ZNIEFF 930012485
PLATEAU DE SIOU-BLANC - FORÊT DOMANIALE DES MORIÈRES

(n° régional : 83206100)

Commentaires généraux

Commentaire général

Haut lieu touristique fréquenté des excursionnistes pour ses sites naturels. D’une manière générale le centre du plateau de Siou Blanc est particulièrement sauvage et peu boisé. En revanche, les pentes dominant le Gapeau entre Signes et Montrieux, puis entre Méounes et Solliès Toucas, comportent de gros massifs forestiers dont la forêt domaniale des Morières, ensemble forestier prestigieux et bien préservé.

La diversité du substratum explique les contrastes et la diversité biologique et paysagère constatée :

 - faciès dolomitique donnant des paysages ruiniformes dont les célèbres “Aiguilles de Valbelle”, mais permettant aussi la présence d’une flore silicicole,

 - calcaires compacts notamment de l’urgonien fortement entaillés par l’érosion déterminant un paysage karstique de lapiaz et d’éboulis, creusé d’avens et de nombreuses dolines dans lesquelles s’accumule l’argile rouge de décalcification.

Grand intérêt biologique de ce massif tant au niveau de l’avifaune et des mammifères, de l’entomofaune que de la flore.

Flore et habitats naturels

Très grande richesse botanique principalement liée à la diversité des substratums. Aux formations et aux espèces méditerranéennes s’ajoutent de nombreuses autres, plus septentrionales.

Nombreux groupements remarquables :

 - Forêt de chêne pubescent très riche, notamment autour de la Chartreuse de Montrieux, avec de nombreuses espèces de sorbiers (Sorbus aria, Sorbus domestica, Sorbus torminalis), d’érables (Acer monspessulanum, Acer campestre, Acer opalus). Présence du Houx, de l’If et du Fusain d’Europe.

Important lot d’espèces mésophiles plus fréquentes dans les hêtraies septentrionales : Sanicula europaea, Vicia sepium, Mercurialis perennis, Lilium martagon, etc.

 - Formations à genêt de Lobel notamment sur les crêtes limitant le massif de Siou Blanc au nord.

 - Développement important des groupements rupestres :

Groupement des rochers dolomitiques d’ubac à Chaenorrhinum origanifolium et Galium pusillum notamment sur les collines des Morières,

Groupement des rochers calcaires d’ubac à Asplenium fontanum et Silene saxifraga

Groupement des rochers d’adrets à Phagnalon sordidum et Asplenium petarchae.

 - Par ailleurs, une végétation calcifuge inhabituelle dans les massifs calcaires du nord de Toulon a pu s’installer dans certains secteurs, également grâce à la présence de substrats dolomitiques : Arbutus unedo, Calycotome spinosa, Erica arborea, Erica scoparia.

Importante diversité floristique avec de nombreuses espèces rares ou localisées en Provence : l’Aliboufier (Styrax officinalis), l’Arméria de Belgentier (Armeria belgenciencis), espèce endémique stricte dont la seule localité mondiale se trouve aux environs des Morières.

Nombreuses espèces rares liées aux sables dolomitiques : Arenaria modesta, Iberis ciliata, Narduroides salzmanni.

Dans les avens : Asplenium scolopendrium.

Faune

Cette zone de plateaux et collines calcaires revêt un grand intérêt pour la faune.

Il est possible d’y observer le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur. Les oiseaux nicheurs du plateau sont également représentés par l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean-le-blanc (Circaetus gallicus), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Grand-duc d’Europe (Bubu bubo), la Fauvette orphée (Sylvia orthensis), le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Bruant proyer (Emberiza calendra) et l'Alouette lulu (Lullula arborea). L'Aigle de Bonelli (Hieraaetus fasciatus), quant à lui, utilise le plateau comme territoire de chasse.

Le Petit et le Grand Rhinolophe fréquentent également les milieux semi boisés du secteur.

Le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne a également été observé sur le site. Il est accompagné par deux autres reptiles remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), serpent du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

De nombreux invertébrés remarquables et déterminants ont été enfin signalés dans cette zone.

Les Hyménoptères sont représentés par l’Anthophore Anthophora punctilabris, petite abeille (Apidés Mégachilinés) velue endémique de Provence.

Du côté des Lépidoptères signalons la présence de trois espèces déterminantes, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, vivant dans les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille vit sur différentes potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), la Thécla de l'arbousier (Callophrys avis), Lycénidés d'affinité ouest-méditerranéenne liée aux maquis et garrigues à Arbousier, son unique plante-hôte et le Faux-cuivré smaragdin ou Ballous (Tomares ballus), espèce menacée ouest méditerranéenne, inféodée aux pelouses, vergers extensifs et abords de cultures exemptes de pesticides et où croissent des petites légumineuses dont se nourrit sa chenille, notamment Tripodion tetraphyllum, et plusieurs espèces remarquables comme la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne protégée, liée aux garrigues ouvertes boisements clairs et rocailleux où croît sa plante hôte l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia), le Louvet (Hyponephele lupina), Satyrinés d’affinité steppique et méditerranéo asiatique, affectionnant les rocailles chaudes et sèches, la Thécla du Frêne (Laeosopis roboris), Lycénidés typiquement méditerranéenne et endémique du sud-ouest de l’Europe, liée aux ripisylves à frênes, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum). Il est important de signaler également la présence ancienne de plusieurs espèces qui mériteraient des prospections ciblées : la Zygène de l'Herbe-aux-Cerfs (Zygaena cynarae), l’Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), l’Alexanor du Destel (Papilio alexanor destelensis), ou encore le Moiré Provençal (Erebia epistygne).

Chez les Coléoptères citons la présence de plusieurs espèces déterminantes comme le Lepture à deux taches (Nustera distigma), Cerambycidae à larve saproxylique, d'affinité ouest-méditerranéenne à aire morcelée, dont les collines du Var rassemblent la principale population française, le taupin Athous puncticollis, Elatéridés endémique franco-italien ici en limite d’aire et recherchant les milieux forestiers, le Carabique Duvalius auberti, espèce cavernicole endémique de quelques massifs calcaires de basse altitude des Bouches-du-Rhône et du Var, le Charançon Omiamima micans, Curculionidés de petite taille, très rare, endémique des départements littoraux de Provence, le Charançon Eremiarhinus impressicollis, représenté ici par la sous espèce colasi, endémique des départements du Var et des Bouches-du-Rhône, le Dytique Siettitia balsetensis, Dytiscidés de petite taille, probablement menacée et d’affinité méridionale, inféodée aux eaux souterraines et aux nappes phréatiques, localisée en Provence à deux stations varoises, dont les principales stations françaises se situent ici et à La Seyne sur Mer.

Une espèce remarquable caractérise les peuplements d’orthoptères, l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet endémique de Provence qui affectionne les pelouses sèches et garrigues ouvertes.

Notons encore un Myriapode, le Lithobie (Lithobius fagniezi), espèce cavernicole déterminante de Chilopodes, endémique de quelques grottes du département du Var, et chez les Arachnides, le Scorpion jaune languedocien (Buthus occitanus), espèce méditerranéenne remarquable de Buthidés, relativement localisée, liée aux endroits rocailleux, ouverts, secs, chauds et ensoleillés (espèce dite « xéro thermophile »).

Commentaires sur la délimitation

Limites imposées par les formations végétales liées à la dolomie et aux crêtes élevées. La ZNIEFF est limitée par la vallée du Gapeau et par les ZNIEFF mitoyennes des reliefs toulonnais et du bassin du Beausset (plus thermophiles) ainsi que par les basaltes d’Evenos.