ZNIEFF 930012464
CRÊTES ET UBACS DE LA SAINTE-BAUME - HAUTS DU VALLON DE SAINT-PONS

(n° regional: 13121136)

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Description de la zone
Cette ZNIEFF intéresse le cœur du Massif de la Sainte-Baume, les hauts versants de la chaîne principale et dans la partie ouest bucco-rhodanienne, elle se prolonge sur le haut vallon de Saint Pons, ses dépendances et le vallon des Crides. Site exceptionnel présentant une grande variété d’habitats allant des milieux rupestres remarquables, en particulier des lapiaz et des éboulis à une ancienne forêt climacique, dominée par les hêtres et caractérisé par la présence de nombreux chênes pubescents âgés, ainsi que de vieux ifs, érables et diverses autres essences. Actuellement classé en réserve biologique, ce boisement flanqué à l’ubac de la chaîne montagneuse est exceptionnellement préservé et unique en Provence. Cette forêt a bénéficié d’une protection au travers des siècles grâce au caractère sacré qu’elle revêt en abritant la grotte sanctuaire de Marie-Madelaine, haut-lieu de pèlerinage. Ce massif karstique relève de nombreuses grottes, gouffres et avens dont le gouffre du Petit Saint Cassien, le plus profond du département du Var, et l’aven de Gaspard de Besse.

Flore et habitats naturels
La flore de ce massif présente un caractère exceptionnel dans la région, avec plus de 30 % d’espèces d’origine euro sibérienne, medio européenne, eurasiatique ou alpine. Il est peu probable qu’en un autre point de Provence la flore comporte un pourcentage aussi élevé d’espèces à affinités septentrionales.
La même constatation peut être effectuée pour les mousses : Hylocomium splendens, Mnium marginatum, Timmia bavarica, etc, appartiennent à un “cortège de bryophytes nettement orophiles dans le sud est français, où elles ne deviennent fréquentes qu’au nord d’une ligne Aiguines Sospel”.
Le lapiaz de la crête abrite une végétation orophile et xérophile bien particulière et peu répandue en Provence. L’élément le plus remarquable est Genista lobelii qui couvre des surfaces importantes, mais les espèces suivantes peuvent également être rencontrées : Thalictrum minus, Hesperis laciniata, Iberis saxatliis, Arenaria aggregata, Arenaria modesta, arenaria provincialis (endémique provençale), Rhamnus alpina, Saxifraga fragosoi, Saxifraga callosa, Bupleurum ranunculoides subsp. telonense, Jurinea humilis, Serratula nudicaulis, Phyteuma orbiculare, Teucrium aureum, Daphne alpina, Chaenorrhinum origanifolium, Ephedra distachya.

