ZNIEFF 730010591
Pelouses marno-calcaires du plateau de Belfort-de-Quercy et Labastide-de-Penne

(n° régional : Z1PZ0091)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF se situe dans le Quercy blanc, frange intermédiaire entre le causse du Quercy et le bassin garonnais. La ZNIEFF concerne la portion terminale d’un plateau qui comprend deux parties bien distinctes : au nord, il s’agit d’un plan incliné en pente sud constitué de calcaires du jurassique supérieur ; au sud, il est constitué de calcaires lacustres et de marnes du tertiaire, qui lui apportent un modelé bien différent. En effet, cette partie-là, la plus étendue de la ZNIEFF, termine le plateau en saillie sur la plaine comme "une main aux doigts écartés". Son dôme présente une surface tourmentée dont les multiples ravinements ont dessiné à différentes échelles des vallons, des monticules, des crêtes, favorisant la multiplicité des habitats. Le chevelu hydrographique y est toujours actif, mais l’intermittence prononcée des suintements vers le sommet favorise la succession dans le temps d’une flore de milieux très secs à humides. La ZNIEFF est d’ailleurs le "château d’eau" local, puisque de nombreux cours d’eau prennent naissance à sa périphérie.

A cela, il faut ajouter une épizone totalement différente, concernant une partie du lit mineur et majeur du ruisseau du Candé. La partie nord est la seule couverte d’un boisement d’un seul tenant de chênes pubescents. Ailleurs, il s’agit plutôt de lanières boisées éparpillées sur les versants. Dans l’ensemble, un agrosystème en mosaique tire parti des moindres parcelles planes consacrées à des cultures variées, vergers et surtout prairies de fauche et pelouses pâturées ; le reste, dont la topographie ou la nature du sol empêche toute exploitation, offre un riche panel de milieux tout aussi variés.

De nombreux habitats déterminants, dont les superficies sont difficiles à quantifier tellement ils sont intriqués, font la richesse de cette ZNIEFF. Majoritairement, ils caractérisent des milieux ouverts allant du sol nu à la fruticée. Ces milieux entretenus par une agriculture modérée ou par des causes naturelles deviennent précieux, car ils concentrent quantités d’espèces déterminantes de flore et de faune. Dans le Tarn-et-Garonne, c’est une des rares zones à être dans ce cas. Pour énumérer quelques habitats déterminants, citons les pelouses sèches du Mesobromion et du Xerobromion du Quercy, les communautés annuelles calciphiles de l’ouest méditerranéen, les prairies de fauche atlantiques, les lisières xérothermiques, les fruticées rocailleuses, les fruticées à buis, les fruticées à genévriers et pour le Candé, les prairies humides atlantiques et subatlantiques.

Le grand nombre d’espèces déterminantes de flore soulignent l’intérêt majeur de cette ZNIEFF. Trois espèces sont inscrites en protection nationale annexe I ; trois sont sur la liste rouge des espèces menacées de la région Midi-Pyrénées. Les pelouses sèches qui parsèment le site comptent six espèces déterminantes : la sabline des chaumes (Arenaria controversa), espèce annuelle des tonsures, endémique de l’Ouest français, particulièrement bien représentée dans ce secteur du département et ce celui du Lot voisin, où les secteurs favorables à son développement sont nombreux ; L’ Épipactis rouge sombre (Epipactis atrorubens), orchidée très rare dans le Tarn-et-Garonne, lié à des pelouses plus ou moins marnicoles et à faibles effectifs (quelques individus) ; le Gaillet luisant (Galium lucidum), espèce thermophile connue dans un seul autre site du département ; la Globulaire commune (Globularia vulgaris), le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus) et le Genêt d’Espagne (Genista hispanica subsp. hispanica), dont le sud du Lot et l’extrémité nord du Tarn-et-Garonne constituent un foyer important et isolé, en disjonction plus ou moins importante avec le reste des populations régionales.

