Commentaire général
Cette ZNIEFF présente un ensemble exceptionnel de milieux constituant une zone d’un très grand intérêt biologique. Située à l’ubac du massif des Maures, cette suberaie et pinède de Pin pignon est remarquable. Elle présente également de belles coulées de laves (rhyolite amarante).
Flore et habitats naturels
Il s’agit ici d’une zone d’un très grand intérêt floristique comprenant :
- des subéraies humides à Chêne pubescent, Sorbiers, Châtaignier et Fraisiers sur les sols de pente,
- des cistaies sous couvert de Pins pignons sur lithosols de grès permien, infiltrées par place de Bruyère arborescente avec dans les dépressions des subéraies se dégradant en callunaies,
- des communautés de milieux humides au bord des mares et des ruisseaux intermittents.
- des communautés des dalles rocheuses à base de fougères, de graminées andropogonnées ou de bulbeuses.
Les associations hygrophiles comportent de nombreuses espèces rares et menacées à affinités méditerranéennes mais aussi boréales et européennes.
Présence d’associations endémiques aux massifs siliceux provençaux, rarement autant développées que dans les Maures.
L’association à Lythrum borysthenicum et Ranunculus revelieri occupe le centre des mares, avec en quelques endroits très localisés Isoetes velata. L’association à Isoetes duriaei et Nasturtium asperum, plus précoce que la précédente, se développe en bordure des cuvettes et des ruisselets temporaires. Isoetes hystrix, de découverte récente, se rencontre dans cette même formation.
Formations de pelouses mésophiles à Serapias très développées, avec quatre espèces différentes de ces orchidées sur les sept présentes dans la zone. Par ailleurs, grande diversité d’orchidées dans les différents biotopes de la plaine ce qui attire chaque année au printemps de nombreux orchidophiles. Présence des trois espèces d’ophioglosses de la flore française : Ophioglossum vulgatum, O. azoricum et O. lusitanicum, ainsi que de très nombreuses espèces rares dont la liste est fort longue : Cicendia filiformis, Lythrum thymifoli, Kickxia cirrhosa et K. commutata, Gagea saxatilis, Romulea columnae, Allium chamaemoly, Crassula vaillantii…
Faune
La Plaine des Maures possède un patrimoine faunistique exceptionnel, avec plus d’une centaine d’espèces d’intérêt patrimonial.
Les mammifères sont en particulier représentés par plusieurs espèces de chauves-souris : le Petit Rhinolophe, le Minioptère de Schreibers, le Petit Murin, la Noctule de Leisler, le Murin de Bechstein, le Vespère de Savi, le Murin à Oreilles échancrées et le Molosse de Cestoni.
Le cortège des oiseaux nicheurs y est très varié et riche en espèces déterminantes : le Coucou geai (Clamator glandarius), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus) pour qui cette zone est d’un grand intérêt pour sa reproduction à l’échelle du département du Var, l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), dont 3 couples au moins nichent sur place, l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax), nicheuse possible mais irrégulière, ou encore la Pie grièche à tête rousse, espèce déterminante des milieux ouverts méditerranéens, le Var concentrant la majorité de la population régionale. Le territoire de la Plaine des Maures abrite également de nombreuses espèces d’oiseaux remarquables comme le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) avec 2 couples nicheurs, le Blongios nain (ixobrychus minutus) avec plusieurs couples reproducteurs, les données d’observations entre 2019 et 2020 ayant été nombreuses du fait d’une pression de prospection importante, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), la Chouette chevêche (Athene noctua), le Hibou Petit duc scops (Otus scops), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), le Gobemouche gris (Muscicapa striata), les Pies grièches écorcheur et méridionale (Lanius collurio et Lanius meridionalis), le Cochevis huppé (Galerida cristata) ou encore les Bruants ortolan et proyer (Emberiza hortulana et Emberiza calandra).
C’est aussi l’une des zones primordiales pour la survie en France et en Provence de 3 espèces patrimoniales de reptiles qui possèdent ici sans doute leurs plus belles populations : la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni), de la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) et du Lézard ocellé (Timon lepidus). Ces espèces sont accompagnées d’un cortège d’autres reptiles typiquement provençaux, le Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus), le Seps strié (Chalcides striatus), la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) ou encore la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris).
Chez les amphibiens, sont notamment présents le Pélodyte ponctué (Pelodytes puntatus) et la Grenouille agile (Rana dalmatina), ou encore le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes), dont la découverte d’une population en Plaine des Maures date de 2018, inconnu du secteur jusqu’alors.
Les poissons d’eau douce comprennent parmi les espèces locales les plus remarquables le Barbeau méridional et le Blageon.
Le cortège d’arthropodes d’intérêt patrimonial est particulièrement conséquent.
Chez les Lépidoptères, notons la présence de deux espèces inféodées aux zones humides, la Nonagrie des marais (Lenisa geminipuncta), espèce paludicole localisée à populations dispersée en France dont la chenille, endophyte, vit dans les tiges de roseaux (Phragmites australis), et la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda) qui croît dans les boisements humides en fonds de vallons, dans les prairies humides et en bordures de ruisseaux. La Thécla de l'arbousier (Callophrys avis), espèce déterminante de Lycénidés d'affinité ouest-méditerranéenne fréquente quant à elle les maquis et les garrigues à Arbousier, son unique plante-hôte.
