ZNIEFF 730030325
Lac de Bannac

(n° regional: Z1PZ0270)

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La zone se situe à cheval sur les départements du Lot et de l’Aveyron, au sein du Terrefort, bande de terrains calcaires et marneux du lias (jurassique inférieur) bordant le causse de Limogne à l’est. Il est centré sur un plan d’eau relativement récent d’une superficie de 22 ha, dont la majeure partie possède une vocation récréative (pêche, loisirs nautiques), mais dont l’extrémité sud-ouest, entièrement située dans le Lot, est classée en réserve naturelle volontaire principalement dévolue à l’accueil de l’avifaune aquatique. Le reste de la zone, à large caractère bocager, est constitué de milieux agropastoraux limitrophes ou proches du plan d’eau. Il comprend une proportion limitée de parcelles cultivées, et est principalement composé de prés fauchés ou pacagés dévolus à l’élevage bovin. Un maillage, localement dense, de haies arbustives ou arborées et la présence de bosquets, de sources et de petites mares contribuent de façon essentielle à sa diversité écologique.

Parmi les habitats naturels humides bordant le plan d’eau sont à mentionner des mégaphorbiaies et des roselières à Baldingère faux roseau, surtout développées dans la réserve naturelle, ainsi qu’une végétation amphibie vivace basse longuement inondable paraissant rattachable à l’ordre des Eleocharetalia palustris, qui héberge des plantes hygrophiles peu communes au niveau départemental ou régional : Alisma lancéolé (Alisma lanceolatum), Germandrée d’eau (Teucrium scordium), Rorippe amphibie (Rorippa amphibia). D’importants herbiers flottants à Renouée amphibie (Polygonum amphibium), type de végétation rare aux niveaux départemental et régional, s’étaient développés dans les zones peu profondes du plan d’eau peu de temps après sa création, mais ils ont disparu depuis, essentiellement en raison de la forte pression de consommation exercée par les ragondins et par la Carpe amour, cyprinidé herbivore introduit par les gestionnaires du lac pour lutter contre la végétation aquatique. Encore insuffisamment connue, la composition des herbages du bocage périphérique varie en fonction des niveaux hydriques et trophiques du milieu et selon la nature des pratiques pastorales. À côté de formations pacagées mésophiles à mésohygrophiles plus ou moins banales rattachables à l’alliance phytosociologique du Cynosurion cristati, est plus particulièrement à mentionner la présence de pelouses à tonalité prairiale relevant du Mesobromenion erecti, de prairies mésophiles à fraîches fauchées ou à régime mixte appartenant à l’alliance atlantique du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis, de prairies hygrophiles, également d’affinité atlantique, se rapportant au Bromion racemosi et, très ponctuellement, de végétations prairiales longuement inondables à Scirpe des marais abondant, rattachables à l’ordre des Eleocharetalia palustris. Plusieurs plantes mésohygrophiles peu communes ont été recensées dans ces herbages : Brome en grappe (Bromus racemosus), Narcisse des poètes (Narcissus poeticus), Œnanthe à feuilles de peucédan (Oenanthe peucedanifolia). Peuvent également être citées 2 autres espèces végétales remarquables, trouvées dans des friches argileuses à contraste hydrique : la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia) et le Trèfle élégant (Trifolium hybridum subsp. elegans). Ce dernier semble rare dans le Lot, où il n’est actuellement connu qu’en quelques secteurs du Terrefort et du Limargue. L’intérêt faunistique majeur du site est ornithologique et lié en premier lieu à sa fréquentation par de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau. La zone en réserve naturelle constitue le site lotois le plus important pour la nidification des ardéidés. Elle héberge ainsi la plus forte colonie de hérons cendrés du département (31 couples en 2007), est occasionnellement utilisée comme site de reproduction par le Bihoreau gris (nidification avérée en 1999 et 2001), et a accueilli, en 2008, la première nidification du Héron garde-bœufs dans le Lot, conséquence de la forte extension géographique et numérique de cette espèce en France. Le Héron pourpré y a probablement niché de façon ponctuelle dans la seconde moitié des années 1990, période où des adultes étaient régulièrement observés en saison de reproduction, mais il n’y est plus contacté que de façon sporadique, la régression sensible des roselières à Baldingère et, probablement, la concurrence croissante du Héron cendré ayant rendu le site peu favorable à cette espèce. L’évolution des conditions du milieu, notamment la régression de la végétation palustre inondée et la disparition de la végétation aquatique, s’est également révélée défavorable à d’autres espèces, comme le Grèbe castagneux, la Foulque macroule et le Râle d’eau, dont la nidification locale n’est plus attestée depuis plusieurs années. Si le nombre d’espèces d’oiseaux d’eau nicheuses s’avère réduit, l’éventail des hivernants et des migrateurs de passage est en revanche étendu, avec des niveaux de fréquentation très