Nommé aussi Escaumels, le ruisseau d’Escalmels prend sa source dans le Cantal, au sud de Saint-Saury. Après avoir traversé le plateau du Ségala, il s’enfonce dans les gorges granitiques au niveau de Peyratel (commune de Calviac), pour se jeter ensuite en rive gauche de la Cère, un peu en aval de la gare de Lamativie.
En grande partie boisée, la zone présente une très grande diversité de milieux naturels, qu’ils soient ouverts ou fermés, aquatiques ou terrestres. Parmi les plus remarquables recensés, s’observent des forêts de ravins, différents boisements rivulaires et humides, voire tourbeux, des prairies humides acidiclines riches en nutriments, des tourbières hautes, des bas-marais acides ainsi que des herbiers aquatiques des eaux courantes acides et oligotrophes. Plus d’une vingtaine d’autres milieux sont présents.
Cette grande diversité au niveau des habitats s’observe aussi au niveau de la flore. En effet, 39 plantes d’intérêt patrimonial ont été recensées sur ce site, notamment un certain nombre d’espèces d’affinités montagnardes rares à extrêmement rares, exclusivement localisées dans le Ségala pour le département du Lot : Maïanthème à deux feuilles (Maianthemum bifolium), Luzule blanc de neige (Luzula nivea), Renoncule à feuilles d’aconit (Ranunculus aconitifolius), Arnica des montagnes (Arnica montana), Ail victorial (Allium victorialis), Doronic d’Autriche (Doronicum austriacum), Œillet des bois (Dianthus sylvaticus, seule station lotoise actuellement connue), Œillet en delta (Dianthus deltoides, espèce nouvelle pour le Lot, à confirmer), et Saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga rotundifolia). Le Cerfeuil doré (Chaerophyllum aureum) et le Géranium brun (Geranium phaeum) sont des espèces d’affinités montagnardes qui se retrouvent également au sein de la vallée de la Dordogne quercynoise. Dans les gorges du ruisseau d’Escalmels est localisée l’Asplénium du Forez (Asplenium foreziense), fougère rarissime dans le Lot, qui apprécie ici les fentes des rochers siliceux. Les milieux humides, notamment tourbeux, sont riches en espèces végétales patrimoniales : Mouron délicat (Anagallis tenella), Laîche jaunâtre (Carex flava), Laîche paniculée (Carex paniculata), Laîche à bec (Carex rostrata), Laîche puce (Carex pulicaris), Laîche à beaux fruits (Carex viridula var. elatior), Renouée bistorte (Polygonum bistorta), Cirse d’Angleterre (Cirsium dissectum), Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), Carvi verticillé (Carum verticillatum), Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), Grenouillette de Lenormand (Ranunculus omiophyllus), Balsamine des bois (Impatiens noli-tangere), Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), Ossifrage (Narthecium ossifragum), Violette des marais (Viola palustris), Petite Scutellaire (Scutellaria minor), Valériane dioïque (Valeriana dioica), Campanille à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea). Cinq espèces floristiques du site sont protégées, toutes présentes dans les zones humides. Deux sont protégées au niveau national : les Rossolis intermédiaire et à feuilles rondes (Drosera intermedia et Drosera rotundifolia). Ce sont des plantes carnivores des tourbières sur sols dénudés pour la première, et sur coussins de sphaignes pour la seconde. Le Millepertuis des marais (Hypericum elodes) et le Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis) sont des plantes protégées en région Midi-Pyrénées, qui se localisent souvent dans les pelouses amphibies vivaces oligotrophes. Présence aussi de la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), espèce protégée pour le département du Lot. Pour ce qui est de la faune, présence remarquable du Grimpereau des bois (Certhia familiaris), espèce affectionnant les vieilles futaies (hêtraies), noté nicheur probable ici. Le Pic noir (Dryocopus martius) ainsi que le Pic mar (Dendrocopos martius) ont aussi été inventoriés sur le site. Les vieux boisements sont également d’intérêt pour les insectes, notamment pour les coléoptères saproxyliques. En effet, ce secteur du Ségala est réputé par les coléoptéristes lotois (Burles F., Delpy D.) qui y ont recensé une trentaine d’espèces d’intérêt patrimonial. Autre insecte présent : le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii), orthoptère bien représenté dans le Ségala lotois. Au niveau de la faune piscicole, présence de la Truite fario, du Vairon, du Goujon et de la Loche franche. Ces trois dernières espèces font partie du cortège des poissons déterminants des ruisseaux et rivières de piémont, mais leur nombre est inférieur à 200 au total pour 100 m² de cours d’eau, ce qui ne permet pas de mettre en évidence une mosaïque d’habitats aquatiques intéressante (résultats d’une étude effectuée en aval du barrage). Pourtant, le faciès du cours d’eau dans les gorges présente des successions de cascades et de cuvettes, ainsi que des plats courants et chenaux lotiques, ce qui est favorable aux espèces salmonicoles.
Outre ses fonctions d’habitats pour les populations animales et/ou végétales, ce site possède de nombreuses fonctions de régulation hydraulique, notamment au niveau des zones humides (expansion naturelle des crues, soutien naturel d’étiage, auto-épuration des eaux). De par la bonne qualité du cours d’eau, la présence de nombreux milieux naturels et d’espèces patrimoniales, et de par les fonctions de régulation hydraulique, ce site mérite amplement sa désignation en ZNIEFF, car il joue un rôle majeur dans la préservation de divers habitats/espèces rares à extrêmement rares dans le Lot.
Encore mal connu des naturalistes, ce site possède de nombreuses potentialités. Il pourrait, en effet, héberger des rapaces forestiers (Aigle botté, Circaète Jean-le-Blanc), des chauves-souris (Grand Murin, Barbastelle d’Europe, Vespertilion de Bechstein), des poissons (Lamproie de Planer), des papillons (Damier de la succise, Cuivré des marais, Miroir), des reptiles et amphibiens (Lézard vivipare, Crapaud calamite), ainsi que des crustacés tels que l’Écrevisse à pattes blanches.
Le zonage de la ZNIEFF comprend pratiquement l’ensemble du ruisseau d’Escalmels (région hydrographique de la Dordogne), délimité en amont avec les lieux-dits « Escalmels » (Saint-Saury, Cantal) et « Pisselièvre » (Calviac, Lot), et en aval à 900 m au sud de l’embouchure avec la rivière Cère. La délimitation du site prend aussi en compte une grande partie des affluents de l’Escalmels : ruisseau du Theil, ruisseau de la Ressègue entre les lieux-dits « la Ressègue » (Saint-Saury, Cantal) et « le pont de Rhodes » (Siran, Cantal), une partie du ruisseau du Foy, l’aval du ruisseau d’Estival et le ruisseau du Soubacle. Sont principalement inclus dans la ZNIEFF les cours d’eau préalablement cités, leurs ripisylves, ainsi que les versants boisés, les zones humides et les habitats naturels ouverts ou semi-ouverts dépendant de la vallée d’Escalmels. Les milieux artificiels tels que les prairies améliorées, les cultures, les plantations de résineux et les villages ont été évités lorsque cela était possible.