Typique des milieux alluviaux du Rhône amont de Lyon, cette "lône" se développe en amont du pont de Jons aux limites départementales du Rhône et de l'Ain et de l’Isère, dans l'est lyonnais. C’est un bras du Rhône, ayant formé anciennement une île. Il conserve une diversité de milieux naturels à la fois humides et terrestres. Sur une cinquantaine d'hectares se développe une mosaïque de composée de milieux naturels., dont quatre caractérisant des zones humides (eaux dormantes et végétation flottante ou immergée, phragmitaies, cariçaies, saulaies) et six milieux naturels terrestres le long d'un gradient allant des forêts fluviales aux pelouses sèches dégradées en passant par les aulnaies - frênaies et la lande à argousier. Cet ensemble est complété par une chênaie-charmaie à sous-étage dense de Buis qui se développe sur une côtière marquant la limite aval du site à l'amont immédiat du pont de Jons en rive gauche du Rhône. Cette côtière se développe sur des affleurements de roche-mère calcaire. Cette lône est caractérisée par la présence de plusieurs types d’habitats naturels dont la protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation. Ainsi, les eaux dormantes et la végétation flottante et/ou immergée regroupent :- des eaux oligotrophes pauvres en calcaire (avec des communautés végétales amphibies pérennes, et des communautés amphibies méridionales),- des eaux mésotrophes (avec des tapis immergés de Characées). Associé au gradient global des milieux naturels humides et terrestres, leur diversité et leur complexité sur une surface relativement restreinte rendent l’intérêt écologique global de ce site particulièrement remarquable. C’est d’autant plus vrai que ce bras mort est situé en zone périurbaine, à moins d’une centaine de mètres en amont des premières habitations et à proximité immédiate d’un golf. Cette complexité de la dynamique des milieux naturels rejaillit sur la richesse des différents groupes d’espèces présents. C’est le cas aussi bien pour la flore que la faune. En matière de flore, il est nécessaire de mentionner la présence d’une station de plusieurs orchidées, dont plus de 300 pieds de l'Orchis punaise, protégée au plan national, sur les pelouses sèches à l’extrême est du site. L’Utriculaire vulgaire est quant à elle présente dans la partie aval, tandis que la Renoncule scélérate peut être observée en bord de Rhône. La Laîche faux-souchet peuple tous les bras secondaires bordant la lône. La faune est très diversifiée. S'agissant des poissons, citons la présence remarquable du Toxostome et de la Bouvière, espèces vulnérables à l’échelle nationale. Il convient de mentionner également la présence du Chabot, de l’Epinoche et du Brochet. Parmi les amphibiens, les concerts matinaux signalent dès la fin du mois de mars, la présence d'une bonne population de Rainette verte, qui apprécie les eaux lentes de la partie aval du site ainsi que les roselières inondées. Le peuplement ornithologique est composé de plus de quatre vingt espèces, ce qui est exceptionnel en zone périurbaine. De plus l’intérêt naturaliste de cette communauté est encore renforcé par la présence de dix-huit espèces remarquables. Parmi celle ci, on peut citer la présence de quatre espèces d’ardéidés (famille des hérons) : le Blongios nain (avec l'un des très rares couples nicheurs du département du Rhône), le Bihoreau gris, l’Aigrette garzette, et à un moindre degré une belle colonie (forte de vingt six nids en 2000) de Héron cendré. Les phragmitaies (roselière à phragmites) abritent plusieurs espèces de fauvettes aquatiques, en particulier deux couples de Rousserolle turdoïde dans la partie aval de la lône ainsi que trois couples de Bouscarle de cetti, espèce d’affinité méditerranéenne proche de sa limite septentrionale de répartition. Les cariçaies (formations végétales dominées par les laîches) accueillent au moins encore un couple de Phragmite des joncs, dont la reproduction reste à confirmer. Deux couples de Martin-pêcheur utilisent l’ensemble de la lône. La présence sporadique du Faucon hobereau est notée, alors que parmi les nocturnes un couple de Grand - duc d’Europe se reproduit régulièrement à même le sol, dans la côtière au-dessus de la lône et à moins de cent mètres des habitations. Enfin, il convient de signaler la présence d’une colonie de Moineau friquet à l’aval du site. La situation du site et les milieux naturels qui le composent en font un paysage naturel exceptionnel, dont la beauté n’a de pair que la discrétion. L'enjeu majeur consiste à concilier une forte fréquentation avec la richesse écologique de ces milieux.