ZNIEFF 930012460
MONTAGNE DE MARSEILLEVEYRE

(n° regional: 13124100)

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Commentaire général
Marseilleveyre est une petite montagne d’aspect très dénudé, comme le massif voisin des Calanques. L’Helianthemo Ericetum multiflorae occupe le versant sud. Le Quercetum cocciferae n’occupe que le versant nord, ce qui témoigne, selon Molinier, d’une xéricité plus importante encore que sur le massif de la Nerthe. La pinède à Pin d’Alep et la chênaie verte se réfugient au bas du versant nord.

Flore et habitats naturels
Sur la côte rocheuse se développent les associations des falaises calcaires méditerranéennes aérohalines. On y retrouve entre 6 et 8 m d’altitude environ l’association la plus halophile sur l’ensemble du littoral rocheux étudié: le Crithmo Limonietum pseudominuti avec Crithmum maritimum, Limonium pseudominutum, Sedum litoreum,Senecio leucanthemifolius, Sonchus glaucescens, Lotus cytisoides, Euphorbia pithyusa, E. pinea. Elle peut toutefois remonter assez loin dans les terres.
Le Frankenio Camphorosmetum monspeliacae se place en retrait dans les poches sableuses avec Frankenia laevis, Camphorosma monspeliaca, Anthemis secundiramea subsp. secundiramea.
Le Catapodio Silenetum sedoidis, avec Catapodium marinum  et Silene sedoides, se trouve plus ou moins intriqué dans cette association.
La ceinture supérieure de végétation est celle de l’Astragalo Plantaginetum subulatae avec Astragalus tragacantha (= A. massiliensis), Plantago subulata, Thymelea tartonraira et Teucrium polium subsp. purpurascens. Cette association se situe ici entre Le Mont Rose et la Calanque des Marseillais, jusqu'à 50 m d’altitude environ.
L’Astragale de Marseille est une espèce de sténoméditerranéenne occidentale. Son aire est discontinue et selon Valsecchi, on peut reconnaître au sein de cette espèce linnéenne trois entités, dont A. tragacantha sensu stricto, endémique franco ibérique. Celle ci possède trois autres stations dans le Var, et a récemment été découverte au bec de l’Aigle à La Ciotat. Elle existe aussi en Espagne et au Portugal.
Sur les rochers maritimes Decrock avait observé Asplenium marinum, entre Montredon et le Cap Croisette. Elle n’y a plus été revue depuis les années 1930. En région méditerranéenne française elle n’existe qu’à Argelès (Pyrénées orientales), Hyères aux îles (Var), et sur le massif des Calanques.
L’Helianthemo Ericetum multiflorae est à son optimum à la sablière d’Anjarre, sur la face nord du massif. C’est une colline de sables dolomitiques, alimentée en plus par des sables éoliens à partir des plages du Prado et de la Pointe Rouge. Il y figure un Ammophiletum « aberrant » (selon une expression de Molinier). Il est cependant bien caractérisé par Ammophila arenaria, Stachys maritima en plus des psammophiles Phleum arenarium, Polygonum robertii, Thymelea tartonraira et Astragalus tragacantha.
Les éboulis colonisés par le Linario supinae Gouffeietum arenarioidis sont répartis sur l’ensemble de la montagne. On relève entre les pierres Arenaria provincialis (endémique provençale, entre Marseille et Toulon), Laserpitium gallicum, Ptychotis saxifraga, Linaria supina, Cephalaria leucantha, Melica minuta, Centranthus calcitrapa, Crucianella latifolia, Scrophularia provincialis et  Teucrium flavum
Les rochers ombragés abritent parmi les plus belles stations d'Asplenium sagittatum de France continentale. Cette scolopendre se situe toujours à proximité du littoral méditerranéen. On la trouve aussi dans l’archipel de Riou, dans quelque puits de Crau sèche et sur les calcaires de Bonifacio (Corse). Elle survie de manière extrêmement précaire au Cap d’Antibes (Alpes Maritimes).

Faune
Ce site renferme vingt espèces d’intérêt patrimonial dont neuf sont déterminantes.
La montagne de Marseilleveyre abrite un gîte de transit à Minioptères (Miniopterus schreibersii) où l’on observe parfois quelques individus isolés de Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum). On rencontre le Vespère de Savi (Hypsugo savii) et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèces remarquable rupicoles d’affinité méridionale, qui trouvent leurs gîtes en milieux rocheux (falaises). L’avifaune nicheuse intéressante est surtout liée aux milieux rupestres : Faucon pèlerin (Falco peregrinus) (1 couple), Grand Duc d’Europe (Bubo bubo), Martinet pâle (Apus pallidus), Monticole bleu (Monticola solitarius).
En ce qui concerne les invertébrés, deux espèces déterminantes sont actuellement connues, le Marbré de Lusitanie (Euchloe tagis bellezina), espèce déterminante très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata et l'Herminie marseillaise (Orectis massiliensis). Une autre espèce a vraisemblablement disparu, la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce déterminante de papillon de jour en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var. On peut également citer une autre espèce déterminante vue pour la dernière fois en 1920 par le docteur Pierre SIEPI, la Noctuelle sablonneuse (Lacanobia blenna).
Parmi les espèces remarquables on peut citer la présence d’Insectes rares comme Duvalius auberti et Duvalius raymondi, Scaurus tristis, ainsi que celle du Myriapode Stygioglomeris provincialis.

Comments on the delimitation

La Montagne de Marseilleveyre est traitée à part du massif voisin des Calanques en raison de :
- la répartition des populations d’espèces de faune, de flore : trois couples de Grand-duc et un couple de Faucon pèlerin nichent et chassent sur le massif. Phyllitis sagittata, fougère des rochers maritimes, se retrouve sur l’ensemble de la montagne, alors qu’elle est exceptionnelle et de découverte très récente dans les Calanques. Cette répartition traduit l’importance de l’influence marine sur ce massif, moins élevé que celui des Calanques. De façon générale la flore y est plus diversifiée.
- la répartition des habitats.
- le degré d’artificialisation justifie les limites au nord et au nord ouest de la Z.N.I.E.F.F. : l’agglomération marseillaise s’arrête exactement au pied du massif. Les carrières sont évitées tant qu’aucune espèce déterminante de faune n’y est signalée.
- la géomorphologie : la Montagne de Marseilleveyre constitue une entité géomorphologique, que l’on peut facilement individualiser du massif voisin (ici au niveau de la crête de Sormiou).
- les formations végétales : du fait de cette altitude faible, les formations végétales dominantes sont peu différenciées (Helianthemo Ericetum sur un versant, Quercetum cocciferae sur l’autre).