ZNIEFF 730002964
Tourbière et lac de Lourdes

(n° regional: Z2PZ0026)

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Le site « tourbière et lac de Lourdes » est localisé à l’ouest de la ville de Lourdes, à une altitude comprise entre 424 et 442 m. Le climat est ici humide et assez doux, le site ayant un bon ensoleillement.

La géologie du site est fortement marquée par l’empreinte glaciaire. Les terrains les plus anciens sont des calcaires du Cénomanien moyen à supérieur (Secondaire : Crétacé supérieur), limités à la partie orientale du site. On trouve ensuite une basse terrasse inondable d’origine fluviatile, dans laquelle sont logés le lac et la tourbière, alors que la périphérie au nord, à l’ouest et au sud est encombrée de formations glaciaires, moraines attribuées à l’extension maximum du second stade glaciaire et localement organisées en cordons de blocs granitiques de grosse taille.

Lac et tourbière occupent une cuvette elliptique formée en partie par la dissolution du calcaire lors de la fonte d’un élément séparé du glacier du gave de Pau, et en partie par les cordons morainiques déposés par celui-ci. Il s’agit donc d’un lac glaciaire de basse altitude.

Les habitats déterminants actuels du lac sont des tapis flottants de Nénuphar jaune (Nuphar lutea) ou de Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), essentiellement localisés à la limite de la tourbière, ainsi que des tapis immergés de characées.

Les habitats de la tourbière sont principalement organisés à l’ouest du site en ceintures concentriques avec un pôle oligotrophe et acide au sud, et un pôle oligotrophe à tendance alcaline au nord.

L’aulnaie marécageuse ceinture la tourbière et s’avance à partir de l’ouest entre les deux types de tourbières. Elle est inondable et sert de zone de circulation périphérique des hautes eaux. À son contact se développent des massifs de Laîche paniculée (Carex paniculata), non déterminants.

Le complexe de tourbière acide comprend notamment :

- une tourbière haute s’élevant à 6 m au-dessus du niveau du lac, avec des buttes de sphaignes peu élevées (Sphagnum rubellum, Sphagnum majellanicum, Sphagnum papillosum, Sphagnum capillifolium, Sphagnum cuspidatum…) et plus ou moins discontinues, des chenaux à Ossifrage (Narthecium ossifragum), des stades dégradés ou matures majoritaires dominés par la Molinie bleue (Molinia caerulea), la Callune (Calluna vulgaris) ou la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) ;

- des chenaux ou gouilles à Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) et Potamot à feuilles de renouée (Potamogeton polygonifolius), tendant à former des tremblants, disposés plutôt à la périphérie de la tourbière haute, et plus caractéristiques de la tourbière de transition.

Le complexe de tourbière neutro-alcaline comprend quant à lui les ceintures de Marisque (Cladium mariscus) qui entourent et séparent les deux types de tourbières, de la prairie marécageuse à Molinie, dont certains éléments (le Cirse d'Angleterre - Cirsium dissectum ) lui donnent un caractère plutôt calcaire, la tourbière basse alcaline ou marais à Choin (Schoenus nigricans) au sein duquel des formes plus abouties peuvent recéler des taches d’Erica tetralix et des sphaignes, ainsi que des éléments très ponctuels de bas-marais alcalins à Laîche jaunâtre (Carex flava).

Ces deux derniers éléments semblent menacés depuis l’arrêt du pâturage et/ou des feux hivernaux par la dynamique progressive des marisques, des phragmitaies (Phragmites australis), de la Bourdaine (Frangula alnus) et de l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa).

Une petite tourbière isolée, de type acide dominant, occupe l’extrémité de l’appendice à l’ouest du site. On y retrouve certains des habitats déjà cités.

On notera, pour conclure sur ce point, que l’intérêt des habitats de la tourbière de Lourdes vient de la juxtaposition dans la zone humide d’un ensemble de marais neutro-alcalin et d’un complexe de tourbière acide formant un complexe tourbeux original occupant une superficie non négligeable de 16 ha environ.

Le site « tourbière et lac de Lourdes » présente un cortège assez complet d’espèces végétales principalement liées aux milieux tourbeux, avec notamment, sur la liste nationale des espèces protégées, les Rossolis à feuilles rondes et intermédiaire (Drosera rotundifolia et Drosera intermedia).

