armoricain, sont signalées dans le site, dont la canche sétacée (Deschampsia setacea) et le choin noirâtre (Schoenus nigricans). L’hottonie des marais observée une fois en 1996 n’a pas été revue après recherches ultérieures ; une plante indigène très rare dans le Finistère : la ludwigie (ou jussie) des marais (Ludwigia palustris) possède une belle station dans le site (source n° 65).
Présence de plusieurs muscinées de milieux tourbeux basiclines rares à très rares en Bretagne : la mousse Scorpidium scorpioides, et les sphaignes Sphagnum contortum et S. subsecundum. D’autres données bryologiques remarquables mais anciennes sont encore à rechercher dans ce site.
Faune : Insectes lépidoptères : l’étang de Poulguidou abrite une population de Damier de la succise (Euphydryas aurinia) papillon protégé et d’intérêt communautaire, dont les chenilles se nourrissent surtout ici de chèvrefeuille. Le papillon le Miroir (Heteromorphus morpheus) lié aux molinies des zones tourbeuses est aussi bien présent dans la zone.
Oiseaux : avertissement : une nouvelle synthèse ornithologique serait nécessaire pour ce site, beaucoup de données anciennes (années 1980) figurent dans la ZNIEFF, à cette époque plusieurs espèces d'oiseaux rares ou menacées en France nichaient sur le site dont le Grèbe castagneux, le Busard des roseaux, la Locustelle tachetée, le Phragmite des joncs, et la zone était une halte migratoire importante pour la Mouette pygmée au printemps. C’est toujours une intéressante zone d’hivernage, notamment pour le Héron garde-boeuf résidant également dans l’estuaire du Goyen.
Mammifères : la loutre y est présente, au moins occasionnellement.
Conditions actuelles de conservation : les modifications de la gestion hydraulique depuis deux décennies favorisent des niveaux d'eau élevés tout au long de l'année et sont défavorables aux groupements amphibies. L'abandon de la fauche et du pâturage sur une partie des landes et des prairies diminue la diversité floristique. Le secteur tourbeux principal fait par contre l’objet d’un pâturage équin, localement trop fort mais apparemment toujours favorable au maintien de plantes patrimoniales (sauf peut-être la plante la plus rare en Bretagne pour ce site: le spiranthe d’été ?).
Des unités de production intensive de porcs sont installées à proximité du site, l'épandage de lisier sur des parcelles contiguës à l'étang ne peut pas être favorable au maintien de l’oligotrophie de l’étang.
Les problèmes de pollution, d'eutrophisation et de fermeture des milieux et la conservation à long terme de cette zone humide devaient être pris en charge par un comité de gestion ou de sauvegarde de l’ensemble de la zone humide. Le seul arrêté de protection de biotope sur l’étang et son pourtour immédiat protège des destructions et dégradations physiques, mais ne permet pas de contrer des évolutions défavorables nécessitant des actions de gestion et mesures environnementales adaptées.
Liens écologiques ou fonctionnels avec d'autres ZNIEFF : zone contenue dans la ZNIEFF type II : « Rivière du Goyen et ses zones humides connexes ». Relations écologiques, notamment pour l'avifaune, avec l’Estuaire du Goyen et la Baie d'Audierne.