ZNIEFF 730010340
Plateau de Floressas, Combe de Lagard Basse, coteaux attenants et coteaux de Grézels

(n° regional: Z1PZ0378)

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Cette zone fait partie intégrante des downs, ou causses de collines. Elle se situe entre la vallée du Lot qui la borde au nord, et le Quercy blanc, au relief plus doux, qui vient en contact au sud et à l’est. Elle s’étend sur environ 1 115 ha pour une altitude moyenne de 187 m. La zone comprend un ensemble de combes sèches (combes de Lagard Basse, de Meüre, du Bulidou), un vallon (vallon du ruisseau de Combe Longue) et leurs coteaux attenants, essentiellement couverts de chênaie pubescente. Mais elle comprend aussi une portion de la vallée du Saint-Matré, riche en prairies à Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), ainsi qu’un grand secteur du plateau de Floressas, très intéressant sur le plan de l’avifaune liée aux agrosystèmes (pelouses sèches, prairies, vignes, bosquets).

Les habitats d’intérêt patrimonial les plus représentés sont constitués du Xerobromion du Quercy, à Leuzée conifère (Leuzea conifera), Scorsonère d’Espagne (Scorzonera hispanica), une espèce rare dans le Lot, et Globulaire commune (Globularia vulgaris). Certaines plantes, comme le Dorycnium hirsute (Dorycnium hirsutum) ou la Catananche bleue (Catananche caerulea), pénètrent souvent dans le Xerobromion, mais semblent préférer les pelouses marnicoles à fort contraste hydrique. Elles semblent atteindre ici, comme la globulaire précitée, la limite nord-ouest de leur répartition lotoise. Le Mesobromion du Quercy est également bien développé : on le rencontre aussi bien sur les sols les plus profonds des coteaux pentus que sur ceux anciennement cultivés du plateau. Sur ces derniers, il est largement dominé par le Brome érigé (Bromus erectus). Plusieurs espèces s’y rencontrent : le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), l’Ophrys d’Occident (Ophrys occidentalis = arachnitiformis), le Sérapias en soc (Serapias vomeracea) ou encore la Marguerite de la Saint-Michel (Aster amellus), une astéracée protégée au niveau national qui affectionne en particulier les pelouses mésophiles en déprise. Les rares prairies naturelles de la zone sont cantonnées en fond de vallée ou de combe. Certaines, soumises au régime de fauche, sont affiliées au Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis. Elles hébergent parfois des espèces intéressantes comme la Fritillaire pintade évoquée plus haut. Cette dernière espèce semble, dans le Lot, cantonnée aux prairies naturelles et bois humides du Quercy blanc et des downs du sud de la vallée du Lot.

