Le Ruisseau de Feyt est localisé en Corrèze (19) et en Creuse (23) puisqu’une partie de son cours est frontalier des deux départements. Il se situe en partie amont du bassin versant du Chavanon. Le Ruisseau de Feyt est un affluent direct en rive droite de la Méouzette, dans laquelle il se jette au niveau de la commune de Laroche-Près-Feyt en Corrèze.
Le bassin versant du Ruisseau de Feyt s’inscrit dans la série des migmatites (anatexites) qui sont des roches acides intermédiaires entre les gneiss et les granites.
D’un point de vue hydrologique, le Ruisseau de Feyt est un cours d’eau de faible gabarit qui méandre peu. Les plats courants et les radiers alternent et constituent les faciès dominants. Au gré des petites ruptures de pente, on observe des faciès à la pente plus marquée. Le cours d’eau présente une ripisylve qui stabilise les berges et qui participe aussi à la régulation de la température de l’eau via des secteurs ombragés. Elle structure aussi l’habitat grâce au chevelu racinaire et aux embâcles.Cette ripisylve est parfois fortement dégradée voire absente.
Le Ruisseau de Feyt est implanté dans une zone à ruralité marquée, mais il est malgré tout impacté par les activités de l’homme. Malgré ses atteintes, la ZNIEFF couvre une partie du cours d’eau (2 km sur les 14 km au total) qui est encore un lieu de vie pour la faune aquatique ou amphibie patrimoniale avec comme espèces le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus), la Loutre d’Europe (Lutra lutra), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Martin-Pêcheur (Alcedo atthis), la Truite commune (Salmo trutta fario), le Chabot (Cottus perifretum), la Lamproie de Planer (Lampetra planeri) et la Mulette perlière (Margaritifera margaritifera) qui présente ici une population importante et localement fonctionnelle, avec des preuves de reproduction récente. Le reproduction de la Mulette perlière n’est connue que d’une dizaine de cours d’eau en France.
Pour accomplir son cycle de reproduction, la Mulette a besoin d’un poisson hôte pour la survie des larves jusqu’à leur développement en jeunes mulettes relâchées au cours d’eau. La Truite commune est l'espèce qui joue le rôle de poisson hôte, mais les populations du Ruisseau de Feyt sont aujourd’hui menacées par la dégradation globales de la qualité de l’habitat.
Il faut souligner que l'Ecrevisse de californie (Pacifastacus leniusculus) est malheureusement fortement implantée ici.
La flore est egalement riche au regard de la faible surface de la ZNIEFF : Drosera rotundifolia, Achillea ptarmica, Carex pulicaris, Dianthus seguieri subsp. pseudocollinus, Lysimachia tenella, Maianthemum bifolium, Myriophyllum alterniflorum, Parnassia palustris, Senecio ovatus et Viola palustris sont des espèces déterminantes de ZNIEFF en Nouvelle-Aquitaine. Dix autres espèces, sans statut, possèdent, néanmoins, un niveau de patrimonialité suffisant pour qu’elles méritent d’être citées : Carlina vulgaris, Cirsium dissectum, Comarum palustre, Plantago major subsp. pleiosperma, Ribes alpinum, Sorbus aria, Viola canina, Knautia arvernensis, Pilosella lactucella et Veratrum album.
Le ruisseau de Feyt et son environnement immédiat offre une bonne diversité phytocénotique due à des conditions écologiques variées (eaux rhéophiles oligotrophes, ripisylve, lentilles tourbeuses, pelouses, ourlets, prairies paratourbeuses, hêtraie de pente).Sur ce cours d’eau de petite taille, les principales pressions exercées proviennent des activités agricoles. Le drainage, la mise en pâturage des troupeaux (notamment en hivernage dans les parcelles humides), l’accès direct au cours d’eau pour l’abreuvement sans aménagement, les rigoles non protégées piétinées par les animaux sont autant de sources de fortes perturbations.
L’influence des étangs situés en tête de bassin versant se fait ressentir par le glissement typologique qu’ils induisent, via l’augmentation générale des températures estivales d’une part, et la présence d’espèces d’eau calme, d’autre part. Les vidanges souvent mal contrôlées, sont également des sources importantes de perturbations de l’habitat de la Moule perlière et de la Truite commune à cause du largage massif de sédiments fins (vase) qu’elles occasionnent.
Depuis plusieurs années les efforts conjugués de nombreux acteurs locaux (Fédération de pêche de la Corrèze, AAPPMA de Merlines, Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin, Haute-Corrèze communauté de communes, Limousin Nature Environnement) ont permis la mise en œuvre d’ actions d’étude et de conservation de ce cours d’eau et des espèces qu’il abrite (mise en défens des berges, mise en place d’abreuvoirs aménagés, gestion piscicole adaptée…).
Le peuplement de Truite commune est géré de manière patrimonial par l’AAPPMA de Merlines et la Fédération de pêche de Corrèze, ce qui est une bonne chose pour la génétique de l’espèce. L’absence de déversement massif de truites (non adaptées) est important pour la pérennité du couple « Moule perlière/Truite commune ».
La ZNIEFF couvre le secteur du Ruisseau de Feyt qui présente les plus forts enjeux de conservation d'espèces rares et menacées. Le cours d'eau hébérge d'autres moules perlières plus en aval mais en densité bien moindre. Le périmètre s'appuie sur des éléments structurants du paysage (chemins, routes, haies, limites de parcelles) mais aussi des limites de milieux naturels.