Sont aussi mentionnées des espèces bénéficiant d’une protection régionale comme le Marisque (Cladium mariscus), le Millepertuis des marais (Hypericum elodes), la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) et la Fougère des marais (Thelypteris palustris), ou départementale comme l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris) et le Nénuphar jaune (Nuphar lutea).

À ces dernières il faut ajouter les espèces floristiques figurant sur la liste rouge régionale telles que la Laîche jaunâtre (Carex flava), la Petite scutellaire (Scutellaria minor) et l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), ainsi que de nombreuses espèces déterminantes non encore citées. Parmi elles, citons la Laîche à petites fleurs (Carex parviflora), l’Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), l’Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), le Scirpe et l’Helleborine des marais (Eleocharis palustris ; Epipactis palustris), la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), le Myriophylle à feuilles alternes (Myriophyllum alternifolium), l’Osmonde royale (Osmunda regalis), la Sagine noueuse (Sagina nodosa), le Scirpe des lacs (Schoenoplectus lacustris), ou encore l’Ajonc nain (Ulex minor).

Certaines espèces à très forte valeur patrimoniale, signalées pour la plupart il y a plus d’un siècle, n’y ont plus été retrouvées. C’est le cas de l’Isoète des lacs (Isoetes lacustris), de la Littorelle à une fleur (Littorella uniflora), du Flûteau nageant (Luronium natans), du Lycopode inondé (Lycopodiella inundata), de la Marsilée à quatre feuilles (Marsilea quadrifolia) et de la Spiranthe d’été (Spiranthes aestivalis). L’Œillet superbe (Dianthus superbus), signalé de façon récurrente, semble absent des rives du lac et de la tourbière, et se limite au bassin versant.

Le peuplement de bryophytes est remarquable, notamment celui des sphaignes avec plus de 10 espèces recensées, dont Sphagnum molle, espèce rare et ici en limite d’aire.

20 espèces de champignons déterminantes ont été signalées, illustrant la diversité et la richesse des milieux présents.

Alors que le rôle ancien du lac comme étape dans la migration des anatidés semble avoir décliné, le site joue un rôle intéressant de halte migratoire ou de lieu d’hivernage pour d’autres espèces d’oiseaux, notamment le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et le Hibou des marais (Asio flammeus). Il sert en outre d’habitat de reproduction à d’autres espèces typiques mais non déterminantes comme la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis).

Le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) est bien représenté sur la tourbière acide.

Le peuplement de poissons du lac comprend un cortège original et déterminant avec, d’une part la Vandoise (Leuciscus leuciscus), assez peu commune en milieu lacustre (AMIDEV, 1993), et d’autre part le cortège des espèces phytophiles des milieux lentiques représenté par les Brochet (Esox lucius), Rotengle (Scardinius erythrophtalmus) et Tanche (Tinca tinca).

Parmi les insectes, on note 5 espèces déterminantes : 2 espèces d’odonates que sont l’Agrion gracieux ou exclamatif (Coenagrion pulchellum) et l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum), 1 espèce d’orthoptère, la Decticelle aquitaine (Zeuneriana abbreviata), et 2 espèces de papillons, le Miroir (Heteropteus morpheus), bien représenté sur les tourbières, et le Fadet des laîches (Coenonympha oedippus), espèce rare et protégée en France, appartenant à l’annexe II de la directive « Habitats ». Une population de ce lépidoptère a été retrouvée sur la tourbière en 1998, vingt-six ans après la dernière mention le concernant à Lourdes.

Le Fadet des Laîches constitue au niveau de la faune du site l’enjeu identifié le plus important.

Enfin, ce site présente un intérêt important du fait de son potentiel pour les études palynologiques, lié à l’importance des gisements de tourbe, les données de Jalut (1983) faisant remonter la base des gisements à plus de 35 000 ans BP.

En plus du rôle d’habitat d’espèces des milieux cités, le site s’insère dans un réseau de tourbières proches (Poueyferré, col d’Ech, Ossun...) qui favorise les échanges (oiseaux, insectes...) et participe au maintien, à l’échelle du piémont lourdais, des populations spécifiques de ces milieux originaux.

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Le périmètre du site comprend le lac et sa berge boisée, les unités tourbeuses et la zone d’écoulement temporaire qui les relie, zones de refuge pour des espèces de plantes et d’animaux relictuelles.