ZNIEFF 930012624
CHAÎNONS FRONTALIERS DE SOSPEL À MENTON

(n° regional: 06116100)

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Description de la zone

C’est une zone de reliefs tourmentés qui culminent au Grand Mont et au Mont Razet dans la partie nord et s’atténuant progressivement jusqu’à la mer. Des sommets, une vue panoramique s’étend sur l’arrière-pays mentonnais et la mer jusqu’à la Corse.

Flore et habitats naturels

Située à l’extrémité la plus orientale du littoral méditerranéen français, cette zone englobe toutes les séries méditerranéennes et sub méditerranéennes à affinité orientale depuis le thermo méditerranéen jusqu'à la base du montagnard.

Cet ensemble forme une unité bien conservée qui a une grande valeur de témoin. Elle représente la transition entre les systèmes forestiers et les stades post culturaux méditerranéens aux adrets, et les systèmes montagnards aux ubacs. En grande partie forestière, la ZNIEFF est occupée principalement par des boisements méditerranéens à chêne vert, charme houblon et frêne à fleurs du Fraxino orni Quercion ilicis, des chênaies pubescentes, des châtaigneraies et des ostryaies du Carpinion orientalis à l’étage supraméditerranéen et la base du montagnard. Un peuplement remarquable non littoral d’euphorbe arborescente (Oleo sylvestris Ceratonion siliquae) installé sur pente rocheuse est présent sur la commune de Castillon, à 5 km de la mer. Dans le même secteur, une cascade de 70 m de haut associée à des formations de tuf présente un grand intérêt. Les milieux rocheux de falaises calcaires abritent des communautés chasmophytiques du Saxifragion lingulatae riches en endémiques des Alpes sud occidentales. De belles populations de gentiane de Ligurie en limite de leur aire sont à noter. Outre la seule population française de la Centaurée des Alpes (Rhaponticum alpina), on note parmi les espèces déterminantes, la Campanule de Bologne (Campanula bononiensis), l’Iberis en ombelle (Iberis umbellata), la Marguerite d’Allioni (Leucanthemum virgatum), la Sarriette marginée (Micromeria marginata), le Crocus de Ligurie (Crocus ligusticus), la Primevère marginée (Primula marginata) ou l’Ophrys aurélien (Ophrys bertolonii) et dans sa seule localité des Alpes Maritimes la Clématite dressée (Clematis recta).

Faune

Ces chaînons renferment un cortège faunistique très riche, avec 60 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 29 sont déterminantes.

L’avifaune nicheuse locale comprend notamment des rapaces comme le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), espèce remarquable d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce diurne rupicole déterminante, rare et localisée en France et en région P.A.C.A. mais en augmentation, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce remarquable rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude. Trois autres rapaces déterminants sont ponctuellement observés lors de leurs déplacements : le Vautour fauve (Gyps fulvus), l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus) ou encore le Milan royal (Milvus milvus). Signalons également la présence du Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), dont le statut serait à préciser dans ce secteur.

Les amphibiens sont quant à eux représentés par le Spélerpès de Strinati (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., endémique franco-italien présent en France essentiellement dans les Alpes-Maritimes et de manière plus localisé dans les Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) entre 0 et 2 400 m d’altitude. Cette espèce fait l’objet d’une stratégie conservatoire régionale coordonnée par le CEN PACA.

Chez les reptiles citons la présence d’une espèce déterminante : le Phyllodactyle d’Europe (Euleptes europaea), un petit gecko discret et inféodé au substrat rocheux dont les seules populations continentales françaises sont localisées dans les Alpes Maritimes. Ces populations sont inscrites dans la catégorie « Quasi menacée » de la liste rouge des amphibiens et reptiles de France métropolitaine. Trois espèces remarquables sont aussi mentionnées localement : le Lézard ocellé (Timon lepidus) grand lézard des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), serpent à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Concernant les arthropodes, les peuplements de crustacés isopodes (cloportes) présentent un intérêt patrimonial tout particulier avec la présence de Cylisticus cavernicolus, espèce cavernicole déterminante dont une seule station est connue, dans une grotte de la commune de Castillon, non retrouvée depuis sa découverte au début du XXe siècle, Alpioniscus feneriensis, espèce cavernicole (troglobie stricte) déterminante du nord-est de l’Italie et du sud-est de la France où elle se rencontre dans les Alpes-Maritimes dans quelques grottes des Alpes-de-Haute-Provence et du Var. Citons aussi trois autres espèces remarquables, Agabiformius lentus, espèce d’affinité méditerranéenne largement répandue mais rare, Porcellio orarum, espèce à répartition corso provençale, représentée ici par la sous espèce alpicola et Armadillidium maculatum, espèce endémique de Ligurie (France : Alpes Maritimes ; Monaco), recherchant les milieux rupestres du niveau de la mer jusqu’à 800 m d’altitude.

