ZNIEFF 820000394
HAUTS PLATEAUX DU VERCORS

(n° regional: 3823)

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Au cœur du Dauphiné, le massif du Vercors constitue est une véritable citadelle naturelle ceinturée de falaises abruptes, et restée longtemps isolée des régions qui l'entourent (vallées de l'Isère, du Drac et de la Drôme).

L'eau a taillé dans cette masse de calcaire des gorges profondes, des cirques majestueux, des grottes et des gouffres parmi les plus célèbres d'Europe. L'intérieur du massif est constitué de plateaux boisés et de vallons verdoyants au paysage modelé par l'agriculture. Cette diversité géomorphologique et les diverses influences climatiques (continentale, méditerranéenne et alpine) en font un territoire au patrimoine culturel et naturel riche et varié, subdivisé en plusieurs petites régions naturelles.

Cet ensemble naturel se situe à l’est le Vercors central ou « Vercors historique » (à l'origine, le terme « Vercors » ne s'appliquait qu'à cette région centrale, et ce n'est qu'assez récemment qu'il s'est étendu à l'ensemble du massif.).

Il s’inscrit dans un paysage ouvert et verdoyant, façonné par les activités pastorales ancestrales.

Il présente un intérêt biologique exceptionnel, tant en ce qui concerne la flore que la faune. Véritable carrefour biogéographique, riche en reliques glaciaires, les hauts-plateaux abritent entre autres la plus vaste forêt de Pin à crochets des Préalpes calcaires. Il s’agit de milieux très favorables à l’avifaune de montagne (il est à ce titre inventorié au titre des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux –ZICO-).

Ils conservent également d’autres types d’habitats naturels en régression, liés aux pratiques agricoles traditionnelles (prairies de fauche de montagne…).

Parmi les multiples espèces remarquables, on peut citer en matière de flore d’altitude plusieurs espèces d’aconit, d’androsaces, d’orchidées ou de pyroles, le Sabot de Vénus…). Les stations sèches, marquées par des influences méridionales accueillent la Laîche à bec court et trois espèces de genévriers.

Certaines plantes sont des endémiques des Alpes sud-occidentales (Corbeille d’argent de De Candolle, Cytise de Sauze, Panicaud blanche épine, Androsace de Chaix, Chardon de Bérard, Dauphinelle douteuse …). Plus surprenante est l’existence d’un cortège significatif d’espèces pyrénéennes (Sabline purpurescente, Germandrée des Pyrénées et Primevère à feuilles entières), dont la présence ici est sans équivalent dans les Alpes françaises.

La faune est très riche en matière d’ongulés (Bouquetin des Alpes, Chamois, Cerf élaphe), de galliformes de montagne (Tétras lyre, Gélinotte des bois, Lagopède alpin, Perdrix bartavelle), d’oiseaux forestiers (Chouettes de Tengmalm et chevêchette…) ou rupicoles (Chocard à bec jaune, Tichodrome échelette, Martinet à ventre blanc…), d’insectes (papillons Apollon et Semi-Apollon, Pique-prune…).

Le secteur des hauts plateaux abrite enfin un karst alpin d’altitude. Ce type de karst se développe dans les calcaires ou les dolomies de l’urgonien ou du sénonien. Les précipitations sont élevées et les phénomènes de dissolution importants, contribuant à la formation de réseaux spéléologique profonds (plus de 1000 m). l’empreinte glaciaire peut être également très déterminante.

Le peuplement faunistique du karst du Vercors est relativement bien connu. Il est particulièrement riche en espèces terrestres troglobies (c’est à dire vivant exclusivement dans les cavités souterraines), avec une cinquantaine d’espèces répertoriées parmi les invertébrés, essentiellement chez les coléoptères (avec plus de trente espèces ou sous-espèces) et les collemboles (plus de quinze espèces).

Cette diversité va de pair avec un haut degré d’endémisme, qui traduirait un phénomène de spéciation géographique consécutif au grand compartimentage des habitats souterrains. La faune stygobie (c’est à dire vivant dans les eaux souterraines) est par contre assez peu diversifiée, en raison probablement du faible développement des réseaux saturés au sein du karst local. La faune pariétale est également intéressante. Elle fréquente la zone d'entrée des cavernes ; cette faune peut être permanente, estivante ou hivernante : son habitat présente ainsi des caractères intermédiaires entre le monde extérieur et le monde souterrain. On observe ainsi localement un coléoptère du genre Oreonebria, endémique des massifs subalpins de la Chartreuse, du Vercors et de leurs proches abords.

Le zonage de type II souligne les multiples interactions existant au sein de cet ensemble, dont les échantillons les plus représentatifs en terme d’habitats ou d’espèces remarquables sont retranscrits par une forte proportion de zones de type I (falaises, plateaux…).

En dehors de ces dernières, il existe par ailleurs souvent des indices forts de présences d’espèces ou d’habitats déterminants, qui justifieraient des prospections complémentaires.

Le zonage de type II englobe les zones abiotiques naturelles, permanentes ou transitoires de haute montagne, ou les éboulis instables correspondant à des milieux faiblement perturbés

Il souligne particulièrement les fonctionnalités naturelles liées à la préservation des populations animales ou végétales :

- en tant que zone d’alimentation ou de reproduction pour de multiples espèces, dont celles précédemment citées, ainsi que d’autres exigeant un large domaine vital (Cerf élaphe, Bouquetin des Alpes, Aigle royal, Loup, Vautour fauve…) ;

- à travers les connections existant avec d’autres massifs voisins (Diois, Obiou, autres ensembles naturels du Vercors…) ;

- il met enfin en exergue la sensibilité particulière de la faune souterraine, tributaire des réseaux karstiques et très dépendante de la qualité des eaux provenant du bassin versant. La sur-fréquentation des grottes, le vandalisme des concrétions peuvent également rendre le milieu inapte à la vie des espèces souterraines.

L’ensemble présente par ailleurs un évident intérêt paysager (il est cité comme exceptionnel dans l’inventaire régional des paysages).

Cet intérêt est également d’ordre géomorphologique (avec des formations karstiques parmi les plus étendues de France) et biogéographique ( présence d’éléments de flore et de faune témoignant d’apports méditerranéens, alpins, voire pyrénéens).