Ce site de prairies, de landes et de tourbières est disposé à l’extrémité nord de la partie sommitale du plateau de Lannemezan, à une altitude de 590 m. Le climat est humide avec une absence de relief qui soumet le site à toutes les précipitations.
Faisant partie de l’ancien champ de tir militaire du plateau de Lannemezan, la quasi-totalité du site est propriété du Centre de recherches atmosphériques depuis le début des années 1960. Ceci a permis la conservation des zones humides et des milieux ouverts, notamment pour permettre des observations sur l’atmosphère, et des expériences de physique. La partie est du site a été plantée de conifères exotiques probablement à la fin des années 1960, et est gérée par l’ONF.
Ici, le plateau est à peine marqué par l’existence du ruisseau. La présence de terrains imperméables (argiles et cailloutis) favorise la persistance de zones humides : landes atlantiques à Bruyère (Erica sp.) et Ajonc d’Europe (Ulex europaeus), landes à Genêt d’Angleterre (Genista anglica) et Callune (Calluna vulgaris), landes cantabro-pyrénéennes à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) et Ajonc nain (Ulex minor), tourbières bombées fragmentaires avec buttes de sphaignes (Sphagnum sp.), tourbière plus mouillée avec chenaux à Potamot (Potamogeton polygonifolius) et Ossifrage (Narthecium ossifragum), tourbières plus dégradées à Molinie bleue (Molinia caerulea), bas-marais acides à Carex nigra et Carex echinata, bourbiers sableux à Gnaphales des marais et blanc jaunâtre (Gnaphalium uliginosum et Gnaphalium luteoalbum).
Les sols acides permettent également l’expression de toute une gamme de pelouses et prairies : pelouses siliceuses à agrostis et fétuques, pelouses siliceuses ouvertes médio-européennes à Festuca capillacea, prairies humides dont certains types eutrophes et d’autres plus fréquents ici qui sont oligotrophes avec le Narcisse trompette (Narcissus bulbocodium) très abondant.
Cet ensemble d’habitats constitue une unité d’une surface conséquente située dans un environnement naturel qui tend à être fragmenté par les grandes cultures et l’urbanisation à l’est. Il constitue l’un des derniers bastions importants de landes et de tourbières en remontant au nord du plateau. La plupart de ces habitats sont très caractéristiques et sont préservés du fait d’un statut foncier original.
Le site est intéressant par la présence d’un cortège important d’espèces végétales liées aux landes, aux bas-marais et aux pelouses acides. Parmi elles, des protégées nationales comme le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) et le Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia), des espèces protégées régionales comme le Millepertuis des marais (Hypericum elodes), des espèces déterminantes régionales (parfois aussi inscrites sur la liste rouge régionale : LR) telles que Silène de France (Silene gallica, LR), Ajonc nain (Ulex minor), Phalangère à feuilles planes (Simethis mattiazzii), Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), Osmonde royale (Osmunda regalis), Petite scutellaire (Scutellaria minor, LR), Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium), Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) ou Campanille à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea), ces deux dernières n’étant pas déterminantes ici en zone de montagne.
Les plantations de conifères incluent également quelques éléments marginaux tels que ruisseaux et fragments de landes occupant les interbandes, où l’on rencontre certaines espèces patrimoniales (Osmonde royale, Phalangère à feuilles planes, Avoine de Thore).
La présence d’une faune typique est établie, avec notamment une espèce de papillon diurne rare et protégée nationalement, l’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), reproducteur sur le site, le Courlis cendré (Numenius arquata), oiseau nicheur sur le site (1 couple) dont c’est l’un des très rares sites de reproduction en Midi-Pyrénées, ainsi que la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et le Gobe-mouche noir (Ficedula hypoleuca, 1 couple nicheur en 2003), ces deux dernières espèces n’étant pas déterminantes.
Le site offre des conditions très propices à des haltes régulières d’oiseaux migrateurs, hivernants ou erratiques. A ainsi été notée en hiver 2006 la présence de 50 bécassines des marais (Gallinago gallinago). On relève également l’Élanion blanc (Elanus caeruleus), observé à deux reprises pendant l’été 2002, le Rollier d’Europe (Coracias garrulus) en juin 2005, la Grande Aigrette (Casmerodius albus) en hiver 2005, une Pie-grièche grise (Lanius excubitor) en mars 2006, deux cigognes noires (Ciconia nigra) au printemps 2006, deux faucons Kobez (Falco vespertinus) en 2008. D’autres oiseaux viennent plus régulièrement chasser ou survoler le site : Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), Percnoptère d’Égypte (Neophron percnopterus), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Milan royal (Milvus milvus).
Ces occurrences régulières semblent liées à l’état de conservation des habitats rencontrés sur le site ainsi qu’à sa richesse trophique. On note en outre la présence du Lézard vivipare (Zootoca vivipara).
Ce site présente plusieurs attraits supplémentaires. La portée maximale de la tourbe est d’environ 1,55 m, ce qui autorise vraisemblablement un recul palynologique de l’ordre de 1 200 ans. Enfin, ses paysages ouverts sont marqués par la présence de cinq tumuli de l’âge du bronze et de l’âge du fer.
La délimitation du site a été réalisée sur la base de l’agencement des landes atlantiques et des milieux présentant un intérêt patrimonial disposés autour du ruisseau des Guègues, et correspond en grande partie aux limites de la propriété du Centre de recherches atmosphériques.
Les plantations de conifères incluent quelques éléments marginaux tels que ruisseaux et fragments de landes occupant les interbandes, où l’on rencontre certaines espèces patrimoniales (Osmonde royale, Phalangère à feuilles planes, Avoine de Thore).