La forêt domaniale d’Agre, principalement constituée d’essences feuillues, se trouve entre la Garonne et le Tarn, à l’ouest de l’agglomération de Montech, à moins de 8 km à l’est de Montauban. Elle est située sur les terrasses du Tarn et de la Garonne, successivement installée, du sud vers le nord, sur les alluvions anciennes des terrasses moyennes puis des basses terrasses, avec une transition d’alluvions anciennes éboulées. Ce massif forestier subit une influence atlantique modérée, ses pentes sont légèrement orientées au nord-est.
La voie de chemin de fer reliant Toulouse à Paris la traverse dans sa partie méridionale. Elle est aussi occupée à l’est de sa partie médiane par un champ de tir et par une structure de loisirs dans la partie nord au niveau de la maison forestière centrale.
À ce jour, une vingtaine d’espèces et 2 habitats déterminants ont été recensés sur le périmètre de cette forêt. Des prospections complémentaires ciblées permettraient certainement d’augmenter cette liste.
D’un point de vue général, l’alternance de divers stades forestiers et de zones agricoles et en voie de fermeture à sa périphérie rend cette ZNIEFF bien diversifiée. Le site héberge deux habitats déterminants en milieu aquatique : un groupement de petits potamots et des phragmitaies inondées, ces dernières étant relativement rares en Midi-Pyrénées.
Le site héberge 6 espèces de flore déterminantes dont 5 sont liées aux zones humides. Parmi ces dernières, le Jonc fleuri (Butomus umbellatus) est inscrit sur la liste des plantes protégées au niveau régional. D’autres plantes déterminantes de milieu humide sont également connues : le Sceau de Salomon multiflore (Polygonatum multiflorum), le Potamot fluet (Potamogeton pusillus), l’Épiaire des marais (Stachys palustris), la Véronique à écussons (Veronica scutellata). L’Aubépine à deux styles (Crataegus laevigata), non déterminante bien que rare en plaine,est également présente sur le site.
L’intérêt avifaunistique réside en la présence de 3 espèces de rapaces déterminants protégées au niveau national dont 2 sont visées par l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux », telles que le Busard Saint-Martin.
La présence du Busard Saint-Martin reste conditionnée à celle de zones ouvertes à l’intérieur ou à proximité du massif forestier principal, comme les zones de coupe, de régénération ou friches de cultures. Le statut de cette espèce reste relativement précaire, car lié au devenir des zones de friches et landes (souvent en voie de fermeture) et aux pratiques agricoles (il peut également nicher en zone de grandes cultures). L’Autour des palombes est une espèce discrète liée aux grands massifs forestiers, nicheuse rare au niveau national, peu répandue dans le département compte tenu de l’absence de grands massifs forestiers.
Ces 3 espèces nichent dans les zones les moins accessibles aux loisirs, mais la surfréquentation ou une fréquentation incontrôlée pourraient induire un dérangement. Il paraît essentiel de maintenir une mosaïque de milieux (multiplication des lisières, conservation de clairières) et la quiétude autour des aires pendant les périodes de nidification, et de conserver des arbres vieux et hauts et ceux abritant les aires.
L’Aigle botté, très rare au niveau national et peu répandu dans le Tarn-et-Garonne, trouve ici des conditions favorables : grande forêt de plaine avec zones ouvertes, clairières et friches. Ce site présente un intérêt notable pour cet aigle, car son statut départemental est encore mal défini, et la forêt de Montech est un des rares sites de nidification connus. L’espèce est en l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux ».
Les espèces déterminantes d’amphibiens concentrent le cortège presque complet avec 6 espèces, toutes protégées au niveau national et toutes visées par l’annexe IV de la directive européenne « Habitats » à l’exception de la Salamandre tachetée.
Cette forêt et les milieux humides qui lui sont associés présentent un fort intérêt départemental, en particulier pour le Triton marbré (rare en plaine), le Grenouille agile et la Salamandre tachetée (fortes populations). Les nombreux points d’eau (mares, ornières, fossés, étangs) présentent des caractères variés (surface, profondeur, pente, végétation) répondant aux exigences écologiques de toutes les espèces présentes, et sont donc favorables au bon déroulement de leur cycle de vie annuel.
Pour les amphibiens liés aux zones ouvertes (cas du Crapaud calamite), la forêt domaniale d’Agre constitue également une importante zone d’hivernage, l’espèce étant bien répandue dans les cultures alentour.
Il convient de conserver tous les points d’eau, d’en créer de nouveaux, et d’éclaircir les abords pour limiter le comblement et favoriser l’ensoleillement. Le curage ou le nettoyage des points d’eau, s’ils ont lieu, doivent avoir lieu en dehors de la période de reproduction. Il faut également veiller à restaurer la connectivité fonctionnelle du site qui semble déjà altérée (grandes voies de circulation et forte mortalité sur les chemins).
Également, un cortège de 9 espèces de coléoptères vivant dans le bois mort (« saproxyliques ») a pu être déterminé, ce qui complète l’intérêt faunistique de cette ZNIEFF : Callimellum abdominalis, Cetonischema aeruginosa, Colobicus marginatus, Oxylaemus cylindricus, Pedostrangalia revestita, Prionus coriarius, Pseudosphegestes cinereus, Ropalopus femoratus, Strangalia attenuata.
C’est une entité paysagère forte, car cette forêt est la plus grande forêt domaniale du Tarn-et-Garonne ; elle possède un attrait en tant que « zone verte » pour les citadins de la préfecture voisine et les habitants de la ville de Montech qui a connu, ces dernières années, une forte augmentation de sa population. D’un point de vue pédagogique, cette forêt est donc également intéressante
La délimitation de cette pré-ZNIEFF se fixe sur les limites naturelles de la forêt domaniale d’Agre ou les infrastructures (routes, canal) adjacentes. Le bois de la Boutanelle est intégré.
Elle est en grande partie délimitée par les limites des principales parcelles forestières. Ces limites sont également matérialisées par certaines infrastructures de circulation. Ainsi, elle s’arrête à l’ouest aux limites communales de Montech avec Lacourt-Saint-Pierre puis Bressols, et bute également contre l’autoroute A62 qui la coupe en partie dans la partie nord. Dans sa partie est, elle arrive au bord du canal latéral à la Garonne et au bord du canal de Montech. Entre ces deux canaux, elle se contente des limites de ses propres parcelles.
Au sud, le tracé va au-delà des limites de la forêt domaniale et englobe des parcelles en friche et des cultures en transition avec la zone urbanisée de Montbartier.
Ce tracé prend en compte les habitats déterminants du massif et les zones vitales des espèces déterminantes.