ZNIEFF 540120008
FALAISES ET COTEAUX ENTRE TALMONT ET SAINT-FORT-SUR-GIRONDE

(n° regional: 03540828)

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Vaste complexe de coteaux et falaises de calcaires crayeux (Crétacé supérieur) dominant l’estuaire de la Gironde entre Talmont et Saint-Fort-sur-Gironde, constitué des falaises vives du Caillaud et du Pilou, de la ligne de falaises mortes en amont de Barzan, entre Saint-Seurin et Mortagne, ainsi que l’ensemble des coteaux calcaires présents sur les petites vallées sèches entaillant le plateau et les falaises.
Le zonage englobe également les gîtes de reproduction de Grand et Petit Rhinolophes, Murin à oreilles échancrées de La Gravelle (Mortagne-sur-Gironde), correspondant à une ancienne cimenterie, ainsi qu’un ensemble de parcelles attenantes à l’interface entre les bâtiments en ruine et les coteaux, utilisés par les chiroptères en transit et en chasse. Ces parcelles sont principalement constituées de boisements alluviaux de frênes et de saules où se trouve également un étang dont le niveau d’eau fluctue fortement au cours de l’année.


INTERET BOTANIQUE ET PHYTOCEONOTIQUE :
Les falaises de calcaires crayeux, légèrement soumises aux embruns marins, abritent le Chou sauvage (Brassica oleracea subsp. oleracea, protégé régional), regroupant ici la très grande majorité de ses populations de la côté sud-atlantique française. Présence également du Vélar à fleurs dorées (Sisymbrium austriacum subsp. chrysanthum, PR), dans ses uniques stations du centre-ouest ainsi qu’un cortège d’espèces laté-méditerranéennes en disjonction d’aire ou en limite nord, liées aux zones écorchées xérophiles : Pallénis épineux (Pallenis spinosa, PR), Trigonelle sillonnée (Trigonella sulcata), Vipérine des Pyrénées (Echium asperrimum), Liseron rayé (Convolvulus lineatus, PR), Rouvet blanc (Osyris alba), etc.
Les fourrés sur corniche accueillent la Filaire intermédiaire (Phillyrea media, PR).
Les coteaux à pentes plus ou moins accusées permettent le développement de pelouses calcicoles xérophiles en continuité de celles des falaises, sur sols davantage développés. Présence de plusieurs espèces rares en disjonction de leurs aires de répartition méditerranéenne : unique localité (Combe de Jau, Combe d’Armel) de la façade ouest française pour l’Hysope blanchâtre (Hyssopus officinalis subsp. canescens, PR), en danger critique d’extinction ; Pâquerette pappuleuse (Bellis sylvestris, PR), ici en limite de son aire charentaise, Odontite de Jaubert (Odontites jaubertianus var. chrysanthus), endémique française, Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora), dont les populations de l’estuaire (notamment Moque-Souris, Font-Garnier, etc.), ont été très récemment décrites comme une nouvelle sous-espèce (O.fuciflora subsp. aestuariensis), etc. Les ourlets, favorisés par l’abandon des pratiques pastorales, accueillent la Dorycnie à cinq folioles (Lotus dorycnium) et l’Inule à feuilles de Spirées (Inula spiraeifolia).
Très forts enjeux phytocoenotiques avec la présence de plusieurs associations végétales décrites au moins en partie de l’estuaire et endémique de la Basse Saintonge.
- Pelouses des falaises de l’estuaire de la Gironde à Chou sauvage (Dactylido oceanicae-Brassicetum oleraceae)
- Pelouse xérophile sur craies marneuses à Catananche bleue et Fétuque marginée (Catanancho caerulae-Festucetum timbalii)
- Pelouse mésophile sur craies à Cardoncelle mou et Brome érigé (Carduncello mitissimi-Brometum erecti)
- Ourlet à Inule à feuilles de Spirée et Dorycnie à cinq folioles (Inulo spiraeifolia-Dorycnietum pentaphylli)


INTERETS FAUNISTIQUES :

Enjeu avifaunistique:
Les coteaux bordés de haies et bosquets abritent la Pie-grièche écorcheur.

Enjeu chiroptérologique:
Le site de La Gravelle (ancienne cimenterie) sur la commune de Mortagne-sur-Gironde abrite une colonie de reproduction de Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) ainsi qu’une colonie de de Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros). Ces colonies se trouvent toutes au sein des anciens bâtiments en ruine de l’ancienne cimenterie du site de La Gravelle, aujourd’hui exploitation agricole en agriculture biologique et camping à la ferme. Ces ensembles de bâtiments en ruine sont vastes, partiellement envahis par la végétation (frênes, lierre, etc.) et certains présentent des risques d’effondrement. D’après les comptages réalisés annuellement pour dénombrer les Grands rhinolophes et Murins à oreilles échancrées (au détecteur en sortie de gîte), il est très probable que d’autres espèces de chiroptères s’y reproduisent également sur d’autres secteurs de ces bâtiments à l’image des Petits rhinolophes, comme la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) ou la Sérotine commune (Eptesicus serotinus). La colonie de Grand rhinolophe de La Gravelle, avec près de 300 adultes, est une des trois plus importantes du département dont la plus importante se trouve à quelques kilomètres sur la commune de Saint-Bonnet-sur-Gironde et concernée par une ZNIEFF spécifique. La colonie de La Gravelle se trouve dans une partie de l’ancienne cimenterie qui sert de stockage aux propriétaires, sensibilisés à la protection des chiroptères et avec qui des travaux d’aménagement sont envisagés pour assurer la préservation à long terme de la colonie.

