ZNIEFF 930012784
VERSANT ADRET D'ESPINASSES, THÉUS ET REMOLLON - FORÊT DOMANIALE DE SERRE-PONÇON - MONT COLOMBIS

(n° regional: 05119100)

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Description

Etabli au niveau de la bordure sud de la partie centrale du département des Hautes Alpes, entre trois rivières : la Durance (au sud), l’Avance (à l’ouest) et la Luye (au nord), et limitée à l’est par le lac de Serre-Ponçon, le site inclut le versant adret d’Espinasses à Remollon, la forêt domaniale de Serre Ponçon et les collines boisées du Mont Colombis.

Le relief est constitué de montagnes basses (culminant à 1 734 m au Mont Colombis) à substrat principalement calcaro marneux du Toarcien, du Domérien et du Carixien. Sa bordure sud correspond essentiellement au versant adret de montagnes basses qui bordent la Durance, au substrat principalement calcaro marneux du Sinémurien Lotharingien associé en partie inférieure de versant à des dolomies et gypses du Trias. Il comprend le site très pittoresque des cheminées des demoiselles coiffées de Théus, ou « Salle de bal des demoiselles coiffées ».

Situé dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires sud dauphinoises, le site est inclus dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard, entre 660 m et 1 734 m d’altitude. Le climat est teinté d’influences supra méditerranéennes et continentales.

La végétation se distribue de l’étage de végétation supra méditerranéen (parties basses bien exposées) à l’étage de végétation montagnard. Elle est principalement représentée par un couvert forestier. Sur les plus fortes pentes, la forte érosion de ces roches tendres limite la colonisation par les ligneux. La végétation est alors constituée par des formations d’éboulis, de garrigues et de landes ouvertes.

Milieux remarquables

Ce site possède deux habitats déterminants : les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du Sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflorus) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], qui apparassent ici sous une forme typique, et les matorrals arborescents à Juniperus thurifera (32.136), présents sur le flanc sud dominant la Durance. Dans le département des Hautes Alpes, seuls quatre sites présentent de très beaux peuplements de Thurifères : Saint Crépin, le plus célèbre d’entre eux, l’adret de Théus Remollon, le Bois du Revuaire à Saint Genis et la Forêt Domaniale de l’Eygues à Saint André de Rosans. Localisés essentiellement dans les Alpes du sud, ils constituent un habitat rare particulièrement remarquable en France. A ce titre ils sont classés déterminants.

Quatre autres habitats remarquables sont répertoriés : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], milieux étroitement localisés au fond de certains talwegs, les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.31)].

Parmi les autres habitats, d’intérêt écologique marqué figurent les prairies mésophiles de fauche de plaine et de moyenne altitude à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)], dans les dépressions et les replats, les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] ou plus franchement xérophiles [all. phyto. Xerobromion erecti (34.33)]. Ces dernières se positionnent sur les replats très secs, où elles n’occupent que de faibles surfaces.

Parmi les autres habitats les plus significatifs, les matorrals méditerranéens arborescents à Juniperus oxycedrus (32.131) et les matorrals calciphiles à Chêne vert (Quercus ilex) (32.113), très résiduels et fragmentaires, atteignent sur le site leur limite nord de répartition dans le département des Hautes Alpes et constituent l’une des grandes originalités végétales locales, en raison de leur grande rareté ici. Les garrigues supra méditerranéennes à Aphyllante de Montpellier (Aphyllanthes monspelliensis) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (34.72)], atteignent ici, elles aussi, leur limite nord de répartition géographique pour la région Provence Alpes Côte d’Azur. Les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] sont parmi les plus septentrionales à posséder un cortège floristique riche en espèces végétales méditerranéennes, avec en particulier l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia), le Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca), la Garance voyageuse (Rubia peregrina), la Stéhéline douteuse (Staehelina dubia) et le Térébinthe (Pistacia terebinthus).

