Commentaire général
Vaste ensemble de sansouïres et jonchaies maritimes, en bordure de l’étang de Berre, et de marais d’eau douce à faiblement saumâtre à la Petite Camargue avec, notamment, une roselière étendue refuge d’une avifaune variée.
Flore et habitats naturelsL’ibérique Cochlearia glastifolia et la Scorsonère à petite fleur y ont été notées récemment en bordure de roselière. La présence actuelle de de l’Orchis des marais (Anacamptis palustris) est très probable dans la mesure où les habitats où elles furent rencontrées sont toujours présents. La végétation de la zone saumâtre est variée bien que classique de ce type de situation, avec de vastes zones à Salicornes vivaces, des jonchaies maritimes, des dépressions à Plantago crassifolia etc. Le bourrelet coquillier des rives de l’étang de Berre permet le développement des groupements à Spirobassia hirsuta (Suaedo maritimae Bassietum hirsutae), devenu très local en Provence. En effet, il n’est plus présent que sur les rives de l’étang de Berre et en Camargue.
Faune
Ce site accueille plus de 60 espèces d’intérêt patrimonial, dont 30 sont déterminantes.
Les Palous de Saint-Chamas abritent une avifaune nicheuse aquatique et paludicole très diversifiée avec des espèces déterminantes comme, la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), la Nette rousse (Netta netta), les Sternes naines (Sterna albifrons) et pierregarin (Sterna hirundo), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Héron pourpré (Ardea purpurea) ainsi qu’avec des espèces remarquables telles que la Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), et l’Huitrier pie (Haematopus ostralegus).
Citons également la présence de nombreuses espèces déterminantes non nicheuses mais hivernantes et migratrices de passage : le Crabier chevelu (Ardeola ralloides) possiblement nicheur mais sporadique, le Butor étoilé (Botaurus stellaris) qui après avoir niché dans les années 80, hiverne et transite de plus en plus fréquemment ces dernières années suite à la gestion du niveau d’eau de la roselière de la Petite Camargue, le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis) pour lequel l’étang de Berre est un des plus gros site d’hivernage en France et dont la reproduction est exceptionnelle dans les Bouches du Rhône et dans la moitié sud de la France, le Goéland railleur (Chroicocephalus genei), la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) et le Flamant rose (Phoenicopterus roseus).
L’intérêt ornithologique du site est encore renforcé par la présence de plusieurs espèces déterminantes de milieux ouverts : Coucou geai (Clamator glandarius), Rollier d’Europe (Coracias garrulus), Pie grièche à tête rousse (Lanius senator) et Cigogne blanche (Ciconia ciconia).Le site représente une zone de chasse favorable pour la colonie de Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccini) située à proximité dans le massif de Lançon de Provence.
C’est aussi l’une des rares stations de Blennie fluviatile (Salaria fluviatilis), petit poisson endémique du bassin Rhône-Méditerranée.
Les amphibiens sont représentés par la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), espèce déterminante Ibérique rare et en limite de répartition en PACA, présente surtout en Camargue et dans de rares stations dans le Var et les reptiles par trois espèces remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.
Grâce à la formidable mosaïque d’habitats qu’offre le site, les cortèges d’arthropodes sont exceptionnellement diversifiés sur une petite superficie. Le cordon coquiller recèle une espèce déterminante d’un grand intérêt pour le site, le Perce oreille maritime (Anisolabis maritima), rare, en régression et strictement localisée à certaines plages littorales.
La dune fixée en arrière du cordon coquiller abrite le Criquet des dunes (Calephorus compressornis), une espèce rare et en extrême limite d’aire strictement inféodée aux arrières dunes littorales et fluviales et deux espèces remarquables : l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus), un neuroptère qui affectionne les surfaces ouvertes avec une strate herbacée dense, et la Decticelle à serpes (Platycleis falx), une sauterelle méditerranéenne en extrême limite d’aire qui affectionne les bordures asséchées des marais littoraux.
Les prairies humides et les ceintures marécageuses sont peuplées par le Grillon coléoptère (Trigonidium cicindeloides), espèce déterminante d’orthoptères d’affinité thermo-méditerranéenne, très localisée en France continentale à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral, de Marseille aux Alpes-Maritimes, la Decticelle des ruisseaux (Roeseliana azami), sauterelle endémique du sud-est de la France, le Criquet tricolore (Paracinema tricolor bisignata), élément strictement méditerranéen qui affectionne les marais littoraux, le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce eurosibérienne des prairies humides et rare au niveau régional, et la Diane (Zerynthia polyxena), papillon méditerranéo asiatique des prairies humides et bordures alluviales où croît sa plante hôte locale (Aristoloche à feuilles rondes Aristolochia rotunda). Notons également la présence du Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), sauterelle déterminante strictement hygrophile, globalement rare et localisée qui se trouve ici dans sa première station connue en dehors de la Camargue.
Dans la sansouïre se trouve deux espèce déterminante, l’araignée Cyrtarachne ixoides, une espèce d’Araneidés, rare, très discrète et en limite d’aire de répartition en PACA et la Courtilière du littoral (Gryllotalpa septemdecimchromosomica) une espèce méditerranéenne rare et menacée. Citons aussi la présence d’une espèce remarquable, la Cicindèle des marais (Cylindera paludosa), un coléoptère Carabidae inféodé aux surfaces de terres à nues s’asséchant dès la fin du printemps sur lesquelles elle chasse de petites proies à l’état larvaire comme à l’état adulte.
Dans le marais, se trouvent l’Aeshne printanière (Brachytron pratense), libellule médio européenne peu commune et localisée ainsi que l’Agrion joli (Coenagrion pulchellum), dont la population locale semble en forte régression. C’est également dans le marais que Dolomedes plantarius, espèce déterminante d’araignée rare et en régression, semble avoirdisparue (non observée depuis 1987).
Dans les milieux de sources, citons l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable d’odonate lié aux eaux courantes claires et ensoleillées généralement peuplées d’hydrophytes. C’est dans ce même habitat que l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce déterminante rare et exigeante, n’a plus été observé depuis 1987.
Quant aux eaux courantes calmes et eutrophes de la Touloubre, elles sont colonisées par deux espèces remarquables d’odonates, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) et le Gomphe similaire (Gomphus similimus).
Dans les pelouses sèches, citons l'Hespérie de la ballotte (Carcharodus baeticus), espèce déterminante de Lépidoptère Hespériidés d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare). Elle est accompagnée par le Grand fourmilion (Palpares libelluloides) neuroptère remarquable assez commun dans les Bouches du Rhône mais toujours localisé aux steppes et autres formations herbacées maigres et par la Scolopendre ceinturée (Scolopendra cingulata), imposant chilopode (« mille pattes ») limité en France à la bordure méditerranéenne.
Limites englobant l’ensemble des habitats palustres et saumâtres de part et d’autre de l’embouchure de la Touloubre. Ne sont donc pas inclus les zones agricoles et les garrigues voisines.