Faune
Le massif de la Sainte-Baume possède un patrimoine faunistique exceptionnel avec 24 espèces déterminantes et 67 espèces remarquables.
Les crêtes et milieux rupestres présentent un grand intérêt pour la faune vertébrée. Mentionnons tout spécialement la reproduction de deux espèces déterminantes, dans la partie ouest du massif (Bouches-du-Rhône) deux couples d’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) et le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica). Un cortège typique d’espèces remarquables liées à ces milieux est représenté avec, la Genette (Genetta genetta), le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), le Grand-Duc d’Europe (Bubo bubo), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), les Monticoles bleu (Monticola solitarius) et de roche (Monticola saxatilis), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Bruant fou (Emberiza cia), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), la Fauvette orphée (Sylvia hortensis) et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana).
Du côté de l’herpétofaune, citons quatre espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des milieux ouverts et semi ouverts à affinité méditerranéenne, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux et le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce typique des garrigues avec mares et ruisseaux temporaires.
A signaler également la présence du Maillot de la Sainte-Baume (Granaria stabilei anceyi), sous-espèce déterminante et endémique localisée sur les massifs de la Sainte-Victoire, Sainte-Baume et aux alentours du Mont Aurélien. Elle fréquente les crêtes des montagnes provençales bien exposées où elle apprécie les falaises et autres rocailles calcaires.
Les crêtes abritent plusieurs espèces d’insectes rares en Provence. Parmi eux citons des papillons de jour déterminants comme le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde, liée à la présence de corydales et représentée localement par la sous-espèce cassiensis, endémique des crêtes de la Sainte-Baume, en forte régression et en cours de disparition dans la partie ouest du massif (Bouches-du-Rhône), le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques, dont les effectifs ont localement fortement chuté, la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en très forte régression en France et portée disparue localement, liée aux pieds de falaises et vieux murs où croît sa plante nourricière Parietaria judaica, l’Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare). Citons également des espèces remarquables comme l’Hermite (Chazara briseis), espèce en voie de disparition en Provence, liée à diverses graminées dans des milieux très ouverts et secs, ici sur les crêtes et le plateau du Plan d’Aups et le Louvet (Hyponephele lupina), espèce liée à diverses graminées dans les endroits arides, autrefois commun sur le Plan des vaches mais devenu rare. Le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), espèce déterminante de criquet ibéro provençal typique des milieux secs, arides et pierreux de l'étage montagnard méditerranéen est également connu du site. A noter aussi la présence de deux coléoptères remarquables de la famille des Cerambycidae, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale) et le Dorcadion meunier (Iberodorcadion molitor), dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques.
Les crêtes et les falaises de la chaîne de la Sainte Baume sont également réputées pour constituer la seule station mondiale d’une espèce déterminante de coléoptère Carabidés, le carabique Cymindis abeillei.
La forêt de la Sainte-Baume, d’affinité montagnarde, se caractérise par ses formations de vieux hêtres, chênes, érables et If, qui abritent chez les oiseaux l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), chez les chiroptères le Murin de Bechstein (Myotis beichsteinii), espèce déterminante liée aux forêts de feuillus âgées dotées d’un sous-bois dense avec des ruisseaux et des mares, considérée comme rare et menacée et un peuplement d’insectes saproxyliques à fort enjeu de conservation. Les coléoptères se distinguent par la présence de nombreux Cerambycidae déterminants comme Stictoleptura erythroptera, espèce vivant dans le bois mort des vieux arbres feuillus creux peuplant les forêts matures, très rare en France où ses plus belles populations se trouvent dans le sud-est, le Ropalope lombard (Ropalopus ungaricus gallicus), espèce rare inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présente en France presque exclusivement en région PACA, l'Officier trompeur (Necydalis ulmi), espèce cavicole dans les vieux feuillus d'Europe et du Caucase, devenue rare et localisée en France où ses plus grandes population restantes sont situées en région PACA, le Lepture à deux taches (Nustera distigma), espèce à larve saproxylique, d'affinité ouest-méditerranéenne à aire morcelée, dont les collines du Var rassemblent la principale population française, le Lepture dantesque (Pedostrangalia revestita), espèce dont la larve vit dans la carie rouge humide des vieux arbres feuillus, rendue rare et menacée sur toute sa répartition européenne par la disparition de son habitat, ou remarquables comme Chlorophorus glaucus, espèce à répartition limitée à la méditerranée occidentale, recherchant le bois sec dans les forêts thermophiles, cantonnée en France principalement au littoral varois, la Callidie violacée (Callidium violaceum), espèce eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle est discrète et localisée, le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations. Du côté des autres familles, citons la présence du Taupin violacé (Limoniscus violaceus), espèce déterminante très rare et inféodée aux gros arbres creux avec cavités au sol dans laquelle