Au cœur du territoire des sables fauves du bas Armagnac et dans le bassin versant de l’Izaute, ce site d’une superficie notable est constitué de quatorze étangs connectés les uns aux autres, dont six datent au moins du XVIIIe siècle puisqu’ils sont présents sur les cartes de Belleyme ou de Cassini.
Le paysage environnant est essentiellement constitué de bois mixtes et de parcelles agricoles exploitées en grandes cultures. Le Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) est assez présent dans ces boisements mixtes sur sables acides, dont le sous-bois est souvent constitué de landes atlantiques sèches ou humides, à Ajonc nain (Ulex minor, non déterminant) et Bruyères ciliée et à quatre angles (Erica ciliaris et E. tetralix). Les bois qui bordent les ruisseaux adducteurs ainsi que les boisements alluviaux situés en queues d’étangs permettent de préserver la qualité de l’eau notamment. En effet, ils jouent un rôle tampon vis-à-vis des arrivées d’intrants et de matières en suspension dans le ruisseau adducteur, limitant ainsi le comblement rapide des étangs.
En ce qui concerne les relevés floristiques, un cortège très complet d’espèces liées aux zones de marnage a été observé dont l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), la Véronique scutellaire (Veronica scutellata), le Mouron délicat (Anagallis tenella), toutes trois protégées dans le Gers, et la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica), protégée régionalement. L’un des six anciens étangs a la digue crevée depuis plusieurs années, et constitue aujourd’hui une zone humide intéressante au niveau floristique.
Ces étangs de tailles diverses représentent à la fois des lieux d’activité, d’hivernage et de reproduction de la Cistude d’Europe dont la densité de population observée est relativement importante. Les queues d’étangs entourées de bois ainsi que les mares forestières sont favorables à la ponte des salamandres et des grenouilles agiles, et elles constituent des zones de quiétude favorables à la nidification de l’avifaune, ainsi qu’à l’hivernage et à l’activité des cistudes. La proximité de zones herbagères est favorable au développement des cistudes en tant que zones privilégiées pour la ponte : les jachères et les prairies situées en aval de digue et en bordure des étangs sont en effet des sites potentiels de ponte. Il faut noter que ce site a fait l’objet d’une étude de la biologie et du comportement de la Cistude par l’AREMIP suite à trois années d’observations notamment par télémétrie (PARDE & coll., 1999).
Un inventaire relatif à l’entomofaune serait intéressant notamment au niveau des libellules et des espèces liées au bocage ancien car, à ce jour, seuls le Phasme de France (Clonopsis gallica gallica) et le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) ont été signalés (données non déterminantes).
Ces étangs sont complémentaires : certains sont utilisés pour la pisciculture, d’autres pour l’irrigation, parfois pour les deux ; d’autres encore n’ont pas d’usage particulier, mais leur rôle fonctionnel est indéniable sur le plan hydraulique et vis-à-vis des différentes espèces.
Au niveau des mammifères, le Putois a été observé sur ce site qui offre aux mustélidés un habitat très diversifié, favorable en particulier au Vison d’Europe dont la présence est fortement pressentie. Les chauves-souris mériteraient également d’être prospectées dans ce site très boisé.
Le Ragondin et l’Écrevisse de Louisiane sont omniprésents sur le site. Des impacts sur les berges, les digues et la végétation flottante ont été constatés. L’irrigation intensive entraîne la disparition des ceintures de végétation. Bien que 60 % de l’occupation du sol soit en bois, jachère ou prairie, on observe une accumulation de limons liée aux pratiques agricoles du bassin versant. L’introduction de poissons carnassiers provoque la destruction directe des populations d’amphibiens.
Ces modifications mettent en péril l’état de conservation des étangs et leur rôle d’habitat d’espèces patrimoniales.
Les limites englobent les étangs et les boisements du bassin versant situés en amont, le long des ruisseaux adducteurs qui jouent un rôle de corridors écologiques notamment pour le déplacement et l’hivernage des cistudes. De plus, il s’agit d’un habitat favorable à la Grenouille agile et à la Salamandre. Les jachères enherbées et les prairies situées y sont incluses en tant que zones privilégiées pour la ponte des cistudes.