Ces prairies accueillent aussi un cortège d’espèces d’insectes remarquables comme la Decticelle des friches (Pholidoptera femorata), le Barbitiste des Pyrénées (Isophya pyrenea), le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) ou encore la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa). On peut néanmoins rencontrer chacune de ces espèces dans des secteurs nettement plus chauds et secs (Mesobromion, haies...). Le Damier de la succise, quant à lui, peut même se rencontrer sur des pelouses xéroclines : ce papillon protégé possède, en effet, deux populations distinctes dont les chenilles se nourrissent soit, en prairie, de Knautie des champs (Knautia arvensis) ou de Succise des prés (Succisa pratensis), soit, en pelouse sèche, de Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria) ou même de Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca). Un autre papillon est bien présent sur la zone : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), dont la chenille se nourrit, jeune, de boutons floraux de Marjolaine (Origanum vulgare), puis du couvain d’une fourmi rouge (Myrmica sabuleti) qu’elle parasite. Le Grillon bordelais (Eumodicogryllus bordigalensis) affectionne les zones cultivées, tandis que l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica), autrement plus rare dans le Lot, est inféodée aux pelouses sèches rases et autres zones pierreuses. Le site héberge aussi une population parthénogénétique du Phasme gaulois (Clonopsis gallica), dont adultes et larves se nourrissent du feuillage de divers ligneux et en particulier de ronces. Une des rares stations de Méconème scutigère (Cyrtaspis scutata) est également à signaler sur cette zone : cette sauterelle arboricole semble nettement méconnue dans la région, probablement du fait de ses mœurs discrètes, de la faiblesse de son chant et de sa phénologie tardive. Les adultes n’apparaissent, en effet, qu’en fin d’été, et traversent ainsi la période hivernale. Les mares et réservoirs d’eau de la zone hébergent diverses larves d’amphibiens dont le Triton marbré (Triturus marmoratus), le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) et la Rainette méridionale (Hyla meridionalis). Les quelques cours d’eau qui traversent ou bordent la zone (Lot, Saint-Matré, ruisseau de Combe Longue) accueillent quelques odonates remarquables : Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii) et Gomphe à crochets (Onychogomphus uncatus), qui n’hésitent pas à venir chasser sur les pelouses et landes alentour. En amont du ruisseau de Combe Longue, plusieurs petites barres tufeuses, du Cratoneurion, sont à signaler. Les boisements du secteur possèdent eux aussi un intérêt indéniable : on y rencontre le Millet verdâtre (Piptatherum virescens), une graminée rare et protégée, ainsi que la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), tout aussi rare dans le département. C’est aussi en milieu forestier que se reproduit le Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace ophiophage (prédateur de serpents) a besoin de zones boisées calmes et éloignées de toute perturbation humaine pour mener à bien l’élevage de son unique jeune, avant de repartir en Afrique subsaharienne. Le plateau de Floressas accueille quant à lui plusieurs espèces d’oiseaux liés aux milieux ouverts et bocagers : Tourterelle des bois, Torcol fourmilier, Chevêche d’Athéna, Petit-Duc scops, Huppe fasciée, Alouette lulu, Pie-grièche écorcheur, Pie-grièche à tête rousse. Plusieurs de ces espèces accusent, au cours des deux dernières décennies, un déclin assez net. Il en est de même du Bruant ortolan et, dans une moindre mesure, du Pipit rousseline, qui sont devenus fort rares sur cette zone. D’autres oiseaux, comme le Busard Saint-Martin ou l’Œdicnème criard, ont été observés de temps à autre sur ce plateau, sans qu’aucun indice de nidification certaine ait pu être relevé. Le Moineau soulcie fait aussi partie de ce cortège, et il se reproduit régulièrement, en petite colonie, dans certains bâtiments d’un hameau attenant au village de Floressas. Citons également la présence de la Fauvette passerinette qui affectionne particulièrement les landes à genévriers situés dans la partie nord-ouest de la zone.

Plusieurs menaces pèsent sur la biodiversité de ce secteur. Les prairies à Fritillaire pintade, comme certaines pelouses à Sérapias en soc, risquent un jour ou l’autre d’être remises en culture. Les boisements qui accueillent le Circaète Jean-le-Blanc ou le Millet verdâtre sont également susceptibles d’être exploités : une attention toute particulière devra alors être portée à la préservation de ces espèces. Enfin, comme en de nombreux endroits du Lot, les milieux ouverts, pelouses sèches et landes calcicoles, ont tendance à se boiser sous l’effet de la déprise pastorale. Les troupeaux ovins, caprins, équins et même bovins, qui étaient présents sur la zone il y a trente ans, se sont considérablement réduits, quand ils n’ont pas tout simplement disparu.

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La zone est essentiellement centrée sur des secteurs boisés qui hébergent un couple (voire deux) de Circaète Jean-le-Blanc. La zone inclut aussi des pelouses sèches essentiellement établies sur les coteaux arides et ensoleillés qui bordent les combes et vallons du secteur. Elle est délimitée au nord par la vallée du Lot et son cortège de milieux nettement plus anthropisés (habitations, grande vallée cultivée). Sur les coteaux, au sud comme à l’est et à l’ouest, les limites évitent les secteurs anthropisés, notamment les fermes, hameaux et zones cultivées. Cependant, une portion non négligeable du plateau de Floressas, riche en oiseaux liés aux agrosystèmes, est incluse dans le zonage.