ZNIEFF 930012733
VALLON DE LA BLANCHE DE LAVERQ - GRANDE ET PETITE SÉOLANE - ROCHE BÉNITE

(n° regional: 04115131)

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Description
Localisé dans la partie nord est du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur la commune de Méolans Revel. Il englobe la partie haute du vallon de la Blanche de Laverq en suivant les crêtes, ainsi que le secteur de Roche Bénite.
Sur le plan géologique, le site s’inscrit dans le complexe des nappes sédimentaires des Préalpes de Haute Provence. Les grés d’Annot et les grés du Priabonien Lutétien sont les roches les mieux représentées sur sa partie ouest, alors que les flysch à Helminthoïdes prédominent sur sa partie est. Les sommets de la Grande et de la Petite Séolane sont couronnés par des calcaires massifs récifaux du Malm, roches dures qui ont engendré de spectaculaires falaises. Les terrains de couverture récents issus de l’érosion couvrent des surfaces importantes en fond de vallons et au bas des versants. Il s’agit d’éboulis, de cônes de déjection, d’écroulements glissés et de dépôts morainiques.
Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de montagne aux influences continentales marquées.
Etendu entre 1580 m et 2950 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin.
Mélèzins, prairies et landes subalpines, pâturages, pelouses et rocailles alpines, formations des combes à neige, éboulis, escarpements rocheux, ruisselets et bas marais constituent la palette du paysage végétal et minéral du site.

Milieux naturels
Le site compte deux habitats déterminants : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)], milieux de grand intérêt caractérisé par une flore riche en espèces endémiques des Alpes sud occidentales.
De nombreux autres habitats remarquables sont également présents : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], dont certaines sont caractérisées par l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense) ou l’Avoine des Apennins (Avenula versicolor subsp. praetutiana), les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], qui colonisent les fortes pentes caillouteuses calcaires sèches, les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule hasté (Salix hastata) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Les formations arbustives et sous arbustives, généralement associées à la dynamique succédant aux pelouses et prairies, comprennent un certain nombre d’habitats remarquables ou représentatifs parmi lesquels : les landes subalpines à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion (31.4)], les landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) et/ou Raisin d’ours (Arctostaphylos uva ursi) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)].

Flore
Le site possède une flore remarquable, comprenant dix-sept espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l’Androsace de Suisse (Androsace helvetica) et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Six espèces sont protégées au niveau régional : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Pyrole moyenne (Pyrola media), la Laîche blanchâtre (Carex curta) et la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et marais tremblants. Les huit autres espèces végétales déterminantes du site comprennent, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, l’Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l’Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Vulpin roux (Alopecurus aequalis) et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis).
Le site abrite également six autres espèces végétales remarquables, dont trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, et l’Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Deux autres sont protégées au niveau régional : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris) et le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Figure également le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum).

Faune
Ce site possède un patrimoine faunistique relativement intéressant, comportant vingt-sept espèces animales patrimoniales. Parmi elles, neuf sont déterminantes.
Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé alpin déterminant, d’intérêt communautaire et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude, représentent les mammifères d’intérêt patrimonial.
Chez les oiseaux nicheurs, mentionnons la présence de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), du Râle des genêts (Crex crex), nicheur possible, ce qui ferait de cette station l’une des dernières de la région provenço alpine, ainsi que celles de la Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), du Tétras lyre (Tetrao tetrax) et du Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent.
Les reptiles comprennent notamment le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce déterminante d’affinité médio européenne nordique, très localisée et rare en Provence Alpes Côte d’Azur, qui fréquente localement les pelouses subalpines jusqu’à plus de 2000 m d’altitude.
Les insectes patrimoniaux sont localement représentés par de nombreux lépidoptères (onze espèces dont deux déterminantes), mais aussi trois coléoptères et un orthoptère. Citons ainsi l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce remarquable dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à diverses potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses rases sur les crêtes et en lisière forestière, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius sacerdos sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, que l’on rencontre au bord des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), le Moiré piémontais (Erebia Erebia aethiopellus), espèce déterminante de lépidoptère, endémique Franco italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Moiré des pâturins (Erebia melampus), espèce remarquable endémique des Alpes, localisée et peu commune dans les pelouses subalpines, le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce remarquable rare et en limite d’aire en Provence Alpes Côte d’Azur, inféodée aux bosquets de trembles et aux ripisylves des hautes vallées surtout à l’étage montagnard, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, qui affectionne les pelouses et bois clairs à serpolets, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins, dont la jeune chenille vit sur la Gentiane croisette (Gentiana cruciata), le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce remarquable de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.
Parmi les coléoptères, citons le Charançon alpestre (Dichotrachelus alpestris), espèce déterminante de la famille des Curculionidés , endémique des trois départements alpins de la région Provence Alpes Côte d’Azur, où, relativement bien répandu, on le rencontre entre 2000 et 3000 m d’altitude, sous les pierres, dans les mousses ou dans l’humus, l’Otiorrhynque Otiorhynchus stomachosus, espèce déterminante et peu répandue de Coléoptère Curculionidé, endémique des pierriers de l’étage alpin des trois départements alpins de la région Provence Alpes Côte d’Azur (06, 04, 05), l’Athous frigide (Athous frigidus), espèce déterminante de la famille des Elatéridés (Taupins), endémique franco italienne ici en limite d’aire, liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux.
Chez les orthoptères, signalons le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable en forte régression en dehors des Alpes, localisée et exclusivement liée aux prairies très humides, surfaces marécageuses, berges des cours d’eau et des lacs des étages montagnard à alpin.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «Massif de la montagne de la Blanche   vallon de la Blanche de Laverq   tête de l'Estrop   montagne de l'Ubac   haute vallée de la Bléone».

Comments on the delimitation

Le site est clairement délimité par sa topographie très marquée et son relief accidenté. De hautes crêtes rocheuses délimitent précisément le vallon de la Blanche de Laverq, où coexistent une très importante variété d’habitats et de populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale.