ZNIEFF 930012347
L'OUVÈZE

(n° régional : 84113100)

Commentaires généraux

Description de la zone

L’Ouvèze, affluent rive gauche du Rhône est, avec l’Aygues et le Lez, l’un des trois cours d’eau qui structurent le Haut Comtat. À partir du moment où il devient vauclusien, lorsqu’il reçoit le Toulourenc et jusqu'à Bédarrides, il s’écoule sur environ 60 km, d’abord en piémont nord du mont Ventoux et des Dentelles de Montmirail. Puis il pénètre dans la plaine alluviale comtadine pour se jeter dans le Rhône en aval de la ville de Sorgues. L’assise géologique est constituée d’alluvions fluviatiles parfois grossières ainsi que de terrains argilo limoneux.

L’Ouvèze est un cours d’eau en tresse à bande active très large, à forte charge et à régime torrentiel de type méditerranéen. En raison de la localisation et de la configuration de son bassin versant amont, ce cours d’eau est affecté régulièrement par des crues qui, sans atteindre l’amplitude dévastatrice de celles de 1992, peuvent néanmoins être violentes et occasionner des pertes de biens.

Habituellement pérenne, l’Ouvèze peut, en période estivale, avoir un étiage très réduit et même se retrouver en assec sur certains tronçons de son cours. Son écoulement superficiel inexistant est alors remplacé par un cours souterrain.

Bien que situé entièrement en région méditerranéenne, la végétation de l’Ouvèze vauclusien bénéficie d’une position de carrefour biogéographique. Son caractère de cours d’eau non exclusivement méditerranéen est renforcé par l’existence d’un gradient amont aval, surtout sensible au niveau des formations arborescentes (les formations herbacées ripicoles sont, elles, presque totalement homogènes). La forêt riveraine pionnière méditerranéenne à peupliers couvre l’ensemble du lit majeur de la totalité de l’Ouvèze vauclusien, mais avec des lacunes parfois importantes. Elle est composée d’espèces arborescentes et arbustives à croissance rapide, qui connaissent régulièrement des phases de destruction en fonction de la fréquence des crues et des fluctuations de la nappe phréatique. De ce fait, elle ne peut jamais évoluer vers des formations matures. De plus, sur l’Ouvèze, les épisodes de crues des années 1990 ont modifié l’alluvionnement (avec exhaussement de la bande active sur certains secteurs) et l’érosion (avec création de berges et anses d’érosion), ce qui a eu pour conséquence d’affecter les dynamiques végétales et la composition floristique des milieux.

Flore et habitats naturels

En raison de sa localisation, la ripisylve du Populetum albae semble parfois luxuriante, mais la composition floristique y est toujours réduite, même si les espèces montagnardes apportent une certaine diversité. Les formations à hydrophytes et à hélophytes sont moins développées que sur d’autres cours d’eau de même nature car les habitats favorables y sont toujours rares. Les lits de graviers du Glaucion flavi occupent d’importantes surfaces mais ils sont souvent colonisés par un fort contingent d’espèces naturalisées.

Faune

Ce cours d’eau de type montagnard possède un cortège faunistique intéressant de 24 espèces animales patrimoniales dont 6 espèces déterminantes.

La faune locale de vertébrés est surtout liée aux milieux aquatiques et rivulaires.

Chez les mammifères citons le Castor d’Europe, qui fréquente régulièrement ce secteur et la Loutre, en expansion en PACA, présente dans la partie aval de l’Ouvèze.

Le Pélodyte ponctué est présent de manière localisée.

La Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb est présente dans les milieux bien exposés du site.

Les oiseaux nicheurs comptent quelques représentants intéressants comme le Petit Gravelot (environ dix couples reproducteurs), le Petit duc scops, le Martin pêcheur d’Europe, le Guêpier d’Europe (colonies d’une centaine de couples nicheurs au total), l’Aigrette Garzette, le Rollier d’Europe, le Pic épeichette, l’Hirondelle de rivage, le Cincle plongeur et le Circaète Jean-Le-Blanc.

L’Apron, l’un des poissons d’eau douce actuellement les plus menacés en France, était présent historiquement (dernière observation en 1979) de sa confluence jusqu’à Vaison la Romaine (Boutiti, 1984). Sa présence actuelle sur le site est désormais peu probable, les prospections récentes (2006) se sont révélés infructueuses. L’Anguille d’Europe fréquentait également ce cours d’eau (dernière observation en 1979). Sa présence actuelle reste à vérifier. L’Ouvèze est encore habitée de manière certaine par le Toxostome (Ouvèze amont) et le Barbeau méridional (présent dans l’Ouvèze de Vaison la Romaine  jusqu’à Mollans sur Ouvèze).

L’entomofaune locale est représentée par l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable et protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonate, protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres rivulaires des cours d’eau de plaine et certains lacs bordés par la ripisylve.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF prend en considération l’ensemble de la bande active et du corridor végétal. En revanche, le cours inférieur de l’Ouvèze, en aval de Bédarrides n’a pas été retenu en raison du niveau d’artificialisation trop élevé.

Les limites extérieures de la ZNIEFF s’appuient sur l’avancée extrême de la ripisylve. Les cultures, les sites trop urbanisés ainsi que les exploitations de gravier ont été exclus de la ZNIEFF.