ZNIEFF 820031567
HAUT FAUCIGNY

(n° regional: 7417)

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Cet ensemble naturel de premier ordre culmine au Buet à près de 3100 m d’altitude. Il regroupe les sommets du haut Faucigny, placés en tête de la vallée du Gifffre et qui se poursuivent au nord par les Dents du Midi. Il jouxte le massif des Aiguilles Rouges : ces deux unités sont ainsi totalement jointives, bien qu’elles soient très distinctes du point de vue géologique.

En effet, le Haut Faucigny se rattache aux massifs subalpins, ses plis prolongeant ceux des Bornes de l’autre côté de la vallée de l’Arve.

Vers l’est, les puissantes couches sédimentaires sont soulevées et déblayées, mettant à nu le socle cristallin du massif des Aiguilles Rouges (ce dernier constitue un satellite occidental de celui du Mont Blanc, et appartient donc par contre au domaine cristallin externe).

Il en résulte, aux confins orientaux de la zone décrite, un contraste brutal dans la nature des substrats qui influe directement sur la composition floristique.

C’est là l’un des critères de la très grande diversité biologique locale, qui concerne autant les habitats naturels que la faune ou la flore.

Y contribuent aussi la vigueur des reliefs et la variété des expositions, ainsi qu’une situation géographique qui place le haut-Giffre en limite occidentale de répartition pour certaines espèces caractéristiques de Alpes centrales.

Les étages subalpin et alpin sont ici particulièrement bien représentés ; les pratiques pastorales contribuent également à la diversité des paysages et des milieux.

Les paysages locaux illustrent de façon saisissante l’empreinte glaciaire (cirques de la haute vallée du Giffre…), aussi bien que le modelé karstique d’altitude (Platé...).

Pour ne citer que quelques points forts en matière de patrimoine biologique, on peut évoquer en matière d’habitats les dalles rocheuses. La flore est riche d’espèces remarquables tant en ce qui concerne les plantes forestières ou celles des formations à grandes herbes, les « mégaphorbiaies » (Aconit napel et paniculé, Ancolie des Alpes, Racine de corail, Listère à feuilles cordées, Pyrole à une fleur, Sabot de Vénus, Chardon bleu…), celles des zones humides (Laîche de Magellan, Laîche pauciflore, Linaigrette engainée, Scirpe de Hudson…), ou des secteurs rocheux (Genévrier sabine, Primevère oreille d’ours) et d’altitude (Achillée noirâtre des massifs subalpins orientaux, Androsaces de Suisse et pubescente, Orchis nain, Drave de Fladniz…).

La faune est remarquablement représentée parmi les mammifères (Cerf élaphe, Bouquetin des Alpes, Chamois, Musaraigne alpine, chiroptères…), les insectes (papillons Apollon et Petit Apollon, Azurés de la canneberge et de la croisette, Thécla de l’Orme…), les reptiles et batraciens (Couleuvre d’Esculape …).

Certaine espèces à répartition orientale parviennent ici en limite de leur aire ; c’est vrai parmi les plantes (Aposéris fétide…) et les animaux (Salamandre noire, cette dernière possédant ici ses seules localités françaises connues à ce jour).

Les impressionnantes parois calcaires qui dominent les vallées de l’Arve et du Giffre sont particulièrement favorables à l’avifaune rupicole (Chocard à bec jaune, Faucon pèlerin, Tichodrome échelette…). Elles sont propices à l'installation du Gypaète barbu, espèce emblématique qui fréquente assidûment les lieux.

Les galliformes de montagne sont particulièrement bien représentés. En effet, si la présence du Grand Tétras (espèce en régression généralisée et qui peut malheureusement dorénavant être considérée comme pratiquement éteinte dans les Alpes françaises) n’est plus dans le meilleurs des cas que résiduelle, toutes les autres espèces appartenant à ce groupe sont encore observables ici.

Ceci justifie que le haut-Giffre soit inventorié au titre des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO).

Le secteur abrite enfin un karst alpin d’altitude. Ce type de karst se développe dans les calcaires ou les dolomies de l’urgonien ou du sénonien. Les précipitations sont élevées et les phénomènes de dissolution importants, contribuant à la formation de réseaux spéléologique profonds (plus de 1000 m). L’empreinte glaciaire peut être également très déterminante.

Ainsi, le réseau spéléologique Jean-Bernard, qui se développe au nord de Sixt, est l’un des plus profonds (1 600 m ) connus à ce jour dans le monde.

Le zonage de type II souligne les multiples interactions existant au sein de cet ensemble, dont les espaces les plus représentatifs en terme d’habitats ou d’espèces remarquables (écosystèmes montagnards pastoraux, forestiers ou rocheux, karst, zones humides, torrents…) sont retranscrits à travers un fort pourcentage de superficie en zones de type I.

Il englobe les zones abiotiques naturelles, permanentes ou transitoires de haute montagne, ou les éboulis instables correspondant à des milieux faiblement artificialisés.

Il souligne particulièrement les fonctionnalités naturelles liées à la préservation des populations animales ou végétales :

- en tant que zone d’alimentation ou de reproduction pour de multiples espèces, dont celles précédemment citées, ainsi que d’autres exigeant un large domaine vital (Cerf élaphe, Bouquetin des Alpes, Aigle royal, Gypaète barbu…) ;

- à travers les connections multiples existant avec d’autres massifs voisins (Dents du Midi, Chablais, Aiguilles Rouges…).

- il met enfin en exergue la sensibilité particulière de la faune souterraine, tributaire des réseaux karstiques et très dépendante de la qualité des eaux provenant du bassin versant. La sur-fréquentation des grottes, le vandalisme des concrétions peuvent de plus rendre le milieu inapte à la vie des espèces souterraines.

L’ensemble présente par ailleurs un évident intérêt paysager (il est cité en partie comme exceptionnel dans l’inventaire régional des paysages, avec entre autres les sites classés du Cirque du Fer à Cheval et du Désert de Platé).

Cet intérêt est tout autant géologique et géomorphologique (avec notamment le rocher des Fiz et le célèbre Désert de Platé cités à l’inventaire des sites géologiques remarquables de la région Rhône-Alpes), et scientifique compte-tenu de son intérêt en matière de recherche appliquée (karstologie d’altitude, sédimentologie des lacs de montagne…).

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