ZNIEFF 730011031
Rivière de la Cère et ruisseau d'Orgues

(n° regional: Z1PZ0274)

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La Cère, affluent en rive gauche de la Dordogne, présente sur ce secteur des pentes très escarpées, sauvages et entièrement boisées d’essences très variées. Au fond de la vallée, au bord de la Cère, des formations végétales très riches en espèces rappellent les mégaphorbiaies. Les voies de communication sont très rares. Seule une ligne de chemin de fer longe la rivière ; un chemin de service EDF et une route l’enjambent pour atteindre la gare de Lamativie.

La très grande richesse écologique de ces gorges repose sur la qualité des milieux et la diversité de la faune et de la flore. Cette dernière présente un caractère montagnard bien marqué malgré une altitude relativement faible. De plus, les sols très diversifiés permettent la juxtaposition d’espèces recherchant des substrats neutrophiles avec des plantes préférant un substrat plus acide. La quiétude de ces gorges permet à différentes espèces exigeant de grands territoires vitaux de trouver des conditions idéales pour se développer : c’est le cas du Circaète Jean-le-Blanc ou de la Loutre. Par ailleurs, la multitude de micro-habitats autorise l’accueil d’une faune aux territoires plus réduits : nombreuses espèces de chauves-souris (Grand et Petit Rhinolophes, Grand Murin, Barbastelle d’Europe, Vespertilion de Bechstein, Vespère de Savi) et d’insectes dont le carabe d’Espagne, espèce endémique du sud du Massif central. Cependant, l’âge de ces boisements dans les gorges n’excède guère un siècle en raison de l’utilisation du bois pour les ateliers de verrerie puis pour la tonnellerie. Quelques landes à bruyères attestent encore de leur omniprésence au début du XXe siècle. Le vieillissement de ces boisements constitue un enjeu majeur pour nombre d’espèces (vertébrés et invertébrés) qui se reproduisent dans ces gorges. La Cère, malgré la présence de barrages hydroélectriques en amont et en aval, offre des frayères à Truite. La coléoptérofaune diversifiée traduit la présence de multiples micro-habitats liés au bois mort sur le site. On retrouve 2 espèces d’anthribides (Dissoleucas niveirostris et Antrhibus albinus) dont les larves se développent dans les branches mortes des feuillus. Le taupin Denticollis rubens se développe dans le bois décomposé des souches de hêtres et de frênes. La présence de vieux hêtres constitue un enjeu important pour les espèces saproxyliques du site. Les larves du longicorne (Aredolpona scutellata) se développent dans le bois mort des gros hêtres. Elle peut y être prédatée par le taupin Stenagostus rhombeus dont la larve remonte les galeries creusées par les longicornes pour les dévorer. Le cléride Opilo mollis prédate les larves responsables de la décomposition du bois carié. Le trogossitide Thymalus limbatus est mycétophage : il consomme les carpophores des champignons lignicoles, bien présents sur les vieux hêtres encore vivants ou morts. Ce bois mort est favorable à 2 espèces d’eucnémides peu répandues : Dirhagus pygmaeus et lepidus. La présence de cavités capables d’accueillir le taupin Brachygonus mergerlei traduit la maturité des micro-habitats présents sur les vieux hêtres du site. Cette espèce se développe dans le terreau des vieilles cavités ensoleillées. Les larves s’y nourrissent des larves de cétoines et d’autres taupins. Ce type de cavité est l’un des micro-habitats liés au bois mort le plus évolué, ce qui explique qu’il ait disparu de la plupart des milieux forestiers exploités. Un longicorne remarquable associé aux vieux saules est également présent. Aptère, ses capacités de dispersion sont limitées. Sa présence traduit donc une certaine intégrité du peuplement alluvial.

Ainsi, les gorges de la Cère sont un carrefour écologique et biogéographique important aux frontières de trois régions : le Limousin, l’Auvergne et Midi-Pyrénées.

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De par son orientation est-ouest, son caractère isolé, l’absence de voies de navigation routière, et son faciès en gorges, cette partie de la vallée de la Cère constitue une mosaïque d’habitats et de biocénoses remarquable. Le ruisseau d’Orgues, affluent de la Cère, y est inclus.