ZNIEFF 930012799
VALLONS DE MOLINES-EN-CHAMPSAUR (VALLONS DU PEYRON ET DE LA MUANDE) - VERSANTS SUD-EST DU VIEUX CHAILLOL ET UBACS DU PIC QUEYREL

(n° regional: 05111173)

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Description

Localisé au niveau de la bordure sud ouest du massif des Ecrins, dans la partie centre nord du département des Hautes Alpes, ce site se compose de deux vallons qui se réunissent en Y, dominés par le Vieux Chaillol (3163 m) pour l’un, et par le Pic de Pian pour l’autre (2826 m).
La géologie du site est complexe. Il s’agit d’une zone de chevauchement et de métamorphisme importants, au contact de deux grands ensembles géologiques. Ici, les terrains anciens et métamorphisés du socle cristallin du massif des Ecrins, associant amphibolites et micaschistes, jouxtent les formations sédimentaires composés principalement par les grès du Champsaur qui constituent les crêtes et reliefs de la partie sud du site.
Compris entre 1240 m et 3163 m d’altitude, le site présente une extension altitudinale de forte amplitude. Il s’étend depuis l’étage de végétation montagnard, jusqu’à l’étage nival.
Du point de vue climatique, le site est établi dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires dauphinoises. Les influences atlantiques s’y font encore nettement sentir au débouché des principales vallées dont l’entrée est largement tournée vers l’ouest.
Diversité géologique et fortes variations altitudinales permettent la présence de milieux très variés, avec une grande diversité floristique. Une palette de formations végétales diverses caractérise ce site composite : prairies montagnardes et subalpines, pelouses alpines, landes montagnardes et subalpines à Airelles (Vaccinium pl. sp.), rhodoraies de Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), boisements de feuillus, hêtraies, sapinières, mélézins, aulnaies vertes des couloirs d’avalanches, mégaphorbiaie, végétation pionnière des alluvions torrentielles, saulaies arbustives des délaissées et berges torrentielles comprenant plusieurs espèces de Saules (Salix daphnoïdes, Salix elaeagnos, Salix purpurea, Salix myrsinifolia…), bas marais, sources, associations saxicoles des éboulis et façades rocheuses siliceuses ou localement sédimentaires calcaro gréseuses…

Milieux remarquables

Les versants ubacs du Pic Queyel sont recouverts de milieux forestiers remarquables, d’une très grande richesse floristique. Ce sont en particulier un habitat déterminant constitué par les hêtraies neutrophiles des Alpes du Sud et de Provence [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], formation en limite nord de répartition, et divers autres habitats forestiers classés remarquables : les hêtraies et sapinières neutrophiles étendues [all. phyto. Fagion sylvaticae (42.112 et 41.13)] et des mélèzins et mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3). Ces milieux forestiers sont généralement associés à des groupements de clairières à Epilobes et Digitales [all. phyto. Epilobion angustifolii (31.8711)].
Les milieux herbacés remarquables du site comprennent des pelouses en gradins des rochers siliceux secs à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], occupant les bombements et escarpements siliceux, et des pelouses à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) [all. phyto. Festucion variae et Nardion strictae (36.331)]. Plus en altitude, et sur les crêtes, se trouvent des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) [asso. phyto. Festucetum halleri (36.342)], abritant nombre d’espèces végétales remarquables.
Parmi les milieux rocheux remarquables figurent les formations végétales des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], celles des éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae, Allosuro crispi Athyrion alpestris et Senecio leucophylli (61.11)] et plus localement celles des éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et des formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Flore

Le site comprend vingt trois espèces végétales déterminantes. Sept sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), la Primevère du Piémont (Primula pedemontana), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum) et la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis). Six sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Céraiste des Alpes (Cerastium alpinum), la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, qui serait à retrouver, la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), crucifère généralement inféodée aux boisements frais de ravins des étages collinéen supérieur et montagnard, particulièrement rare en région Provence Alpes Côte d’Azur, l'Azalée naine (Kalmia procumbens), le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora), anciennement signalé et à rechercher, et la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium). Dix espèces n’ont pas de statut de protection : le Chardon bardane (Carduus personata), le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Silène visqueux (Viscaria vulgaris), la Sabline de Marschlins (Arenaria marschlinsii), minuscule et rarissime caryophyllacées, voisine de Arenaria serpyllifolia, affectionnant les rocailles de l'étage alpin, l'Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri), la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), la Violette de Thomas (Viola thomasiana), le Vulpin roux (Alopecurus aequalis), la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium) et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis).
Par ailleurs, le site comprend huit espèces végétales remarquables. Quatre sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum), la Gagée jaune (Gagea lutea) et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Trois espèces n’ont pas de statut de protection : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), le Génépi laineux (Artemisia eriantha) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé, puisque on y trouve quarante-trois espèces animales patrimoniales, dont neuf sont déterminantes.
Chez les mammifères d’intérêt patrimonial, deux espèces déterminantes sont présentes : le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, dont les populations locales sont issues de réintroductions et le Loup (Canis lupus) espèce déterminante et en progression depuis son retour naturel depuis l’Italie. Ils sont accompagnés par trois espèces remarquables : le Cerf élaphe (Cervus elaphus) le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude.
Les oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), galliforme méridional de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique remarquable, d’affinité nordique, recherchant préférentiellement les forêts mixtes, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) et Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), deux espèces boréo alpines forestières et déterminantes, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, mais aussi sa « cousine » la Chevêche d’Athéna (Atnene noctua) qui elle est une espèce de plaine, Pic noir (Dryocopus martius), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Sizerin flammé (Carduelis flammea) et Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheurs localisés et assez peu fréquent, que l’on rencontre dans les aulnaies vertes, les ripisylves, les mélézins et les rhodoraies, Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) souvent associée aux zones humides, Fauvette grisette (Sylvia communis), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant hortolan (Emberiza hortulana) mais aussi le Pigeon colombin (Columba oenas) rare et discret dont la nidification régulière serait à confirmer.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces de lépidoptères, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Cinq espèces déterminantes sont présentes, le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce protégée en France, dont la sous espèce europomene est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Nacré des Balkans (Boloria graeca subsp. tendensis), espèce à distribution fractionnée, dans les Balkans et les Alpes occidentales, représentée par la sous espèce tendensis en région Provence Alpes Côte d'Azur, dans les pelouses subalpines à Violette éperonnée Viola calcarata, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine de la famille des Satyrinés liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), endémique franco italien cantonné aux Alpes occidentales, inféodé aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Elles sont accompagnées par de nombreuses espèces remarquables : la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, , le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous espèce de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin, le Grand Sylvain (Limenitis populi), espèce forestière de Nymphalidés d’affinité euro sibérienne que l’on rencontre dans les clairières des forêts humides de feuillus jusqu’à 1700 m. d’altitude et dont la chenille se développe principalement sur le Tremble (Populus tremula)..

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_111_100   Partie sud ouest du massif et du Parc National des Écrins   vallée du Valgaudemar   Grun de Saint Maurice   vallée de la Séveraissette   le Cuchon   pic Queyrel   versant ouest du Vieux Chaillol».

Comments on the delimitation

Le site correspond principalement à la haute vallée de la Séveraissette, délimitée par de hautes crêtes élevées très marquées. Il est limité à l’aval par la brutale rupture de pente en pied de versant, longée par une petite route qui dessert le hameau de Molines-en-Champsaur, lequel est exclus du périmètre. A son extrémité sud-est, le site bascule sur les versants sud et est du Pic Tourond, afin d’englober des populations d’espèces à forte valeur patrimoniale.