variables selon les espèces. Parmi les hivernants les plus habituels figurent la Sarcelle d’hiver, la Bécassine des marais et la Foulque macroule, auxquelles on peut adjoindre la Grande Aigrette, très régulière depuis quelques années, avec un contingent en nette augmentation (une dizaine d’oiseaux durant l’hiver 2008-2009), reflet local de la forte progression des effectifs hivernaux de l’espèce enregistrée en France sur la période récente. Nettement moins fréquentes que les précédentes, une douzaine d’espèces sont cependant d’observation encore régulière ou assez régulière : Aigrette garzette, Mouette rieuse, Canards souchet, siffleur, pilet et chipeau, Sarcelle d’été, Fuligule milouin, Chevaliers culblanc, sylvain, gambette et aboyeur. Enfin, certaines espèces ne sont observées que de façon occasionnelle, comme la Guifette moustac, l’Échasse blanche et les Chevaliers combattant et arlequin, voire exceptionnelle, tels le Crabier chevelu, l’Oie cendrée, l’Oie rieuse, le Tadorne de Belon, la Guifette noire, le Bécasseau variable ou la Marouette ponctuée. La zone est également attractive pour un large éventail de rapaces diurnes qui exploitent la gamme des proies disponibles (populations d’insectes liées au plan d’eau, poissons, amphibiens, regroupements de passereaux, limicoles, anatidés…). Certains sont des nicheurs locaux, tels le Milan noir et le Faucon hobereau ; d’autres sont uniquement hivernants ou de passage, comme le Faucon pèlerin, l’Autour des palombes, le Busard des roseaux, le Milan royal ou encore le Balbuzard pêcheur qui fait régulièrement halte sur le site, en migration aussi bien prénuptiale que postnuptiale. L’un des intérêts ornithologiques du site est aussi la reproduction, au sein du bocage entourant le plan d’eau, d’un cortège d’oiseaux typiques des agrosystèmes extensifs ou peu intensifiés, dont certains sont en régression sensible (Alouette lulu, Chevêche d’Athéna, Tourterelle des bois, Huppe fasciée, Torcol fourmilier, Pie-grièche écorcheur, Pie-grièche à tête rousse). À la faveur de nombreux arbres âgés, chênes pédonculés notamment, le Pic mar est également bien présent dans les bosquets et les haies du bocage périphérique. La zone présente aussi un intérêt batrachologique notable puisque pas moins de 8 espèces d’amphibiens y ont été recensées, parmi lesquelles la Salamandre tachetée, l’Alyte accoucheur, le Pélodyte ponctué, la Rainette méridionale et, surtout, la Rainette arboricole, espèce fortement localisée en Midi-Pyrénées. Il semble cependant que cette dernière n’y ait pas été recontactée depuis une dizaine d’années (dernière mention en 1999), et il est possible qu’elle ait disparu, l’implantation du plan d’eau ayant eu un impact très probablement négatif sur sa population locale (ennoiement d’habitats et de sites de reproduction, prédation par les ardéidés, éventuelle concurrence de la Grenouille rieuse ou de la Grenouille de Graf, qui a été au contraire favorisée par la création du lac). Les données relatives aux mammifères sont très lacunaires. On peut signaler la présence du Putois d’Europe, mustélidé assez peu commun appréciant les zones humides, auquel le plan d’eau et ses abords assurent des ressources alimentaires conséquentes. Par ailleurs, il serait intéressant d’effectuer un inventaire chiroptérologique du site, le bocage riche en vieux arbres paraissant potentiellement favorable à nombre de chauves-souris régulièrement ou occasionnellement arboricoles. Les données entomologiques restent encore très fragmentaires. Un premier inventaire odonatologique, effectué en 2007, a permis de recenser une vingtaine d’espèces de libellules, dont certaines peu communes à rares au niveau départemental ou régional comme le Leste fiancé (Lestes sponsa), l’Aeschne affine (Aeshna affinis) et le Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale). Sont également à mentionner d’autres insectes liés aux zones humides, notamment le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) et 2 coléoptères carabiques typiques des roselières marécageuses et autres végétations palustres élevées : le Démétrias impérial (Demetrias imperialis) et, nettement plus rare dans le Sud de la France, l’Odacanthe noirâtre (Odacantha melanura).

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Le secteur le plus intéressant de cette ZNIEFF est le lac lui-même, qui accueille de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau (hérons, canards, petits échassiers...). Le site englobe une bande plus ou moins large de terrains situés en périphérie du plan d’eau, qui correspond à une zone à la fois de quiétude et d’alimentation de ces espèces. Par ailleurs, ce périmètre élargi permet de prendre en compte des secteurs bocagers qui comprennent plusieurs habitats prairiaux et espèces végétales remarquables, et hébergent un cortège diversifié d’oiseaux des milieux ouverts ou semi-ouverts, dont certains sont en régression sensible. Il s’appuie en grande partie sur des routes et des chemins qui constituent des limites physiques facilement repérables. Sauf exception ponctuelle, les zones d’habitat humain sont exclues.