Flore

Le site comprend dix espèces végétales déterminantes. Trois sont protégées au niveau national : l'Orchis à odeur de punaise (Anacamptis coriophora subsp. coriophora), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, et la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium). Deux sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Violette des collines (Viola collina) et la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée rare des pelouses rocailleuses très sèches. Cinq espèces n’ont pas de statut de protection : l'Orcanette du Dauphiné (Onosma pseudoarenaria subsp. delphinensis), présente en quelques rares stations en France et occupant sur le site les pentes gypseuses bien exposées, la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, la Fléole rude (Phleum paniculatum) et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata).

Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable sans statut de protection : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia).

Faune

Le site présente un intérêt faunistique élevé sur le plan patrimonial. On y trouve une trentaine d'espèces animales patrimoniales dont six sont déterminantes.

Du côté des mammifères, deux espèces remarquables sont présentes : le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes.

Un cortège d’oiseaux nicheurs et estivants est présent sur le site : la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), accompagnée de plusieurs espèces remarquables : l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), fréquentent le site pour leur alimentation et potentiellement pour leur reproduction, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), la discrète Gélinotte des bois (Bonasa bonasia), galliforme semble-t-il en expansion, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Bruant fou (Emberiza cia), le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, l'Alouette lulu (Lullula arborea), espèce remarquable des paysages ouverts à semi-ouverts, la Huppe fasciée (Upupa epops), le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), espèce à large répartition mondiale et occupant les rives des cours d'eau, étangs, lacs aux berges meubles et érodées et le Pic noir (Dryocopus martius).

Chez les reptiles notons tout particulièrement la présence du Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et de la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Un amphibien remarquable est également présent : le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce ouest-européenne d'affinité méridionale.

L’entomofaune patrimoniale locale est représentée par un cortège de lépidoptères de fort intérêt. Quatre espèces déterminantes sont présentes sur le site : l’Isabelle (Actias isabellae), espèce emblématique des Alpes du Sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 m d’altitude, L'Alpestre (Rhegmatophila alpina), Notodontidae, dont les chenilles se nourrissent de saules et de peupliers, le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques, surtout Festuca cinerea. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), hétérocère zygénidés d'affinité ibéro-provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré du Baguenaudier (Iolana iolas), espèce méditerranéenne très localisée, strictement inféodée à la présence de son unique plante hôte (Colutea arborescens), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce protégée en France, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la chenille vit sur Aristolochia pistolochia dans les forêts claires et les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1 100 m d’altitude, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude, le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce typique des lisières et clairières à Trembles.

D’autres insectes remarquables sont également à signaler : le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), odonates Libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion, le bourdon Bombus argillaceus, espèce relativement facile à déterminer qui atteint sa limite de distribution occidentale dans les vallées des Alpes du Sud, la Cigale argentée (Tettigetta argentata), espèce d'affinité méditerranéenne, localisée mais assez commune, qui recherche les milieux arides parsemés d'arbustes et le Sténobothre occitan (Stenobothrus festivus), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne, qui recherche les pelouses steppiques.

Les mollusques sont représentés par le Bulime trois-dents (Chondrula tridens), espèce remarquable et localisée, vit dans les milieux calcaires secs et ensoleillés, préférant les pelouses rases, ou elle s'enfouit dans le sol afin de se protéger des températures trop élevées.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les deux ZNIEFF de type 1 suivantes : « 05_119_189 - Bois Bonnardel et pentes boisées du serre Cocu » & « 05_119_222   Versant adret de Remollon, Théus et Espinasses   montagne de Saint Maurice   rocher de Saint Pierre ».

Comments on the delimitation

Le site englobe un petit massif montagneux boisé, bordé au sud par un versant abrupt et délimité par la vallée de la Durance. Les limites s’appuient au sud sur la brusque rupture de pente occasionnée en pied de versant. Sur le reste de son pourtour, le positionnement du site est établi, lorsque c’est possible, sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.