ZNIEFF 820032418
Hautes Chaumes du Forez

(n° regional: 42080028)

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Evoquer les hautes chaumes du Forez, c’est parler d’une mosaïque de milieux ouverts (landes, pelouses, prairies, formations à hautes herbes, tourbières…). Ceux-ci ont été façonnés par l’activité pastorale qui les a créés et entretenus depuis les premiers défrichements effectués par les moines au douzième siècle. Aujourd’hui encore, ils conservent une richesse écologique exceptionnelle, dont la protection est désormais considérée comme un enjeu européenSur le plan géomorphologique et géologique, les hautes chaumes du Forez correspondent à un vaste bloc granitique hétérogène, érodé à l’époque secondaire puis surélevé au tertiaire. Ce horst (terme qui désigne un compartiment géologique soulevé par les mouvements tectoniques) apparaît de nos jours sous la forme de vastes croupes arrondies, où le granite est omniprésent. Au contact de failles, quelques remontées volcaniques ont eu lieu ; elles introduisent des éléments de diversité supplémentaires, comme le neck (pointement correspondant aux ruines d'une ancienne cheminée volcanique) de Pierre Bazanne, à la roche basaltique plus basique. Ce substrat particulier permet d'ailleurs l’installation d’une mousse rare dans la tourbière en contrebas : Hamatocaulis vernicosus (anciennement Drepanocladus vernicosus), espèce dont la protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation. En matière climatique, les hautes chaumes sont marquées par de fortes précipitations (plus de 1500 mm d’eau par an sur les sommets) et des températures basses, avec près de deux cents jours de gel par an. La présence de neige durant six à huit mois de l’année, conjuguée au vent d’ouest permet l’installation de congères tardives qui persistent parfois jusqu’au début de l’été. L’ensemble de ces caractéristiques physiques explique la présence de milieux naturels particuliers hébergeant une faune et une flore adaptée à ces conditions. On peut ainsi distinguer sur les hautes chaumes cinq grands types de milieux naturels de grand intérêt :- les landes montagnardes et subalpines,- les pelouses d’altitude,- les prairies de fauche,- les mégaphorbiaies (formations à hautes herbes),- les tourbières. Le paysage est complété par des chaos rocheux, des ruisseaux et surtout par des boisements plus diffus de pins, bouleaux, sorbiers, hêtres, sapins ainsi que par quelques plantations plus récentes de résineux (épicéa principalement). Les landes mêlent les arbrisseaux bas et les graminées comme la Canche flexueuse et les fétuques. Elles occupent la plus grande superficie. Si leur diversité floristique est relativement faible, leur fonctionnement cyclique assure le maintien d'une mosaïque de milieux naturels très originaux. Dominées par la Callune, la Myrtille et le Genêt poilu, elles abritent des plantes très rare comme l’Homogyne des Alpes, dont c'est l'unique station connue dans le Massif-Central. Les lycopodes sont ici bien représentés avec six espèces différentes sur les neuf présentes en France. Parmi celles ici présentes, deux sont particulièrement rares : le Lycopode des Alpes (protégé en France), et l'hybride récemment décrit entre ce dernier et le Lycopode à trois épis (Diphasiastrum X oellgardii). Une septième espèce semble par contre avoir disparu : le Lycopode petit-cyprès, découvert près du rocher de l’Olme au dix-neuvième siècle, et non revu depuis. Les landes sont également favorables à la faune, et singulièrement aux oiseaux. Dans la lande subalpine, au-dessus de 1500 m d'altitude, là où dominent l’Airelle des marais et l’Alchémille des rochers, on peut régulièrement voir le Pipit spioncelle qui accompagne en altitude le Monticole de roche. Ce dernier est un merle montagnard farouche et solitaire ; il est observé tous les ans sur les pierriers de Pavé ou de la Chapelle. Le Pipit farlouse est lui abondant dans les landes en contrebas. C’est également le domaine du Traquet motteux, nicheur assez rare. Ses effectifs semblent être en diminution. Enfin, certains rapaces viennent chasser sur ces secteurs. C’est le cas des Busards cendré et Saint-Martin ou du Circaète Jean-le-Blanc, à la recherche d’un serpent dont il est friand. Parmi les milieux les plus originaux, les tourbières sont plus localisées mais elles occupent une bonne surface. Dans le département de la Loire, quarante deux tourbières ont été recensées, ce qui représente l’un des plus grands ensembles de tourbières en France. Certaines plantes protégées sont ici bien représentées. C’est le cas de l’Andromède à feuille de polium qui colonise les bombements de sphaignes bien éclairés, ou de la Grassette à grandes fleurs, une plante carnivore. C’est aussi le cas de plusieurs laîches, comme la Laîche pauciflore et la Laîche des bourbiers. La Laîche filiforme est quant à elle beaucoup plus localisée ici ; on la retrouve dans des zones moins acides, où l'écoulement des eaux favorise la minéralisation. Protégée en région Rhône-Alpes, elle très rare dans le département de la Loire. Les tourbières abritent également des insectes très spécialisés, et donc rares. Le Nacré de la canneberge dispose ici d’un de ses rares bastions régionaux. Comme son nom l’indique, ce papillon pond sur la canneberge, une plante qu’il trouve en "hauts-marais", mais il fréquente également les "bas-marais" qui hébergent le Cirse des marais et la Potentille des marais (ou Comaret), ses plantes nourricières préférées (les hauts-marais se forment grâce à l'action de mousses spécifiques, les sphaignes. Tandis que croît la partie supérieure de la mousse, sa partie inférieure périt et se transforme en tourbe. C’est ainsi que se forme lentement une épaisse couche de tourbe, qui s’élève au-dessus de la nappe phréatique. Les bas-marais restent quant à eux tout ou partie alimentés par la nappe phréatique). Dans les tourbières en gradins, comme aux Grands Chars, les "gouilles" et mares d’altitude sont favorables à la Leuccorhine douteuse, une libellule très rare dans le département. Il serait trop long d’aborder toutes les richesses biologiques d'un tel site. Evoquons donc en dernier lieu ces formations de hautes herbes appelées "mégaphorbiaies". Elles offrent en été des couleurs chatoyantes et variées, du lilas de l’Adénostyle à feuilles d’alliaire aux grandes fleurs jaunes du Doronic d’Autriche. C’est également ici que l’on pourra voir le magnifique Lys martagon, espèce dont le ramassage ou la récolte sont interdits dans la Loire.

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