ZNIEFF 730030222
Vieux chênes de Cantegrel

(n° regional: Z1PZ0245)

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Le site des vieux chênes de Cantegrel est constitué d’une somme de formations herbacées (pelouses sèches) et arborées (chênaie pubescente) située dans la partie nord-ouest du causse de Gramat. Isolés au sein des pelouses sèches, plusieurs très vieux Chênes pubescents (Quercus pubescens) étalent leurs branches et fournissent aux troupeaux de précieux ombrages, au moins depuis 300 ou 400 ans pour certains arbres. D’autres arbres pluriséculaires sont également présents en situation plus forestière ou dans certaines haies : des Chênes pubescents mais aussi des Érables de Montpellier (Acer monspessulanum) ou même des Cornouillers mâles (Cornus mas) ! Les générations successives de propriétaires et d’exploitants agricoles ont su conserver ce patrimoine arboré exceptionnel. Plusieurs vieux chênes sont mourants, voire morts, et ils sont nombreux, vivants ou morts, à présenter des cavités basses ou hautes, tout à fait propices au développement d’une diversité d’insectes décomposeurs du bois exceptionnelle.

Les coléoptères saproxyliques ont été tout particulièrement étudiés. La présence d’une espèce très rare, le Taupin violacé (Limoniscus violaceus), a permis d’intégrer cette zone (ou plus précisément, le cœur de cette zone) au réseau des sites Natura 2000. Lorsque cette espèce est présente sur un site, il y a de très fortes chances pour que la diversité des espèces saproxyliques soit grande. Sa larve est, en effet, très exigeante sur la nature de la cavité dans laquelle elle se développe (cavité basse, ni inondée ni trop sèche, pouvant accueillir des micro-mammifères et des larves d’autres insectes saproxyliques). Au moins 25 autres espèces intéressantes de coléoptères du bois mort ont été observées sur ce site. Parmi elles, voici les espèces les plus remarquables (avec quelques exemples de régimes alimentaires ou d’exigences particulières des larves) : l’Allécule morio (Allecula morio), dont la larve préfère les cavités hautes des chênes ; l’Aulonie à trois sillons (Aulonium trisulcum) ; le Colydide marginé (Colobicus marginatus) ; la Mélandrie méridionale (Dircaea australis) ; l’Ischnode à collier rouge (Ischnodes sanguinicollis) ; l’Œdemère bleue (Ischnomera caerulea) ; le Mycétophage noir de poix (Mycetophagus piceus), qui se nourrit de champignons corticaux comme les polypores ; l’Opile pâle (Opilo pallidus) ; la Lepture revêtue (Pedostrangalia revestita), dont la larve vit dans les bois cariés ; le Prionyche noir (Pryonichus ater) ; le Ropalope à antennes épineuses (Ropalopus varini) ; le Taupin à deux pustules (Calambus bipustulatus) ; l’Oxylème cylindrique (Oxylaemus cylindricus) ; le Cardiophore des graminées (Cardiophorus gramineus), dont la larve préfère les cavités basses des chênes ; le Taupin ferrugineux (Elater ferrugineus), chez qui la larve est prédatrice d’autres larves de coléoptères saproxyliques ; l’Enedreyte des haies (Enedreytes sepicola) ; le Taupin de Bouyon (Reitterelater bouyoni). Cette zone présente une intéressante mosaïque de pelouses sèches : Mesobromion du Quercy, brachypodiaies héliophiles du Chamaespartio sagittalis-Agrostidenion tenuis, Xerobromion du Quercy et pelouses à annuelles du Thero-Brachypodion. Ces pelouses hébergent quelques espèces de plantes intéressantes comme le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), la Bugrane striée (Ononis striata) ou l’Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanum). D’autres espèces de coléoptères remarquables, liées à ces pelouses sèches, ont été inventoriées sur cette zone : l’Ophone cordiforme (Ophonus cordatus), le Licine ponctué (Licinus punctatulus), la Lébie pubescente (Lamprias pubipennis), l’Anthaxie hypomélène (Anthaxia hypomelaena), le Némognathe nain (Zonitis nana), le Ténébrion abrégé (Phylan abreviatus), le Pachybrachis rugifère (Pachybrachis rugifer), la Chrysomèle de l’Aveyron (Chrysolina aveyronenensis), ici assez éloignée des autres foyers populationnels français (Ardèche, Larzac, arrière-pays méditerranéen), le Cyrtone de Dufour (Cyrtonus dufouri), lui aussi en isolat géographique dans le Quercy (les foyers connus les plus proches sont les Pyrénées et les Grands Causses), la Casside à six points (Cassida hexastigma) et le Done globuleux (Donus globosus). Parmi ces espèces, plusieurs sont inaptes au vol : leur survie locale dépend donc très étroitement de la survivance des pelouses sèches et du pastoralisme en Quercy. Citons également la présence de quelques oiseaux intéressants qui fréquentent la zone : l’Alouette lulu, la Tourterelle des bois, le Pic mar, la présence de celui-ci étant certainement liée à l’abondance des vieux arbres, et le Circaète Jean-le-Blanc qui chasse parfois au-dessus des pelouses sèches.

Cette zone présente une très forte biodiversité liée aux vieux arbres mais aussi aux pelouses sèches. Le maintien de ces deux éléments, par le pastoralisme et le respect de l’intégrité de ces arbres pluriséculaires, permettra au site de conserver cette diversité entomologique exceptionnelle. Dans le Lot, la chênaie pubescente a nettement tendance à gagner du terrain sur les espaces ouverts. Mais ce type de boisement est rarement mené en futaie : le mode de gestion forestier dominant est le taillis, qui s’accompagne très souvent de coupes à blanc. Garder sur pied des arbres âgés et de belle venue au moment des coupes permettrait sûrement de multiplier les sites favorables à une grande biodiversité, tout en favorisant un renouvellement plus rapide des boisements, de même que les arbres isolés gardés au sein des pelouses sèches sont à la fois des gages d’ombrage (donc de meilleure protection de la ressource fourragère en cas de sècheresse) et une réserve de diversité entomologique.

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Cette zone est essentiellement centrée sur la présence de Chênes pubescents (Quercus pubescens) pluriséculaires. Ces derniers abritent une diversité de coléoptères saproxyliques exceptionnelle. Des secteurs boisés plus jeunes (taillis de 20 à 80 ans) sont aussi intégrés aux limites de la zone, car ils peuvent servir de « zones tampons » autour des boisements très âgés de Cantegrel. Les pelouses sèches au sein desquelles croissent un certain nombre d’arbres très âgés sont également prises en compte.