Les secteurs de coteaux marneux hébergent quant à eux des espèces originales, inféodées aux petites dépressions temporairement humides, comme l’Orchis élevé (Dactylorhiza elata), qui compte une dizaine de populations dans la ZNIEFF mais à effectifs faibles, et l’Epipactis des marais (Epipactis palustris), présent dans une seule station.

Plusieurs espèces messicoles d’un grand intérêt sont présentes dans les milieux agricoles bénéficiant encore de pratiques peu intensives, telles que le Buplèvre à feuilles rondes (Bupleurum rotundifolium), la Dauphinelle de Bresse (Delphinium verdunense) et la Nigelle d’Espagne (Nigella hispanica var. hispanica). Ces deux dernières, à floraison tardi-estivale, sont particulièrement sensibles à un travail du sol intervenant trop rapidement après la moisson.Enfin, la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), est liée aux prairies humides bordant le Candé.

Une diversité intéressante est également présente en ce qui concerne la faune. Chez les oiseaux, les milieux ouverts et bocagers sont occupés par l’emblématique Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) ainsi que par un cortège nicheur typique de ces milieux, composé notamment du Torcol fourmilier (Jynx torquilla). Ils sont rejoints en hiver par d’autres espèces intéressantes comme le Pipit farlouse (Anthus pratensis), le Milan royal (Milvus milvus) ou le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus).
Les pelouses sèches constituent des habitats particulièrement intéressants pour la faune. On y retrouve le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce discrète malgré sa taille. Ce lézard d’affinité méditerranéenne est protégé et menacé de disparition à l’échelle nationale. Ces milieux sont particulièrement favorables à l’entomofaune et notamment aux lépidoptères et aux orthoptères. Plusieurs espèces patrimoniales sont présentes sur ces pelouses du mésobromion et du xérobromion : Nacré de la filiependule (Brenthis hecate), Grande Coronide (Satyrus ferula), Arcyptère bariolée (Arcyptera fusca), trois espèces menacées de disparition en Occitanie, mais également le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi), le Faune (Hipparchia statilinus) ou le Mercure (Arethusana arethusa). Sur les prairies plus mésophiles, où peut être entendu le Grillon noirâtre (Melanogryllus desertus), vole le Damier de la succise (Euphydryas aurinia), papillon protégé au niveau national. Autre espèce protégée, le Cuivré des marais (Lycaena dispar) occupe quant à lui les prairies hygrophiles riveraines aux ruisseaux en compagnie du Tétrix caucasien (Tetrix bolivari).
Les quelques mares et étangs présents sur la ZNIEFF accueillent un cortège assez diversifié en amphibiens avec notamment l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Triton marbré (Triturus marmoratus), deux espèces menacées de disparition à l’échelle de Midi-Pyrénées. Toutes ces espèces sont protégées au niveau national. Les habitats aquatiques accueillent également une grande diversité en odonates avec plus d’une trentaine d’espèces. La majorité des espèces se retrouvent sur les mares et les étangs. Citons notamment le Leste sauvage (Lestes barbarus) et le Leste verdoyant (Lestes virens), deux espèces occupant des mares, parfois temporaires, et peu communes dans la région, en particulier dans le Quercy Blanc. Les petits cours d’eau accueillent quelques espèces supplémentaires telles que la Cordulie métallique (Somatochlora metallica) ou le Gomphe à crochets (Onychogomphus uncatus). L’Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est également présente sur un des ruisseaux du site.

La ZNIEFF intègre un site Natura 2000 au titre de la Directive Habitats (FR7300919, Serres de Labastide-de-Penne et de Belfort-du-Quercy) et est en partie située sur le territoire du Parc naturel régional des causses du Quercy. Plusieurs parcelles sont également conventionnées avec le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie à des fins de gestion conservatoire.

Commentaires sur la délimitation

Les limites intègrent trois ensembles différents. Le premier, le plus étendu, est un plateau marno-calcaire peu boisé faisant saillie sur la plaine : les limites suivent ses versants digités. Au nord, ce plateau est plus franchement boisé ; les limites dans ce deuxième ensemble prennent en compte uniquement la partie boisée du versant sud. Enfin, au sud-ouest, une ramification intègre une portion de vallon du ruisseau du Cande.