Cette ZNIEFF ariégeoise concerne le massif du Crieu, adjacent au chaînon du Plantaurel. Insérée entre la rivière Ariège et le Douctouyre, la ZNIEFF s’étend sur plus de 9 300 ha, et les altitudes considérées sont comprises entre 300 et 730 m. Constituée d’un ensemble de coteaux secs, vallons et collines, elle est soumise à des conditions bioclimatiques subméditerranéennes. Les formations géologiques dominantes sont de type calcaires (plissés), marnes et grès. Les fruticées sclérophylles et les pelouses sèches dominent dans le paysage. Les milieux boisés sont dominés par le Chêne pubescent, et les sous-bois sont souvent pâturés. Les fonds de vallées sont exploités par l’agriculture (cultures), majoritairement extensive.
Les contextes biogéographique et géomorphologique du site favorisent la présence d’une riche biodiversité. La flore est remarquable et diversifiée. De nombreuses espèces thermophiles d’affinités méditerranéennes sont présentes : la Leuzée conifère (Leuzea conifera), la Lavande à larges feuilles (Lavandula latifolia), la Catananche bleue (Catananche caerulea), l’Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), le Genêt scorpion (Genista scorpius) ou encore l’Orchis parfumé (Orchis coriophora subsp. fragrans), protégé nationalement. Elles font partie du cortège des espèces des pelouses basophiles et des landes. Le Centranthe de Lecoq (Centranthus lecoqii) est une espèce d’éboulis calcaires. Le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum) pousse quant à lui dans les sous-bois de chênes pubescents ou de chênes verts. La Campanule remarquable (Campanula speciosa) et la Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra) sont deux espèces endémiques des Pyrénées et des Cévennes ; la première pousse sur les falaises en station fraîche, et la seconde en pelouse. La présence sur la zone de la Bruyère arborescente (Erica arborea) et de la Globulaire à feuilles en cœur (Globularia cordifolia) demanderait à être confirmée. Cette dernière espèce, protégée régionalement, est souvent confondue avec la Globulaire de Foix (Globularia x fuxeensis), hybride de la Globulaire à tige nue (Globularia nudicaulis) et de la Globulaire rampante (Globularia repens). Enfin, plusieurs espèces messicoles (plantes des moissons) sont présentes dans des parcelles peu fertilisées et faiblement traitées en pesticides ou d’anciennes terrasses de cultures. C’est le cas de la Spéculaire miroir-de-Vénus (Legousia speculum-veneris), du Grémil des champs (Lithospermum arvense), de la Renoncule des champs (Ranunculus arvensis)... La multitude des milieux représentés permet aussi le développement de cortèges mycologiques variés. Parmi les espèces mycorhiziennes, on rencontre plusieurs bolets appartenant à la section Luridi, notamment Boletus pseudoregius, Boletus satanas, Boletus fechtneri, et Boletus dupainii. Tous viennent sous feuillus en terrain calcaire, et les trois derniers ont une nette tendance thermophile. Ce sont des bolets peu fréquents voire rares pour certains. Boletus dupainii figure d’ailleurs sur la liste des 33 espèces européennes ayant été proposées à la convention de Berne. De nombreux autres genres mycorhiziens sont représentés, parmi lesquels on peut citer Clavariadelphus (mycorhizien probable) et Gyroporus, tous deux en voie de raréfaction à l’échelle européenne. On trouve aussi une espèce thermophile parmi les lignicoles : Lenzites warnieri, un polypore de l’Orme et du Peuplier. D’autres lignicoles présents appartenant aux agaricales viennent sur le bois mort de feuillus, parmi lesquels le peu fréquent Crepidotus lundellii dans les endroits plus humides, Pluteus salicinus mais aussi Pluteus aurantiorugosus, autrement plus rare. On rencontre aussi un cortège de champignons printaniers déterminants appartenant aux Morchellaceae : Disciotis venosa, Mitrophora semilibera, Morchella esculenta et Verpa conica. Les espèces de milieux ouverts sont également abondamment représentées, en particulier de pelouses et de prairies. D’un point de vue faunistique, les enjeux de ces coteaux sont eux aussi multiples. Concernant les mammifères, on trouve le Putois d’Europe, mammifère qui fréquente les milieux humides et les bords de cours d’eau, ainsi que le Molosse de Cestoni, grande chauve-souris qui affectionne essentiellement les milieux rupestres lui servant de gîte. En effet, le Molosse utilise les fentes rocheuses dont l’orientation de l’ouverture se trouve vers le bas. Pour l’avifaune, 5 rapaces ont été recensés. Les zones forestières isolées et peu fréquentées sont favorables à l’installation de l’Aigle botté mais aussi du Circaète Jean-le-Blanc, qui profite des terrains ouverts plutôt thermophiles et riches en reptiles, indispensables pour l’élevage de son unique jeune (un seul par an). Les fruticées sont favorables au Busard Saint-Martin en tant que site de chasse mais aussi de nidification. Les affleurements rocheux ainsi que les falaises constituent des sites de nidification pour le Grand-duc d’Europe, et des sites potentiels de nidification pour le Faucon pèlerin, qui est régulièrement observé dans ce secteur. 3 espèces de reptiles déterminants occupent la ZNIEFF, dont le Seps strié, espèce discrète qui est passée très longtemps inaperçue. Connu de la Haute-Garonne, du Gers et de l’Ariège, les stations ariégeoises constituent les mentions les plus hautes en altitude. On trouve également la Coronelle girondine et le Lézard hispanique. Ces espèces affectionnent les terrains rocheux, secs et bien ensoleillés, à végétation éparse d’affinités méditerranéennes. Les amphibiens comptent 4 espèces dont la Grenouille rousse (bien présente sur la chaîne pyrénéenne), le Pélodyte ponctué, atteignant ici ses limites altitudinales moyennes connues, le Crapaud accoucheur (bien présent sur l’ensemble de la région), et enfin le Triton marbré, connu de la frange sud-ouest de l’Ariège. Sa répartition rappelle celle du Pélodyte ponctué. L’intérêt de la ZNIEFF repose aussi sur l’entomofaune avec notamment un papillon d’intérêt patrimonial : le Damier de la succise (Euphydryas aurinia), bien représenté sur les pelouses dans les zones de sources d’eau ou dans les zones marneuses retenant l’eau, où pousse la Succise des prés (Succisa pratensis). Enfin, certaines sections de cours d’eau abritent l’Écrevisse à pattes blanches qui est très vulnérable et bénéficie d’une protection nationale. De plus en plus rare, elle est victime de la détérioration de son habitat, mais est aussi concurrencée par d’autres écrevisses d’origine américaine.
L’ensemble du site montre une diversité faunistique et floristique remarquable.
La zone correspond à un ensemble collinéen de faciès homogène, circonscrit à l’ouest et à l’est par des vallées, respectivement de l’Ariège et du Douctouyre, au nord par la plaine d’Ariège, et au sud par le massif du Plantaurel. Les contours reposent donc d’abord sur des critères géomorphologiques, mais aussi sur la répartition d’espèces déterminantes et de leurs habitats. Au sein du massif, les vallons plus anthropisés (habitat et grandes cultures) ont dans la mesure du possible été écartés. De fait la ZNIEFF est en deux parties disjointes.