ZNIEFF 730030293
Pelouses sèches et prairies naturelles de Traverses et Pech Lugol

(n° regional: Z1PZ0266)

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Cette zone est située dans le Quercy blanc. Elle inclut la source du ruisseau des Frayssinades qui est un affluent de la Lère. La zone est largement dominée par les cultures. Certaines d’entre elles sont irriguées par des prélèvements d’eau effectués sur l’étang, qui a été creusé tout près de la source du ruisseau précité.

Le ruisseau est bordé de prairies naturelles mésohygrophiles qui hébergent une flore remarquable, mais dont les citations sont relativement anciennes : la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), qui est cantonnée dans le Lot au Quercy blanc, l’Euphorbe velue (Euphorbia villosa), qui partage avec la précédente ses exigences écologiques, mais qui est aussi ponctuellement présente au nord de la vallée du Lot, et le Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum), qui affectionne des stations un peu moins humides. Les types de milieux prairiaux d’intérêt patrimonial recensés sont rattachables aux prairies humides subatlantiques du Bromion racemosi et aux pelouses humides du Loto maritimi-Mesobromenion erecti. Cette dernière formation, une pelouse mésophile de sols marneux, est relativement rare dans le Quercy. C’est dans ce type de végétation que le Cirse tubéreux a été observé, en compagnie de l’Ophrys sillonné (Ophrys sulcata). Les pelouses sèches développées sur les zones sommitales sont relictuelles : elles ne représentent qu’une faible part des surfaces autrefois dévolues à l’élevage extensif. Néanmoins, elles sont encore assez diversifiées : pelouses mésophiles à vivaces du Teucrio montani-Mesobromenion erecti, pelouses très sèches du Xerobromenion et pelouses à annuelles du Thero-Brachypodion.

Parmi la flore qui compose ces pelouses sèches, on citera notamment la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), petite annuelle franco-ibérique protégée, la Globulaire piquante (Globularia vulgaris), essentiellement cantonnée aux pelouses sur calcaires tendres (Quercy blanc, downs et plus ponctuellement au sein du causse de Limogne et sur les marges sud du causse de Gramat), et le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), nettement plus courant que les deux précédentes. Cependant, la majorité de ces stations mériteraient confirmation car leurs observations datent de plus de dix ans. 

Le Damier de la succise (Euphydryas aurinia), signalé autrefois du site, occupe les pelouses marnicoles. Sa chenille se nourrit ici de Succise des prés (Succisa pratensis). Cette espèce protégée possède deux types de population dans le Quercy : celle liée aux prairies humides, avec Succisa pratensis et Knautia arvensis comme plantes hôtes, et celle liée aux pelouses sèches, avec Scabiosa columbaria comme plante hôte.

D'autres insectes intéressants ont été observés sur la zone, comme la Courtilière commune (Gryllotalpa  gryllotalpa), qui peut être abondante dans les prairies humides. Chez les orthoptères, il faut surtout signaler la présence originale du Criquet bariolé (Arcyptera fusca). Ce criquet, distribué essentiellement dans les zones montagneuses en France, trouve refuge dans le Quercy sur quelques pechs calcaires écorchés parsemés de genévriers communs, où se cachent parfois les femelles. Les populations du Quercy ont été classées dans la catégorie « En Danger » sur la liste rouge régionale. Une belle population a été recensée sur le site, notamment sur le Pech Lugol. Plusieurs individus ont également été contactés sur les pelouses sèches de l’autre côté de la route départementale.

Plusieurs oiseaux remarquables fréquentent le site comme la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), l'Alouette lulu (Lullula arborea), la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pipit rousseline (Anthus campestris), encore assez courant sur les serres du Quercy blanc, et l'Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) qui, dans cette région biogéographique, niche dans les cultures. Sur les causses, l’Oedicnème préfère plutôt les grandes zones ouvertes de pelouses sèches comme sites de nidification. Dans le Quercy blanc, le net recul des étendues de pelouses sèches aura sans doute contraint l’espèce à y adopter une stratégie de nidification différente. Cette dernière semble cependant s’accompagner d’une plus grande vulnérabilité des pontes et des jeunes, qui se retrouvent beaucoup plus exposés aux travaux du sol.

Cette zone possède encore un patrimoine naturel riche, avec ses prairies naturelles et ses pelouses de serres. Mais la pression agricole exercée dans le Quercy blanc risque fort de mettre en danger cette biodiversité, notamment par une mise en culture de zones jusqu’alors épargnées par les travaux agricoles.

Comments on the delimitation

Dans un contexte globalement dominé par des cultures, dont certaines sont irriguées, la zone présente plusieurs secteurs de végétation naturelle. Un bel ensemble de prairies, lié au ruisseau des Frayssinades, et des pelouses sèches relictuelles en haut de pechs, sont inclus dans la zone. La délimitation de cette dernière prend aussi en compte une avifaune d’agrosystèmes diversifiée, dont l’Œdicnème criard, nicheur dans les champs cultivés.