La ZNIEFF de la vallée de l’Aston s’étend sur 16 115 ha au sud-est du département de l’Ariège. Comprise entre 550 et 2 900 m d’altitude (étages montagnard à nival), elle correspond à une partie de la haute chaîne des Pyrénées avec des paysages de haute montagne grandioses. La ZNIEFF est principalement sur substrat acide (gneiss et granite), avec des terrains calcaires au niveau de la pointe nord de son périmètre. La forêt (hêtraie, hêtraie-sapinière) occupe une large place à l’étage montagnard. Les vastes zones d’estives comprennent des landes, landines et pelouses subalpines et alpines qui dominent le paysage. Les falaises et les éboulis sont aussi très présents sur la zone, créant un univers très minéral à partir d’une certaine altitude. La ZNIEFF se caractérise aussi par la présence de quelques plans d’eau naturels et artificiels et d’un réseau hydrographique dense. La vallée est un important bassin collecteur d’un point de vue hydrologique pour la haute vallée de l’Ariège.
La ZNIEFF occupant les étages de végétation montagnard (voire collinéen) à nival, les milieux qui la composent sont nombreux et variés. On y trouve entre autres : un complexe de micro-habitats tourbeux et humides dont certains sont déterminants [buttes à sphaignes, bas-marais, tourbières de transition, tourbières à Narthécie, radeaux à Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) et Potentille des marais (Potentilla palustris), et boisements humides] – outre leur intérêt en tant qu’habitats d’espèces, ces milieux jouent un rôle important d’un point de vue fonctionnel (atténuation des effets de crues par stockage d’eau, ralentissement des ruissellements de surface) ; des milieux forestiers avec des hêtraies, hêtraies-sapinières et forêts de Pin à crochets (Pinus uncinata) ; des pelouses à Gispet (Festuca eskia) bien présentes à partir de l’étage subalpin ; des landes et landines de montagne comme les landes à myrtilles et Azalée naine (Loiseuleria procumbens) ; des communautés végétales des combes à neige et des habitats rocheux, éboulis et falaises, bien représentés dans la partie haute de la ZNIEFF.
D’un point de vue floristique, les éléments patrimoniaux concernent différents habitats. La flore de milieux humides et tourbeux est bien représentée avec des espèces comme le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) et le Lycopode inondé (Lycopodiella inundata), tous deux protégés au niveau national, la Linaigrette engainante (Eriophorum vaginatum) et l’Isoète des lacs (Isoëtes lacustris), protégées en région Midi-Pyrénées. Le Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia), protégé nationalement, est aussi mentionné pour la zone et serait l’unique station de cette espèce pour l’Ariège. Les milieux rocheux sont également importants avec des espèces spécialisées patrimoniales comme les Saxifrages faux géranium, à cinq doigts, à feuilles rondes (Saxifraga geranioides, Saxifraga pentadactylis, Saxifraga rotundifolia). Notons toutefois que l’escalade est pratiquée sur la zone, notamment sur des secteurs hébergeant des stations de plantes protégées. Enfin, les pelouses d’altitude sont l’habitat de différentes espèces déterminantes comme l’Œillet en delta (Dianthus deltoides), la Gentiane de Burser (Gentiana burseri subsp. burseri), la Gentiane des Pyrénées (Gentiana pyrenaica), le Lis des Pyrénées (Lilium pyrenaicum), les Gagées jaune et de Liotard (Gagea lutea subsp. lutea, Gagea fragifera), la première étant protégée au niveau national, le Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus), qui est très présent sur la zone... D’un point de vue faunistique, les intérêts concernent différents groupes. Les mammifères présentent un intérêt marqué avec la présence de populations de Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) et de Loutre d’Europe (Lutra lutra), deux espèces semi-aquatiques à haute valeur patrimoniale (protection et liste rouge nationales, annexe II de la directive « Habitats-Faune-Flore » en particulier). Le premier est présent sur les têtes de cours d’eau, ruisseaux de Chioules, Aston et Rioutord ; la seconde remonte jusqu’à l’étang de Rilet. La zone est importante pour les galliformes de montagne comme le Grand Tétras (Tetrao urogallus), la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus) et le Lagopède alpin (Lagopus mutus), nicheurs sur la zone et faisant tous partie de la directive « Oiseaux ». La ZNIEFF est d’une importance majeure pour la conservation de reptiles et d’amphibiens endémiques et à forte valeur patrimoniale comme le Lézard des Pyrénées d’Aurelio (Iberolacerta aurelioi) et l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper). Enfin, l’entomofaune est également concernée avec la présence de papillons patrimoniaux des pelouses d’altitude comme entre autres la sous-espèce pyrénéenne de l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica), protégé nationalement, le Nacré subalpin (Boloria pales) ou le Moiré pyrénéen (Erebia gorgone).
La ZNIEFF de la vallée de l’Aston repose sur des critères géomorphologiques et fonctionnels. Elle correspond en effet au bassin versant du ruisseau d’Aston jusqu’à sa confluence avec l’Ariège environ (zones urbanisées exclues). Visuellement, les limites correspondent aux lignes de crêtes avec les vallées voisines (vallée du Siguer à l’ouest et haute vallée de l’Ariège à l’est). Au sud, c’est la crête frontière qui forme la limite de la zone. Au nord, c’est un talweg qui forme la limite avec la ZNIEFF : « Parois calcaires et quiès du bassin de Tarascon ». Le périmètre correspond pour une grande part à celui du site Natura 2000 (FR7300827 - Vallée de l’Aston). L’ensemble de la zone fait l’objet d’un réseau dense de données déterminantes. Le domaine skiable du Plateau de Beille, très riche en enjeux naturels (flore protégée et déterminante, galliformes patrimoniaux, etc) est pour partie inclus dans la zone.