Les peuplements de coléoptères relèvent d’un très grand intérêt avec la présence de diverses espèces endémiques provençales du sol, dits endogés (Entomoculia arcsensis, Entomoculia lucensis, Leptotyphlus lucensis), mais aussi par celle d’un grand nombre d’espèces rares dans d’autres milieux.Les boisements sont peuplés par les Cerambycidae Macrotome écussoné (Prinobius myardi), espèce déterminante dont la présence en France est essentiellement limitée à de vieux boisements de chênes lièges en Corse et dans le Var siliceux, l'Officier trompeur (Necydalis ulmi), espèce déterminante cavicole dans les vieux feuillus d'Europe et du Caucase, devenue rare et localisée en France où ses plus grandes populations restantes sont situées en région PACA et le Dorcatype triste (Herophila tristis), espèce remarquable aptère, polyphage dans le bois mort humide de diverses essences, à répartition nord-méditerranéenne, peu abondante en France où la région PACA abrite la majorité de ses effectifs connus ainsi que par les taupins déterminantes Athous puncticollis, espèce endémique franco-italien ici en limite d’aire et recherchant les milieux forestiers et le Taupin violacé (Limoniscus violaceus), espèce très rare et inféodée aux gros arbres creux avec cavités au sol dans laquelle sa larve se développe, se nourrissant de déchets organiques.
Les milieux plus ouverts sont fréquentés par Chrysolina obscurella, espèce déterminante de Chrysomelidés phytophage dont les larves consomment les feuilles de diverses Apiaceae (Laserpitium, Seseli) et qui se rencontre dans les milieux ouverts de montagne du Bassin méditerranéen occidental, le Carabe voyageur (Carabus vagans), espèce déterminante franco ligure, vulnérable et en limite d’aire, présent en France uniquement en Provence, habitant les suberaies claires, les bords de cultures et les jardins, le carabique Metadromius myrmidon, espèce déterminante très rare du Midi de la France, qui semble surtout inféodée à la litière des cistes dans les endroits secs et sablonneux, le lepture à deux taches (Nustera distigma), espèce déterminante de longicorne d'affinité ouest méditerranéenne à aire morcelée, dont les collines du Var rassemble la principale population française, ou encore Mimela junii, espèce remarquable de la famille des Rutelidae, très localisée et en populations dispersées en France dans les milieux sablonneux et le Melolonthidae Triodonta bucculenta, espèce remarquable des milieux ouverts et boisements clairs d’un grand quart sud-est de la France et du nord de l’Italie et dont la larve se nourrit de racines et de débris végétaux dans le sol.
Enfin, se rencontre dans les milieux plus humides l'Acinope à grosse tête (Acinopus megacephalus), espèce déterminante de Carabidae appréciant les milieux marécageux en région méditerranéenne et Eretes griseus, Dytiscidae remarquable rare en France, dont seules quelques citations dans le sud de l’hexagone et en Corse sont connues, vivant dans les eaux stagnantes, boueuses et peu profondes et dont le cycle, extrêmement court, lui permet d’occuper des zones humides temporaires qui très vite s’assèchent.
Chez les orthoptères, citons le Grillon des jonchères (Trigonidium cicindeloides), espèce déterminante d'affinité thermo-méditerranéenne, très localisée en France à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral, de Marseille aux Alpes-Maritimes, l’Ephippigère provençale (Ephippiger provincialis), ou « boudrague », espèce remarquable et endémique de Provence qui peuple les friches, bois clairs et clairières qu’elle anime de sa stridulation durant les chaudes journées d’été, et la Courtilière des vignes (Gryllotalpa vineae), espèce remarquable méditerranéenne dont les populations sont dispersées et généralement localisées.
Les odonates se distinguent par la présence de la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonate, protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe dans les cours d’eau de plaine ou certains lacs au niveau du chevelu racinaire des arbres rivulaires,et du Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce remarquable d’afinité ouest méditerranéenne, inféodée aux rivières à eaux claires.
Citons également quatre espèces de Neuroptères (fourmilions et ascalaphes), Mantispa aphavexelte, espèce déterminante méso-méditerrannéenne peu commune, l’Ascalaphon du midi (Deleproctophylla dusmeti), espèce déterminante d’affinité ouest méditerranéenne qui chasse ses proies en vol dans les milieux très arides et ouverts, l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus), espèce remarquable qui affectionne les surfaces ouvertes avec une strate herbacée dense, et le Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches.
Parmi les arachnides signalons la présence du Scorpion jaune ou languedocien (Buthus occitanus), espèce méditerranéenne remarquable, localisée, peu commune et en limite d’aire de répartition, liée aux endroits rocailleux, ouverts, secs, chauds et ensoleillés.
Enfin, du côté des mollusques, citons la Fausse-veloutée des chênes-lièges (Urticicola suberinus), espèce déterminante de Gastéropodes appartenant à la famille des Hygromiidés, décrite en 1882 puis redécouverte récemment dans les environs de Collobrières après être complètement tombée dans l’oubli, reconnue comme espèce bien caractérisée et endémique des subéraies des Maures et de l’Esterel, cette espèce étant très dépendante des feuilles de chêne-liège dont elle se nourrit.
La plaine des Maures a été en grande partie tracée selon la carte géologique qui différencie nettement le grès permien des sols environnants. Les zones trop mitées ont également été retirées.