La zone décrite se situe sur les berges de la Garonne, au cœur même de Toulouse. L’hôtel-Dieu, situé en rive gauche du fleuve, est un bâtiment typiquement toulousain en briques roses avec une vaste façade en contact direct avec la Garonne. Le mur de briques, outre les cavités liées à l’altération physique du matériau, présente de nombreux trous de boulins utilisés pour la construction du bâtiment et qui servent aujourd’hui de secteurs de nidification et de refuge pour diverses espèces animales dont des oiseaux à tendance cavicole ou rupestre. De la façade part le dernier vestige du pont Vieux qui traversait autrefois la Garonne. L’ensemble du site est exposé à l’est, assurant un bon ensoleillement. Le Martinet pâle est une espèce rare à l’échelle nationale et majoritairement cantonnée au pourtour méditerranéen continental et à la Corse (qui héberge la majorité de l’effectif national). L’espèce niche en zone de falaise côtière et dans certains bâtiments, généralement à proximité de l’eau. De par les difficultés d’identification, l’espèce demeure encore mal connue, mais les cas de reproduction avérée hors zone de présence classique sont très rares. Ainsi, une petite colonie existe encore à Biarritz. La présence de l’espèce est connue à Toulouse depuis les années 1960. Ce noyau de population a fortement diminué depuis sa découverte, mais reste à présent stable (suivi systématique annuel). Le Martinet pâle trouve sur l’hôtel-Dieu un milieu de substitution lui offrant des conditions analogues à une zone de falaise avec une proximité immédiate de l’eau. La faible accessibilité à la façade (voie fluviale ou pile du pont Vieux) assure à la colonie une quiétude indispensable à la reproduction. L’espèce est migratrice, mais présente une période de reproduction donc de sensibilité plus longue que celle du Martinet noir. Ainsi, deux pontes peuvent être effectuées sur une même saison de reproduction qui s’étend alors jusqu’au mois d’octobre. En Midi-Pyrénées et plus généralement à l’échelle nationale, cette colonie est donc unique par son implantation urbaine. Entièrement protégée, l’espèce reste stable à l’échelle française ainsi qu’en Midi-Pyrénées, mais le manque de connaissances sur sa biologie et sa présence encore très localisée incite à la plus grande prudence pour assurer la protection de cette colonie. Quelques cas de nidifications sporadiques sur des secteurs périphériques incitent également à une vigilance quant à l’évolution de cette colonie. Sur le site même, un phénomène de compétition inter-spécifique avec le Pigeon biset peut exister pour l’occupation des cavités de nidification. Ce phénomène a été largement restreint avec la diminution des populations de pigeons et surtout grâce aux actions de réduction des cavités sur toute la partie basse du bâtiment. Comme tout site urbain, les menaces majeures viennent de la gestion du bâtiment (rénovation, entretien, etc.) et des dérangements potentiels occasionnés par les activités humaines. La préservation de cette colonie passe donc par le maintien de son inaccessibilité et la conservation du bâti. Les perspectives de développement éventuel de cette colonie donc l’extension de la zone de sensibilité sont également à prendre en compte.
La zone comprend l’ensemble de l’hôtel-Dieu avec plus particulièrement la façade du bâtiment donnant sur la Garonne. Il s’agit du cœur de la zone de nidification du Martinet pâle. La colonie occupe en majorité cette façade avec quelques sites de nidification plus ou moins réguliers en périphérie du site. Les limites englobent donc le bâti et ses abords immédiats nécessaires à la nidification de la colonie.