Enjeu entomologique:
Ces coteaux xérothermophiles abritent un riche cortège d'espèces des fourrés, prairies sèches et pelouses calcicoles :
- L'un des enjeux majeurs est la présence de deux localités de Polyommatus escheri (Azuré d'Escher), espèce rarissime dans le département, qui ne compte que 4 localités et dont la plante-hôte est l'Astragale de Montpellier;
- Le Criquet des grouettes (Omocestus petraeus) y trouve l'une de ses deux stations départementales (la seconde en plaine d'Aunis);
- Le Pholidoptère précoce (Pholidoptera femorata) atteint dans ce secteur sa limite de répartition septentrionale en France;
- La Decticelle frêle (Yersinella raymondi) y compte des populations abondantes;
- quelques localités abritent l'Empuse (Empusa pennata)
- deux espèces de cigales déterminantes (Cigalette de Petry, Cicadetta petryi et Cigalette argentée, Tettigettalna argentata) trouvent dans les sites de coteaux des lieux de reproduction importants;
- plusieurs localités de l'Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis), tandis que l'Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus) y est plus localisé et rare.
Présence d'autres espèces encore assez fréquentes comme le Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata) ou l'Azuré du serpolet (Phengaris arion).

Enjeu batrachologique:
Le Triton marbré (Triturus marmoratus) est présent sur un coteau à Talmont tandis que le Crapaud calamite (Epidalea calamita) se rencontre de façon ponctuelle sur quelques coteaux.

DIFFERENTES MENACES OBSERVEES:
- fermeture des pelouses (et dans une moindre mesure des ourlets) due à l’abandon des anciennes pratiques pastorales (pâturage) sur les coteaux, les végétations évoluant vers des stades d’ourlet puis de fourrés et de chênaie pubescente, impactant ainsi la richesse en espèces patrimoniales. Une remise en pâturage extensif y serait très favorable.
- par endroit, rognage par les cultures, cheminements, aménagements des zones en surplomb des falaises, réduisant les pelouses à de minces liserés en rebord de falaise, ou à des taches ponctuelles sur des escarpements inaccessibles (falaise du Caillaud notamment).

Comments on the delimitation

Très grande ZNIEFF regroupant plus de 45 entités de coteaux et falaises, dont la relative proximité, et dans une certaine mesure la continuité fonctionnelle et écologique (pour la faune notamment), justifie le rattachement à une seule et même ZNIEFF. Cette dernière regroupe les anciennes ZNIEFF de la Combe d'Armel, du Coteau de Moque-Souris, des Falaises de Saint-Seurin à Mortagne, de la falaise et carrière du Pilou, et de la falaise de la Roche.

L'amélioration des connaissances sur ces milieux durant les 20 dernières années a permis d'ajouter un ensemble très étendu de coteaux dont certains accueillent des enjeux au moins aussi élevés que les ZNIEFF historiques (ex : Tour de Beaumont, Peu Renoux, Combe de Jau). L'ensemble des entités inscrites en ZNIEFF possèdent au moins une espèce déterminante, la plupart en accueillant bien davantage.

Outre les fusions, les principaux compléments sont : 

- extension des coteaux de Moque-Souris sur une ligne d'exposition sud-est pour la continuité des enjeux, bien que certains secteurs soient en cours de fermeture accrue,

- coteaux en surplomb du marais des Monards (Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet),

- coteaux en surplomb du marais de Saint-Seurin,

- vallon de Font-Pâques (à cheval entre Chenac et Mortagne),

- coteaux de la Flotte (Boutenac-Touvent),

- coteaux surplombant les marais de Floirac,

- coteau de la Tour de Beaumont, qui constitue la limite sud de la ZNIEFF.

D'un point de vue floristique et phytoceonotique, en complement des enjeux exceptionnels cités plus hauts, ces ajouts concernent des coteaux de pentes et de degré de fermeture diverses, mais dont un cortège d'espèces déterminantes est quasi-constant et permet de les identifier : Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), Bugrane fluette (Ononis pusilla), Catananche bleue (Catananche caerulea), Cardoncelle mou (Carthamus mitissimus), Aster linosyris (Galatella linosyris), Lin raide (Linum strictum) et pour les zones les plus fermées : Inule à feuilles de Spirées (Inula spiraeifolia), Dorycnie à cinq folioles (Lotus dorycnium), etc.

D'un point de vue faunistique, les ajouts et extension permettent l'intégration de plusieurs stations d'espèces déterminantes, en particulier d'insectes, caractérisant le micro-climat stationnel des coteaux calcicoles de l'estuaire de la Gironde, à forte tonalité méditerranéenne.