ZNIEFF 930012641
GORGES DE LA ROYA

(n° regional: 06135150)

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Description de la zone

Ce territoire appartient en partie à la zone d’adhésion du Parc National du Mercantour. La Roya coule au fond de gorges profondes creusées en canyons dans des schistes rouges, des grès blancs et des calcaires gris, ce qui donne au paysage un aspect grandiose. Les hameaux de Bergue supérieur et Bergue inférieur sont accrochés à des versants abruptes environnés par de multiples terrasses de culture jusqu’à la limite des rochers qui forment un cirque prestigieux.

Flore et habitats naturels

Les stations rupicoles atteignent ici un grand développement et le taux d’endémisme des espèces et des groupements est élevé. Les conditions édaphiques et climatiques particulières liées aux influences ligures permettent le maintien d’espèces rares ou uniques en France. On trouve ici les principales populations de la Grassette de Reichenbach, espèce endémique (Pinguicula reichenbachiana) qui croît sur des parois humides travertinisées. Les falaises et balmes calcaires sont colonisées par des associations endémiques des Alpes maritimes : le Potentilletum saxifragae, avec la potentille saxifrage (Potentilla saxifraga), la ballote buissonnante (Acanthoprasium frutescens), le saxifrage à feuilles en cuillère (Saxifraga cochlearis), et le Primuletum allionii, avec la primevère d’Allioni (Primula allionii), la sabline à feuilles d’orpin (Moehringia sedoides). Dans le fond des gorges de Paganin, des éboulis à gros blocs et des parois de quartzite hébergent une petite population de la très rare fougère tyrrhénienne (Dryopteris tyrrhena). La végétation forestière de l’étage supraméditerranéen est dominée par des ostryaies du Carpinion orientalis. Sur substrat siliceux, la châtaigneraie est bien représentée, associée à une lande à bruyère arborescente (Erica arborea), callune (Calluna vulgaris) et genêt d’Allemagne (Genista germanica) du Genistion tinctorio germanicae. A la base de l’étage montagnard, sur calcaire, on observe de beaux éboulis à géranium à racine épaisse (Geranium macrorrhizum), parfois bordés par des tiliaies sèches à tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos).

Faune

Le cortège faunistique des gorges de la Roya est composé de 58 espèces animales patrimoniales dont 18 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique comprend le Loup (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion en région PACA depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço alpines correspondent à la sous espèce italienne, ainsi que plusieurs chauves-souris dont quatre sont déterminantes,  le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune mais localement en régression, thermophile et d’affinité méridionale, affectionnant les paysages semi ouverts légèrement boisés jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand rinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), la Barbastelle commune (Barbastella barbastellus) et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) et deux sont remarquables, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, comprennent notamment le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce déterminante inféodée aux habitats rupestres, rare et localisée dans les Alpes Maritimes ainsi que plusieurs espèces remarquables comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses de 1 100 à 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression, et le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude.

Les reptiles sont représentés par deux espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
Les amphibiens comprennent notamment le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Chez les poissons, mentionnons la présence du du Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.
Les arthropodes patrimoniaux sont représentés par plusieurs cortèges.

Parmi les coléoptères, citons la présence de trois Carabidae déterminants : Trechus (Trechus) liguricus nicolianus, sous espèce d’affinité montagnarde, endémique du département des Alpes-Maritimes où on la rencontre dans les zones boisées autour de 1 700 1 800 m d’altitude, Duvalius gentilei spagnoloi, espèce cavernicole endémique du département des Alpes-Maritimes, habitant dans quelques grottes et avens et Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco-italienne, en limite d’aire et strictement localisée en France aux départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités et du Mycetophagidae Entoxylon abeillei, espèce remarquable endémique du sud-est de la France et du nord de l'Italie, fongivore sur les champignons lignicoles des branches mortes.
La Réduve Coranus pericarti, espèce déterminante d’Hémiptères Réduviidés a également été inventoriée sur le site.
Les lépidoptères sont représentés par deux espèces déterminantes : la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud et l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et la Turquoise de la Sanguinaire (Adscita albanica = Adscita dujardini, correspondant aux populations à l’ouest de la Slovénie), espèce ne se trouvant en France que dans les Alpes Maritimes,
Chez les orthoptères, signalons la présence du Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce déterminante et endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et du Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole remarquable, endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, aux galeries de mines, aux cavités sombres et humides, aux fentes des rochers, aux recoins obscurs et humides des maisons.

Le cloporte Porcellio orarum, espèce à répartition corso provençale, comprenant cinq sous espèces (formes locales ou géographiques) est aussi observé dans cette zone.
Citons également l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), Crustacé Décapode remarquable, en régression et devenu assez rare et localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur aujourd’hui.

Enfin, les mollusques Gastéropodes sont également bien représenté avec trois espèces déterminantes, Chilostoma cingulatum cingulatum, sous espèce sud alpine d’Hélicidés, correspondant à un endémique franco-italien localisée en France à 3 stations des Alpes-Maritimes, où il fréquente les murs et les rochers sur substrat calcaire jusqu’à 1 500 m d’altitude, l'Helicon de la Vésubie (Corneola crombezi), espèce endémique présente uniquement dans les vallées de la Vésubie et de la Roya et dans les grès d'Annot, dans les éboulis, vieux murs et autres anfractuosités en substrat acide et le Maillot des hêtraies (Pagodulina subdola), escargot distribué sur la bordure sud des Alpes centrales, et présent en France seulement dans les départements alpins de la région PACA où il fréquente les forêts de feuillus calcaires relativement humides. Ces escargots sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables, Solatopupa psarolena, espèce remarquable de Chondrinidés, correspondant à un endémique franco-italien, protégé en France par l’arrêté du 7 octobre 1992, exclusivement localisé en France dans le département des Alpes-Maritimes où il est rare, menacé et en régression car il n’est plus présent que dans 2 ou 3 stations, se rencontrant sur les falaises calcaires exposées au soleil de 500 m à 1 500 m d’altitude, Cochlostoma (Turritus) simrothi, espèce remarquable de Cochlostomatidés, correspondant à un endémique franco-italien localisé en France à 5 stations du département des Alpes-Maritimes, notamment vers 600 700 m d’altitude, les Clausilies Charpentieria itala, habitant les forêts de feuillus et les vieux murs en contexte boisé et dont les populations en agrégat sont morcelées en France, les données contemporaines étant seulement situées en région PACA, du Vaucluse aux Alpes-Maritimes, Ruthenica filograna filograna, sous espèce calciphile et montagnarde, à large aire de répartition mais en limite d’aire occidentale en région PACA dans les Alpes-Maritimes où elle est localisée à deux stations vers 400 500 m d’altitude, dans la litière et sur les rochers calcaires dans les forêts, et Macrogastra (Macrogastra) attenuata euzieriana, sous espèce endémique des Alpes-Maritimes où elle est localisée à trois stations du haut bassin de la Roya vers 400 500 m d’altitude, notamment sur les rochers, dans la litière ou dans les troncs d’arbres, en particulier dans les bois de châtaigniers.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF intègre les gorges de la Roya de Saint Dalmas de Tende à Saorge. Elle inclue également le massif de la Cime de Gauron, le Col de Maraute à l’ouest et s’étend jusqu’à la pointe de Lugo à l’est.