ZNIEFF 930012729
PARTIE EST DU MASSIF DU PARPAILLON - VALLONS DU CRACHET ET DE L'INFERNET - TÊTE DE VALLON CLAOUS - BOIS DE LA TRAVERSE - BOIS DE TOURNOUX ET DE LA SYLVE

(n° regional: 04102100)

General comments

Description
Localisé dans la partie nord est du département des Alpes de Haute Provence dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur les communes de la Condamine Châtelard et Saint Paul. Il est délimité par la Montagne du Grand Parpaillon, la Barre de la Pissa, le Col de Vars, l’Ubaye entre Saint Paul et  la Condamine Châtelard et le Ruisseau de Parpaillon.
L’essentiel du substrat géologique du site est constitué par des flyschs à Helminthoïdes de la nappe du Parpaillon et plus localement de schistes noirs du Cénomanien Turonien. Une bonne partie des roches en place sont recouvertes de matériaux récents : éboulis, cône de déjections, coulées boueuses, moraines et dépôts glaciaires.
Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques marqués.
Etendu entre 1300 m et 3000 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin, alpin et nival.
Mélèzins, landes subalpines, prairies, pâturages, pelouses alpines, éboulis et escarpements rocheux, ruisselets et bas marais constituent la palette du paysage végétal et minéral du site.

Milieux naturels
Trois habitats déterminants sont présents sur le site. Il s’agit de marécages et d’éboulis calcaires : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] occupent des surfaces ponctuelles en mosaïque avec les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)] (habitat remarquable) et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Sept autres habitats remarquables sont également présents et se répartissent principalement entre des marécages et des milieux rocheux. Ce sont les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)]. A ceux ci s'ajoutent les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)].
Parmi les autres habitats à fort intérêt écologique figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieu à très forte diversité floristique et en très bon état de conservation sur le site.

Flore
Le site comprend trente et une espèces végétales déterminantes, dont onze sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique particulièrement rare dans ce secteur des Alpes, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, le Cirse d'Allioni (Cirsium alsophilum), beau chardon dont il s’agit ici de l’une des rares stations départementales, l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis), historiquement signalée et à rechercher sur le site, la Primevère de Haller (Primula halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, également historiquement observée et qui semble avoir disparu du fait du surpâturage, et la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata). Huit sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum), la Laîche mucronée (Carex mucronata), l'Azalée naine (Kalmia procumbens), historiquement signalé et à rechercher, la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches des éboulis calcaires, la Violette des collines (Viola collina) et le Muscari botryoïde (Muscari botryoides). Le site compte treize autres espèces déterminantes : le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense), le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), historiquement signalé et à rechercher, la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle se localise aux seules vallées de la Durance et de l'Ubaye, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques, l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, le Vulpin roux (Alopecurus aequalis), et le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines et des prairies fraiches.
Par ailleurs, il abrite six espèces remarquables dont cinq sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum), le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), et une en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris).

Faune
Le cortège faunistique de ce site revêt un intérêt patrimonial élevé, puisqu’il comporte trente quatre  espèces animales patrimoniales, dont onze déterminantes.
Les mammifères d’intérêt patrimonial sont notamment représentés par le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), chauve souris déterminante localisée et peu fréquente, la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus) espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, la Sérotine bicolore (Vespertilio murinus), espèce nordique rare et déterminante, localisée, relicte glaciaire dans l'arc alpin, résistante au froid et présente dans divers milieux jusque 2000 m d'altitude en montagne, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, le Vespère de Savi (Hypsugo savii) espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m. d’altitude, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable et en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude, et enfin le Cerf élaphe (Cervus elaphus). L’avifaune nicheuse comprend plusieurs espèces intéressantes : Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t il en régression, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent, Chouette chevêchette ou Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins ainsi que la Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), gallinacé remarquable des forêts avec une strate arbustive bien développée. Citons également les espèces fréquentant les alpages telles que le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Bruant fou (Emberiza cia), la Caille des blés (Coturnix coturnix).
Chez les insectes, mentionnons la présence de plusieurs espèces à intérêt patrimonial marqué. Pour les coléoptères, citons deux espèces déterminantes et endémiques des Alpes du sud, l’Otiorrhynque (Otiorhynchus stomachosus), Coléoptères Curculionidés (charançons) inféodé aux pierriers de l’étage alpin et endémique des trois départements alpins de la région Provence Alpes Côte d’Azur et le Brachyte de Born (Brachyta borni), espèce de Cérambycidés (longicornes), orophile de haute altitude, endémique des départements des Hautes Alpes et des Alpes de Haute Provence mais peu menacée compte tenu de sa localisation dans des milieux peu accessibles à l’homme, et dont la larve terricole est inféodée à la Potentille de Krantz (Potentilla krantzi) et aux Benoîtes (Geum sp.). Deux espèces déterminantes d’hyménoptères sont également signalées, les Bourdons Bombus brodmannicus delmasi dont cette sous espèce est endémique des Alpes du sud où elle est liée aux pentes fleuries ensoleillées, riches en mélinets (Cerinthe glabra et C. minor) dont il butine les fleurs et Bombus gerstaeckeri, espèce rare et très localisée en France aux Pyrénées et aux Alpes du sud où elle se trouve en limite de son aire de répartition. Chez les orthoptères, citons le Criquet des Iscles (Chorthippus pullus), espèce déterminante, rare et en régression, inféodée aux bancs de graviers, sables et limons des cours d’eau de montagne et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
Les peuplements de lépidoptères comportent un fort intérêt de par la présence du Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, localisée et dont cette sous espèce est endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce  déterminante endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), espèce remarquable d'hétérocère Zygénidés, d'affinité ibéro provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte la Bugrane jaune (Ononis natrix), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins et le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce remarquable de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : «Vallon du Crachet et versant ouest du col de Vars».

Comments on the delimitation

Le site englobe la partie est du massif du Parpaillon, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. Ses limites s’appuient à l’ouest sur la ligne des plus hautes crêtes, qui coïncident également avec le pourtour départemental. Sur le reste de son pourtour elles suivent les repères et éléments topographiques ou géographiques les plus marqués : talwegs, ruptures de bas de versant, dessertes routières locales.