sa larve se développe, du Pique prune (Osmoderma eremita), espèce déterminante de la famille des cétoines, protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus, du Silphe à quatre points (Dendroxena quadrimaculata), espèce remarquable arboricole se nourrissant de la processionnaire du chêne, commun dans le nord de l'Europe mais rare et sporadique en région méditerranéenne, du Bostryche lichen (Lichenophanes varius), espèce déterminante des forêts matures de feuillus où elle est xylophage dans la carie blanche du bois mort, sporadique et à répartition morcelée de l'Europe au Moyen-Orient. Un grand nombre d’autres arthropodes complètent le cortège forestier, par exemple le Fourmilion panthère (Dendroleon pantherinus), espèce ni remarquable ni déterminante mais dont la larve colonise les mêmes cavités d’arbres occupées par le Pique-prune ou le « Mille-pattes » Lithobius delfossei, espèce remarquable orophile de Chilopodes, récemment décrite, endémique des Alpes et Préalpes françaises, dont la hêtraie de la Sainte-Baume constitue un isolat en Provence.
Un grand nombre d’autres arthropodes font la réputation du massif dans les autres milieux. Les hauts reliefs arides abritent un hyménoptère très rare en France, l'abeille Xylocopa cantabrita, espèce remarquable endémique d'Espagne et du Maroc, connue de deux stations pour la France. Chez les « milles-pattes », citons le Gloméris tacheté (Glomeris guttata), espèce déterminante de Diplopodes endémique de Provence dans les lieux chauds (garrigues et forêts claires) souvent sous les pierres. Chez les arachnides, citons la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), espèce remarquable d'affinité ouest méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier et le Scorpion languedocien (Buthus occitanus), espèce remarquable xéro thermophile d’affinité ouest méditerranéenne, peu commune et affectionnant les sols meubles voire sablonneux. Chez les orthoptères citons le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest méditerranéenne remarquable dont la sous espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés et l'Ephippigère de Provence (Ephippiger provincialis) ou « grosse boudrague », espèce remarquable et endémique provençale qui peuple les friches, bois clairs et clairières qu’elle anime de sa stridulation durant les chaudes journées d’été. A signaler également la présence de deux longicornes remarquables, Phytoecia rubropunctata, lié à deux Apiacées (Seseli montanum et Trinia glauca), à répartition limitée à l'Espagne, la France et l'Italie, et Plagionotus floralis, espèce euro-sibérienne des pelouses et garrigues présente en France principalement dans le quart sud-est, les reliefs du couloir rhodanien abritant l'essentiel de ses populations.
Les peuplements de lépidoptères sont très diversifiés et se distinguent par la présence d’espèces typiquement méditerranéennes qui côtoient des espèces d’affinité montagnarde, dont la Sainte-Baume constitue leur unique refuge provençal. Chez les « papillons de nuit » (hétérocères), les milieux arides sont colonisés par la Noctuelle pluviophile (Ulochlaena hirta), espèce déterminante de lépidoptère nocturne très localisée, inféodée à des graminées dans les habitats steppiques méditerranéens et la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce remarquable et protégée en Europe, rare en Provence, liée aux friches et lisières où croissent ses nombreuses plantes hôtes (surtout Prunellier et aubépine), dont la présence ancienne (1920, Siépi) n’a pas été actualisée sur le massif.
Parmi les « papillons de jour », signalons encore la présence du Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), espèce déterminante dont la sous espèce type (dolus) est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes, des sainfoins (Onobrychis ssp), de l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce déterminante d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles et dont la chenille vit sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), de l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, localement en voie de disparition, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches peuplés de serpolets et de sa principale fourmi hôte Myrmica sabuleti, la Thècle du frêne (Laesopis roboris), espèce méditerranéenne ibéro provençale liée aux ripisylves et fonds de vallons où croissent ses plantes hôtes, surtout des frênes, de la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest-méditerranéenne remarquable et protégée en France, liée à sa plante-hôte Aristolochia pistolochia dans les garrigues, friches, éboulis et bois clairs, de la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique remarquable, protégée au niveau européen, localisée sur le massif à certains boisements clairs en bordure de cours d’eau (sources de l’Huveaune et du Latay) où elle est inféodée à Aristolochia pistolochia, et de l'Hespérie de l'Herbe au vent (Sloperia proto), espèce remarquable d'affinité méditerranéenne, peu commune et localisée aux pelouses et friches sèches, dont la chenille se nourrit principalement de Phlomis herbaventi.
Parmi les innombrables coléoptères qui font la réputation du massif, restent à signaler deux espèces déterminantes et rares le charançon Trachyphloeus angustus et la chrysomèle Chrysolina obscurella.
Enfin, chez les neuroptères, les steppes et autres formations herbacées maigres et sèches sont colonisées par le Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable assez commune mais toujours localisée.

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Limites dictées par la topographie, la limite départementale et l'extension des populations animales et végétales. Elles englobent le ravin de St-Pons et la crête principale de la chaîne jusqu’au Baou Rouge.