Une spectaculaire colline, presque entièrement entourée de hautes falaises, domine de plus de 200 m le village de Gresse. L'accès au plateau se fait surtout depuis le Col, en gravissant la forte pente herbeuse. Du plateau, la vue porte loin : d'un côté, la vallée de la Méouge ; de l'autre, Saint-Auban-sur-Ouvèze. Cette remarquable position stratégique a présidé au choix de ce lieu pour la construction au onzième siècle de la forteresse des barons de Mévouillon. Un œil averti retrouve sur le plateau les vestiges de l'ancien fort. De nos jours, ces ruines sont toujours habitées par de prestigieux hôtes. Une colonie de Craves à bec rouge, la seule du département, s'est installée depuis de nombreuses années dans les falaises. Les craves exploitent les landes et pâturages, en recherchant à terre avec leur long bec les insectes dont ils se nourrissent. La présence de cette colonie est à rapprocher de celle de prairies humides à l'est du fort de Mévouillon. L'Aigle royal est observé de temps en temps, mais ne semble pas y nicher. Les falaises sont, il est vrai, parcourues de nombreuses voies d'escalade, qui peuvent avoir une influence sur la nidification des oiseaux rupestres. Le plateau est également utilisé comme aire de départ de vol libre. Le Hibou Petit-duc a été signalé sur les pentes vers Gresse. Son observation reste encore très vraisemblable actuellement. La flore du fort est mal connue, mais quelques espèces rares y ont été découvertes. La discrète Gagée des prés fleurie en mars sur le plateau sommital. Cette espèce des pelouses sèches et rocailleuses ne possède dans le département qu'une population réduite, disséminée sur les sommets des Baronnies. Les cultures extensives sous le fort permettent la floraison de certaines messicoles, comme la Grande Androsace ou l'Adonis flamme. Ces plantes sauvages affectionnent les champs non traités. A l'est du fort de Mévouillon, un réseau de ruisselets s'écoule de montagnes disposées en éventail, pour converger vers le ruisseau de Villefrance, affluent de la Méouge. Au nord de la Farette; l'humidité du sol se remarque aux nombreux et imposants saules et peupliers, plantés en haies, apportant à toute cette cuvette un remarquable aspect bocager, peu fréquent dans les Baronnies généralement arides. Quelques espèces particulières se rencontrent sur les milieux humides. La Chouette chevêche (ou Chevêche d’Athéna), en forte régression en France, peut être entendue les soirs de mars. Trois couples sont connus sur le secteur, ce qui en fait une densité remarquable, liée très certainement à la zone humide et à la présence de vieux arbres creux. Le Hibou Petit-duc, qui vit également aux abords du site, est un migrateur revenant courant mars sur ses territoires. Ce petit rapace nocturne se nourrit principalement d'insectes (coléoptères, sauterelles, papillons nocturnes…), plus fréquents sur les prairies humides. A certaines périodes de l'année, une petite mare se forme au bord de la rivière et vient inonder la partie basse des champs. Les agriculteurs ont également creusé quelques mares pour l'irrigation. Ces milieux humides sont remarquables pour les amphibiens, qui viennent y pondre (Crapaud calamite, Crapaud commun, Crapaud alyte). On remarque plus particulièrement le Pélodyte ponctué, connu de moins de dix stations dans le département. Le Bruant fou, le Bruant proyer et la Pie-grièche écorcheur se perchent volontiers sur les arbustes de la prairie et des pentes. Les uns pour chanter, les autres pour chasser. Le Traquet oreillard nichait il y a quelques années à la Farette. Cet oiseau des garrigues méditerranéennes, en forte régression, n'a, semble-t-il, pas été revu, tout comme les Moineaux soulcie. Le secteur est aussi fréquenté par le Vespertilion de Daubenton. Cette chauve-souris des rivières, capable de nager et de s'envoler depuis la surface de l'eau, a été vue sous un pont du ruisseau de la Farette. Il serait intéressant d'étudier quelles chauves-souris peuvent chasser sur les prairies humides.