Commentaire général
Ce site d'un intérêt esthétique et biologique certain, constitue un lieu privilégié pour l'agglomération toulonnaise. Considéré à juste titre comme un véritable monument par les toulonnais, il a fait l’objet, depuis plusieurs années, d’aménagements à caractère touristique qui ont été essentiellement développés aux dépens des formations de crête. La fréquentation touristique est, de ce fait, très importante. Au siècle dernier des tentatives de reboisement avaient été réalisées, en flanc sud, avec l’aide des bagnards du pénitencier de Toulon. L’intérêt biologique de ce site réside essentiellement dans ses biotopes rupestres, ses pierriers et ses éboulis, ainsi que dans l’existence de superficies importantes de pelouses, qui bien que rases et clairsemées hébergent une vie diversifiée.
Son intérêt esthétique n’est par contre plus à démontrer, le panorama offert aux visiteurs étant réputé.
Flore et habitats naturels
L’ancienneté de l’influence humaine sur ce site se remarque à la fois par l’âpreté du paysage, la roche semble affleurer partout, mais aussi par certaines espèces constituant la flore du massif. Si, pour les Scilles du Pérou, les Phlomis fruticans, les Ephedra altissima, les Caroubiers etc. on sait qu’ils ont indubitablement été introduit par l’homme ; pour d’autre plantes, les botanistes sont partagés : on ne sait plus si elles sont indigènes ou si elles font partie des espèces introduites par le passé (lors des reboisements du XIXème ou plus anciennement pour des besoins militaires). C’est notamment le cas de la Staphisaigre ou de l’Ail hérissé.
Les formations forestières sont très dégradées sur les pentes, et leur cortège floristique extrêmement pauvre. Néanmoins, l’intérêt floristique de cette zone est indéniable, mais il est lié aux autres habitats. Les crêtes, lapiaz et éboulis, sont occupés par des groupements particuliers, d’affinité méridionale, et contiennent de nombreuses espèces rares ou menacées par ailleurs comme les formations endémiques toulonnaises à Alyssum épineux (Hormathophylla spinosa) et Genêt de Lobel ou encore à Chou de Robert (Brassica montana) et Galeopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia).
Sur les pentes sud, les groupements de pelouses sont riches en espèces herbacées rares comme l’Ail hérissé (Allium subhirsutum) ou la Luzerne de Ténore (Medicago tenoreana) . L’ambiance thermoxérophile qui règne en ces lieux est soulignée par les espèces suivantes, d’origine anthropique : le Caroubier (Ceratonia siliqua) abondant sur les pentes ouest, le Palmier nain (Chamaerops humilis) présent en pied de falaise et çà et là sous les Pins d’Alep ou encore l’Anagyre (A. foetida) dans deux localités des éboulis de flanc sud.
Belles extensions des pelouses xérothermophiles à Andropogonées (Hyparrhenia hirta, Andropogon distachyos).
La population de Chou de Robert présente sur le mont Faron est numériquement une des plus importantes de la Méditerranée nord occidentale.
La Staphisaigre (Staphisagria macrosperma), connue ici pendant environ 100 ans, serait à retrouver à l’ubac du massif où elle a été revue pour la dernière fois il y a quelques décennies, tandis qu’à l’adret, c’est la Dauphinelle fendue (D. fissum), inattendue à cette latitude, qui a été récemment découverte.
Faune
Le Mont Faron possède un peuplement faunistique d’un intérêt patrimonial relativement marqué.
L’avifaune nicheuse de ce secteur comporte plusieurs espèces d’affinité méridionale (Hibou Petit-duc scops, Monticole bleu, Bruant ortolan) dont une déterminante potentiellement nicheuse : l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica). A noter également la nidification du Grand duc d’Europe (Bubo bubo) et du Pipit rousseline (Anthus campestris). Le couple d’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) (nichant à proximité) vient y chasser régulièrement. La présence de la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni) est signalée dans cette zone.
Au total 8 espèces de Chiroptères ont été détectées, notamment dans les milieux rupestres, dont le Grand Rhinolophe, le Petit rhinolophe, le Vespère de Savi et le Molosse de Cestoni. Le statut de ces espèces reste à déterminer.
Chez les reptiles, un individu de lézard ocellé (Timon lepidus) a été contacté lors de prospections menées en 2014 sur l’adret du massif.
Le reste des espèces animales d’intérêt patrimonial correspond à des arthropodes, en particulier des insectes. Citons en premier lieu des coléoptères tels que le Charançon Simo planidorsis, espèce déterminante de Curculionidés, endémique du Var, très rare et localisée, dont l’adulte vit sur le Ciste cotonneux (Cistus albidus), le Lepture à deux taches (Nustera distigma), espèce remarquable de Cérambycidés, endémique franco ibérique, dont les collines du var abritent l’essentiel de la population française et dont l’adulte vit sur diverses fleurs (ombellifères, cistes et globulaires) et Duvalius raymondi, espèce déterminante de coléoptère caractéristique des grottes humides. Chez les Neuroptères, citons le Fourmilion géant (Palpares libelluloides), espèce méditerranéenne remarquable assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches et pour les lépidoptères, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce remarquable d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude.
Signalons enfin comme représentant des Arachnides le Scorpion jaune languedocien (Buthus occitanus), espèce méditerranéenne remarquable de Buthidés, assez localisée, liée aux endroits rocailleux, ouverts, secs, chauds et ensoleillés (espèce dite « xéro thermophile ») et pour les crustacés, le cloporte Porcellio orarum, espèce à répartition corso-provençale, comprenant cinq sous-espèces (formes locales ou géographiques).
ZNIEFF fondée sur une logique de massif, en retirant les zones fortement urbanisées, de manière à englober l’ensemble des éléments patrimoniaux présent sur les deux versants.