ZNIEFF 930012488
GROS CERVEAU - CROUPATIER

(n° regional: 83169100)

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Commentaire général

Ce vaste ensemble linéaire de massifs, ayant une orientation est ouest, entraînant des contrastes marqués entre expositions, présente encore un très grand intérêt biologique malgré la proximité de l'agglomération toulonnaise. Relativement peu fréquenté par le grand public, il constitue cependant, depuis fort longtemps, un lieu d’excursion fort prisé des naturalistes régionaux. Les formations forestières climatiques ont depuis longtemps disparu au profit de formations végétales rases et clairsemées, émergeant de part en part des amas de rochers ou des pierriers. L’élément minéral domine largement ces paysages profondément marqués par l’érosion. Falaises et gorges vertigineuses, éboulis gigantesques, rochers façonnés par l’eau et le vent confèrent à ces lieux un caractère sauvage rappelant des paysages plus fréquents au sud de la Méditerranée.

Flore et habitats naturels

Cette zone présente une très grande richesse botanique liée à la diversité des expositions et une amplitude altitudinale importante. Son isolement a permis la persistance d’espèces rares menacées de disparition par ailleurs.

Sur les crêtes, au sein des éboulis et des lapiaz, des conditions édaphiques sévères ont permis l’installation et la persistance d’espèces et de groupements végétaux, essentiellement héliophiles et thermophiles, peu fréquents sur le territoire national comme le chou de Robert (Brassica montana) dont les populations présentes au sein de l’aire toulonnaise sont parmi les plus importantes de France, ou la Sabline de Provence (Arenaria provincialis), endémique provençale, retrouvée récemment par J. P. Charles. On note également l’Alyssum épineux (Hormathophylla spinosa) et le Genêt de Lobel (Genista lobelii).

Les formations à Bruyère multiflore (Erica multiflora) et Romarin dominent sur le flanc sud du Croupatier et infiltrent largement les pinèdes de pin d’Alep (notamment au bois de Sanary). On peut y observer le Liseron laineux (Convolvulus lanuginosus) à la limite orientale de son aire ou encore le Sérapias à petites fleurs (Serapias parviflora). Les Gorges d’Ollioules et du Destel, d’aspect désolé, sont en fait d’une grande richesse. On y note l’Anagyre (Anagyris foetida) à l’emplacement d’un ancien point de guet, le Palmier nain (Chamaerops humilis) dans les escarpements, d’innombrables annuelles dans les vires rocheuses, comme la Luzerne de Ténore (Medicago tenoreana) ou le Gaillet sétacé (Galium setaceum) et même l’Ophrys miroir (Ophrys ciliata). Les agrosystèmes traditionnels de Sanary (Boucène, Sainte Ternide, la Piole…) oliveraies et vignes surtout, sont d’une très grande richesse. Ces cultures, souvent en restanques, montrent un cortège d’espèces devenu tout à fait exceptionnel. On y note l’abondance du Picris élevé (Picris rhagadioloides), du Gaillet verruqueux (Galium verrucosum), des Tulipes rouges (Tulipa agenensis et T. raddii), de l’Ornithogale d’Arabie, des Anémones, du Lotier pourpre (Lotus tetragonolobus) etc.

Faune

L’intérêt patrimonial de cette zone en ce qui concerne la faune est assez marqué.

Chez les espèces déterminantes d’oiseaux présentes, aucune nicheuse sur le secteur n’est à relever. A noter la présence ponctuelle en survol du Vautour fauve (Gyps fulvus) descendant des Gorges du Verdon à la recherche de nourriture ou en phase d’émancipation des jeunes. Chez les oiseaux remarquables, la présence de divers nicheurs intéressants est à noter : Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit-duc scops (Otus scops), le Monticole bleu (Monticola solitarius). Les zones ouvertes sont exploitées comme territoires de chasse par l’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata).

Les reptiles sont représentés, sur site, par quatre espèces remarquables. Il s’agit du Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, de l'Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus), espèce à distribution circumméditerranéenne, localisée en PACA à la frange littorale et aux îles provençales et fréquentant les milieux rocheux secs, du Seps strié (Chalcides striatus), ayant une à répartition Franco-Ibérique et fréquentant les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et enfin de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), grande couleuvre du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les ruisseaux sont peuplés de Barbeaux méridionaux (Barbus meridionalis), adaptés aux assèchements temporaires.

Chez les insectes, mentionnons la présence de l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante et protégée au niveau européen, représentée ici par la sous espèce destelensis, endémique des collines toulonnaises et dont le vallon du Destel constitue la localité type. Ce joyau de la faune provençale semble dorénavant éteint localement. A noter également la présence d’autres espèces déterminantes comme l’Hespérie de la Ballote (Carcharodus baeticus), l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), et le Faux-cuivré smaragdin ou Ballous (Tomares ballus), espèce menacée ouest méditerranéenne, inféodée aux pelouses, vergers extensifs et abords de cultures exemptes de pesticides et où croissent des petites légumineuses dont se nourrit sa chenille, notamment Tripodion tetraphyllum. Ces papillons sont accompagnés d’autres espèces remarquables comme la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne remarquable qui affectionne les garrigues ouvertes, éboulis et boisements clairs rocailleux où croît sa plante hôte Aristolochia pistolochia ou la Thècle du frêne (Laeosopis roboris), espèce méditerranéenne ibéro-provençale liée aux ripisylves et fonds de vallon où croissent ses plantes hôtes, surtout des frênes.

Du côté des odonates, signalons la présence de l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable et protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes.

Les peuplements d’hétéroptères (punaises) présentent un très fort intérêt patrimonial grâce à la présence de trois espèces déterminantes, Buchananiella continua, espèce d’Anthocoridés gravement menacée d’extinction, Eurygaster austriaca seabrai espèce de Pentatomidés menacée d’extinction, et Psacasta conspersa, espèce de Pentatomidés, très localisée en France, en limite d’aire en Provence où elle ne se rencontre que dans quelques rares stations toutes situées dans le département du Var, vivant sur les tiges de Vipérines (Echium sp.).

Deux espèces de coléoptères déterminantes sont également mentionnées localement : le Clairon des ombelles (Trichodes umbellatarum), espèce prédatrice de floricoles dans la péninsule ibérique, au Maghreb et très localement en France dans les environs de Toulon et le Lepture à deux taches (Nustera distigma), un coléoptère longicorne (Cerambycidae) d'affinité ouest-méditerranéenne à aire morcelée, dont les collines du Var rassemble la principale population française.

Citons également le Fourmilion géant (Palpares libelluloides), espèce remarquable de neuroptère, assez commune en Basse Provence mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches, et l’abeille solitaire Anthophora dufourii.

Les autres arthropodes patrimoniaux sont représentés par la Scolopendre annelée ou ceinturée (Scolopendra cingulata), imposant « mille pattes » appartenant à l’ordre des chilopodes, limité en France à la bordure méditerranéenne et deux espèces remarquables de Crustacés Copépodes, les Cyclops Mesocyclops leuckarti et Canthocamptus staphylinus.

Chez les mollusques, Urticicola glabellus, espèce remarquable d’Hygromiidae, a été inventorié sur le site.

Comments on the delimitation

Portion occidentale des collines calcaires ceinturant Toulon. Les secteurs densément habités ont été évités.