La ZNIEFF dite de « pech Hiver, bois de la Cayrousse et pech de Triou » s’étend sur près de 1 900 ha à une altitude moyenne de 590 m. Le substrat correspond à des terrains sédimentaires majoritairement calcaires (jurassique moyen) qui caractérisent le plateau karstique du causse Comtal. Ainsi, la composante paysagère se résume à des pelouses calcicoles steppiques, des zones de cultures bocagères et des landes à Genévrier et Buis.
Les habitats déterminants majoritaires sont représentés par les pelouses sèches de types variés. Les zones dénudées sont favorables à l’installation de plantes annuelles qui forment un habitat rare et prioritaire selon la directive « Habitats ». Une espèce patrimoniale les caractérise : la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), espèce protégée au niveau national qui peut voir ses populations fluctuer d’une année sur l’autre. Des pelouses très sèches (Xerobromion) se développent sur des sols squelettiques ou très caillouteux. Elles représentent l’habitat dominant des zones ouvertes thermophiles. Bon nombre d’espèces remarquables peuvent y être observées comme l’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), localisée aux montagnes du Midi, l’Hysope blanchâtre (Hyssopus officinalis subsp. canescens), connue du quart sud-est de la France, en limite de répartition en Aveyron, l’Orchis punaise (Orchis coriophora subsp. coriophora), une des rares orchidées protégées au niveau national, ou encore la Pulsatille rouge (Pulsatilla rubra subsp. rubra var. serotina), cantonnée à trois départements proches dont l’Aveyron et protégée au niveau régional. Des pelouses plus mésophiles (Mesobromion) existent dans les différentes dépressions (combes et dolines) qu’offre le causse, avec là encore une flore caractéristique et parfois protégée. On peut citer, parmi les espèces phares, le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), espèce à large répartition dans la région, mais aussi la Véronique en épi (Veronica spicata), espèce protégée en Midi-Pyrénées vu sa répartition peu fréquente dans l’Ouest de la France. Dans les zones un peu plus hautes, zones d’ourlets ou pelouses colonisées, on notera la présence du Salsifis à feuilles de crocus (Tragopogon crocifolius), du Rosier à feuilles elliptiques (Rosa elliptica), plus commun dans la moitié est de la France, et enfin d’une espèce emblématique de l’Aveyron, puisqu’il s’agit du Séneçon de Rodez (Senecio ruthenensis), qui voit ses populations éparpillées entre les Charentes et le seul département de l’Aveyron pour la région Midi-Pyrénées, cette espèce étant protégée au niveau national. La fonge est aussi très représentée avec pas moins de 8 espèces déterminantes inventoriées dans le bois de la Cayrousse.
On note l’activité de 6 espèces assez communes de chauves-souris en chasse sur le site, et à proximité du Tindoul de la Veyssière, un des grands gouffres situés sur le causse. Ce dernier est sans aucun doute utilisé en période d’hibernation par différentes espèces dont le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros). D’un point de vue faunistique, plusieurs groupes taxonomiques sont représentés, notamment celui de l’avifaune. En effet, 11 espèces déterminantes d’oiseaux fréquentent la zone avec une grande majorité appartenant au cortège dit « agrosystème ». Si on considère le paysage du site dans son ensemble, l’organisation et la diversité des espèces d’oiseaux peuvent s’exprimer selon un gradient de végétation qui prend en considération le taux de recouvrement et la hauteur de la végétation. Ainsi, les zones les plus ouvertes et thermophiles comprenant de nombreux affleurements rocheux sont favorables au Pipit rousseline, à l’Alouette lulu, au Traquet motteux et à l’Œdicnème criard. Sur les zones plus fermées (couverts plus arbustifs), on retrouve la Pie-grièche écorcheur, qui a besoin de zones arbustives pour nicher avec des perchoirs constituant des postes de chasse proches de zones ouvertes. Le discret Torcol fourmillier, la Tourterelle des bois et la Huppe vont occuper les landes plutôt ouvertes, parfois à proximité des habitations avec, pour certaines espèces, la présence indispensable d’arbres à cavités pour la nidification. La zone constitue un terrain de chasse privilégié pour le Busard cendré, rapace qui connaît une baisse importante de ses effectifs. En effet, cette espèce est classée « vulnérable » au niveau national. Enfin, les bois de feuillus matures seraient des sites potentiels de nidification du Pic mar. Parmi les invertébrés déterminants recensés, on trouve 2 espèces de papillons peu communs : le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), localisé au niveau national, affectionne les prairies mésophiles et les landes sèches, sur les sites relativement thermophiles. Quant à l’Hermite (Chazara briseis), il connaît un déclin national prononcé. Il préfère les zones à végétation rase et sèche pourvues de nombreux affleurements rocheux. Le Pique-prune (Osmoderma eremita) est un coléoptère saproxylique protégé aux niveaux national et international. Il est l’un des coléoptères les plus suivis en Europe du fait de ses fortes exigences écologiques. Il vit dans les cavités d’arbres de grands volumes et fortement évidées. Des études ont montré que ce type de cavité est présent sur des arbres à partir d’environ 250 ans. Quand une cavité est habitable pour l’espèce, une population peut y vivre pendant plusieurs décennies. Le Pique-prune est caractérisé par ses faibles capacités de dispersion. Ainsi, sa présence témoigne du maintien d’un habitat favorable sur le site au cours du temps. Il traduit une forte maturité de l’habitat. Les cavités d’arbres se forment sous l’action conjuguée d’une multitude d’organismes saproxyliques (champignons, insectes, bactéries...) qui dégradent à la fois chimiquement et mécaniquement le bois. Au cours de l’évolution de la cavité, des cortèges spécifiques de certains stades de décomposition du bois vont intervenir. Le cortège associé au Pique-prune correspond au cortège ultime de ce long processus. Ainsi, en protégeant les habitats du Pique-prune, on protège l’ensemble de son cortège mais également l’ensemble des organismes qui se sont succédé dans le temps. C’est pourquoi on qualifie le Pique-prune d’espèce parapluie. L’intensification de la sylviculture a entraîné la disparition des vieux arbres dans les forêts, et par la même occasion la disparition de l’espèce dans la plupart des massifs forestiers français. On le trouve aujourd’hui essentiellement dans les milieux agropastoraux et bocagers où de vieux arbres sont conservés depuis plusieurs générations. Cependant, ces arbres sont devenus de plus en plus rares. La conservation de ce site est donc fondamentale, et relève d’enjeux de conservation communautaire.
Cette ZNIEFF est située sur le plateau karstique du causse Comtal. Ses limites ont été établies en fonction de la répartition des espèces de faune et de flore à cheval sur quatre communes aveyronnaises (Sébazac-Concourès, La Loubière, Rodelle et Salles-la-Source). Elle englobe globalement l’APPB de Salles-la-Source à l’extrême ouest, et la réserve de chasse de La Loubière à l’extrême est. La partie centrale accueille une forêt riche en champignons et des secteurs plus agricoles, mais favorables à certains oiseaux.