Chez les arachnides, trois espèces déterminantes méritent d’être signalées  : Leptoneta alpica, Leptonétidés endémique de deux stations des Alpes-Maritimes, sublucicole vivant sous de très grosses pierres, dans la mousse ou les détritus humides, Leptoneta crypticola, Leptonétidés endémique de quelques stations des Alpes Maritimes, cavernicole et lucifuge, vivant surtout dans les grottes mais aussi sous les pierres et le Scorpion italien (Euscorpius italicus), Chactidés d’affinité orientale, présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes, se rencontrant de préférence sous les pierres, dans les garrigues, dans les fentes des murailles. Du côté des Chilopodes, notons la présence de la petit petite scolopendre déterminante Cryptops lobatus, qui n'existe que dans une aire géographiquerestreinte, sur le littoral et les reliefs de basse et moyenne altitude à proximité immédiate de celui-ci, de la Riviéra italienne à l'Estérel (Iorio, 2008 ; Iorio & Geoffroy, 2008). Le bastion de l'espèce semble être situé dans le secteur niçois et l'arrière-pays adjacent (Iorio, inédit). Elle est préférentiellement sylvicole et apprécie les pinèdes méditerranéennes et leurs lisières. De ce fait, elle peut être considérée sensible en raison de l'anthropisation élevée et grandissante du secteur concerné.

Du côté des insectes, signalons parmi les coléoptères déterminants le carabique Duvalius cailloli, espèce cavernicole endémique de deux stations dans le sud-est Alpes-Maritimes, les charançons Pseudomeira ruteri et Polydrusus griseomaculatus, cette dernière étant endémique du Vaucluse, où on ne la rencontre qu’au Mont Ventoux, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, le Staphylin Leptotyphlus albareensis, espèce endémique de Provence et la chrysomèle Aphthona carbonaria. Il est également important de signaler des citations anciennes de deux autres espèces déterminantes qui mériteraient des prospections ciblées : Diodesma denticincta et Malthinus pseudobiguttatus.

Six espèces déterminantes de lépidoptères ont également été inventoriées sur ce site : l'Eupithécie favorisée (Eupithecia gratiosata), Geometridae présente en France dans les Alpes-Maritimes et en Corse, la Noctuelle des peucédans (Gortyna borelii), dont la sous-espèce lunata n'est présente en France que dans les pelouses xérophiles calcaricoles des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, la sous-espèce stygia de la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus stygia), sous-espèce déterminante de lépidoptère diurne, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp) et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var. Elles sont accompagnées de trois espèces remarquables : l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce européenne, de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches et le Procris de la vigne (Theresimima ampellophaga), zygénidés, d’affinité méditerranéenne, devenu rare suite à sa forte régression probablement due à l’utilisation de pesticides sur sa plante hôte la vigne (Vitis vinifera).

Trois orthoptères sont également à citer : le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole remarquable, endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, aux galeries de mines, aux cavités sombres et humides, aux fentes des rochers, aux recoins obscurs et humides des maisons, la Leptophye provençale (Leptophyes laticauda), espèce remarquable de sauterelle, rare en France, généralement inféodée aux fourrés et lisières en bordure de cours d'eau ou en fond de vallon, le Grillon des jonchère (Trigonidium cicindeloides), espèce déterminante d'orthoptère d'affinité thermo méditerranéenne, très localisée en France à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral, de Marseille aux Alpes Maritimes (non revu sur le site depuis 1983).

Enfin, citons deux dictyoptères remarquables, la Blatte de Nice (Ectobius nicaeensis), espèce endémique de Provence et la Mante terrestre (Geomantis larvoides), espèce peu commune d'affinité ouest méditerranéenne, caractérisée par son déplacement vif en courant sur le sol.

Une espèce de mollusques déterminante est aussi inventoriée sur la zone : la Grande aiguillette (Platyla foliniana), protégée en France, rare et vulnérable, micro-endémique signalée seulement de deux stations dans les Alpes-Maritimes, vivant dans la litière des forêts. Elle est accompagnée par plusieurs espèces remarquables et notamment le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot remarquable localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.

 

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La ZNIEFF englobe la partie occidentale du massif de la chaîne frontière du Pont de Caï, qui enjambe la Bévéra, au nord, à Grimaldi au sud.