ZNIEFF 730030187
Landes et Pelouses sèches du Boulvé

(n° regional: Z1PZ0215)

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Ce secteur, situé au nord-ouest du Quercy blanc, est constitué d’une mosaïque de zones ouvertes à faiblement boisées (chênaie pubescente peu dense). Comme dans tout le Quercy blanc, les reliefs sont doux, eu égard au sous-sol marno-calcaire : c’est un paysage de « serres » typique de cette zone biogéographique. Les zones ouvertes sont essentiellement couvertes de pelouses sèches dont certaines ont un caractère méridional assez marqué. Des landes à Genévrier commun (Juniperus communis), des prairies mésophiles et quelques cultures, relativement extensives, sont également présentes. Les habitats naturels d’intérêt patrimonial sont tous liés aux pelouses sèches : pelouses mésophiles du Mesobromion, moliniaie xérocline de l’Eu-Molinion et pelouses sèches du Xerobromion. De nombreuses pelouses sont en cours de fermeture et d’embroussaillement, suite à la déprise pastorale du secteur : les landes à Genévrier commencent à gagner beaucoup de terrain. Les pelouses sèches du Mesobromion du Quercy sont dominées par le Brome érigé (Bromus erectus), la Fétuque d’Auquier (Festuca auquieri) et la Seslérie bleue (Sesleria caerulea). Des espèces xéroclines et marnicoles y pénètrent souvent et les rapprochent ainsi des pelouses du Tetragonolobo maritimi-Mesobromenion erecti. Ces pelouses, assez rares dans le Lot, se rencontrent essentiellement sur les petits causses marneux des downs et dans le Quercy blanc. Les seslériaies sont plus particulièrement rattachables à l’association du Catanancho caerulae-Seslerietum caerulae. Elles sont en contact étroit avec les pelouses du Xerobromion du Quercy, dont la majeure partie peut être affiliée au Sideritido guillonii-Koelerietum vallesianae, avec un contingent d’espèces végétales méditerranéennes typiques des pelouses de l’Ononidion striatae. D’autres « pelouses », dominées par la Molinie bleue (Molinia caerulea), représentent l’aile calcaire la plus sèche de l’Eu-Molinion. Cette formation végétale atypique est largement enrichie en espèces xérophiles qui supportent la sécheresse estivale et les sols marneux engorgés en hiver. Cet assemblage de pelouses est typique des serres du Quercy blanc aux sols humides, voire ruisselants en hiver, et très secs en été. Les espèces botaniques les plus représentatives du site sont sans aucun doute celles qui se développent sur les pelouses sèches xérophiles subméditerranéennes : la Bugrane striée (Ononis striata), et surtout le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus) et la Globulaire piquante (Globularia vulgaris), qui atteignent ici respectivement leurs limites géographiques nord-ouest nationale et lotoise. D’autres plantes présentes ici, possédant un caractère méridional moins marqué, se rencontrent aussi assez fréquemment plus au nord-est sur les causses. Il s’agit de la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), de la Leuzée conifère (Leuzea conifera), du Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), de l’Armoise blanche (Artemisia alba) et de l’Ophrys sillonné (Ophrys sulcata). Une mention particulière doit être faite pour la présence du rare Lotier maritime (Lotus maritimus var. hirsutus) qui est très localisé dans le Lot et qui affectionne les pelouses marnicoles. Le Criquet des rocailles (Omocestus petraeus) présente de belles populations sur la zone, au sein de laquelle il se cantonne aux cailloutis et aux pelouses très rases. Les plantes ligneuses du site comptent aussi quelques espèces remarquables comme le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) et le Chêne vert (Quercus ilex) qui est ici très éloigné de ses foyers bourians et des vallées caussenardes (Lot, Célé, Dordogne). Ces ligneux colonisent les zones les plus pentues et ensoleillées, mais ne vont cependant pas jusqu’à former des peuplements importants comme c’est le cas sur certaines zones de causses, sur calcaires durs. Plusieurs espèces de vertébrés d’intérêt patrimonial sont présentes sur le site. L’avifaune est notamment représentée par le Bruant ortolan, le Pipit rousseline et le Circaète Jean-le-Blanc qui fréquentent la zone, mais aussi par le Faucon pèlerin et le Grand Corbeau qui nichent régulièrement dans certaines petites corniches rocheuses. C’est un des rares sites de nidification lotois pour ces deux oiseaux rupestres, qui soit situé loin des grandes vallées.

Cette zone joue un grand rôle dans le maintien des populations de plusieurs espèces rares et protégées (Sabline des chaumes, Faucon pèlerin...). Son rôle de réserve de biodiversité est important au sein du Quercy blanc. On observe, en effet, globalement, une certaine intensification agricole de cette zone biogéographique, intensification couplée au fort déclin du pastoralisme qui était jusqu’à présent garant de la pérennité des espaces ouverts, couverts de pelouses sèches, qui font tout le charme du paysage de serres.

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La zone comprend les pelouses sèches remarquables et les landes calcicoles qui s’étendent sur les travers et coteaux bordant au sud la tête du bassin versant du Boulvé. Elle est limitée au nord par la vallée du Boulvé et ses nombreuses ramifications, et au sud par le plateau de Bovila. Au nord et au sud, la vallée et le plateau sont occupés par des cultures céréalières installées sur les pentes les plus faibles et les secteurs les plus accessibles. Les limites est et ouest sont moins évidentes, et la zone pourrait potentiellement se prolonger encore sur plusieurs kilomètres de part et d’autre à la faveur des travers et des bordures de plateau. Cependant, à l’est, la combe de Guingal qui remonte vers Bovila coupe, avec ses cultures, l’ensemble pelouses sèches et landes, tandis qu’à l’ouest, le pech de Bordes, globalement plus boisé, peut aussi apparaître comme une rupture dans le continuum des milieux ouverts.