ZNIEFF 930012803
DÉVOLUY MÉRIDIONAL : MASSIF DE BURE - GLEIZE - VALLÉE DE CHAUDUN - CHARANCE

(n° régional : 05123100)

Commentaires généraux

Description

Etabli sur la partie centre ouest du département des Hautes Alpes, à l’ouest de la ville de Gap, ce site de 15535 hectares constitue la partie sud est du massif du Dévoluy. Celui ci constitue un territoire difficile d’accès, bastion ceinturé de hautes murailles calcaires.
Le site comprend à l’ouest l’ensemble d’Aurouze avec le Plateau et le Pic de Bure (2709m), plus à l’est le bassin de Chaudun et la haute vallée du Petit Buech, jusqu’au village de Rabou, et sur sa bordure sud est la Montagne de Charance (1903m). Il remonte au nord jusqu’au col du Noyer (1664m).
Le substrat géologique est composé par une couverture sédimentaire de terrains tertiaires et secondaires. Les lauzes siliceuses du Maestrichtien et les lauzes argileuses du Campanien (Sénonien) constituent ainsi le plateau de Bure et les hautes crêtes rocheuses. Elles surmontent les niveaux de marnes jaunissantes, les bancs marno calcaires et les calcaires lithographiques beiges du Néocomien, ainsi que les niveaux calcaires et marneux du tithonique et du Dogger. L’ensemble est en grande partie recouvert par des éboulis stabilisés ou encore mobiles et par des cônes de déjections.
Réparti entre 950m et 2708m d’altitude, le site est compris dans les étages de végétation collinéen supérieur, montagnard, subalpin et alpin.
D’extraordinaires panoramas se dévoilent depuis les hauts sommets aux promeneurs audacieux amoureux d’espaces sauvages. L’isolement relatif de cette région et son rôle de refuge lors des grandes glaciations du Quaternaire lui a permis de conserver une flore et une faune originales, dont plusieurs espèces végétales endémiques. Cet ensemble, à la configuration complexe, favorise l’existence de biotopes très divers, qui permettent la présence de plantes très variées, d’une entomofaune montagnarde exceptionnelle et d’une faune mammalienne et avienne riche et variée.

Milieux remarquables

Le massif dévoile des formations forestières (sapinières, pessières, pinèdes et mélezins de reboisement…) contrastées par les vastes pierriers et parois calcaires et le couvert herbacé ras qui les accompagne qui couvrent des surfaces importantes.
Une très importante diversité d’habitats est représentée sur le site. Les cinq habitats déterminants que compte celui ci se rapportent à des milieux rocheux et à des formations forestières. Ce sont les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)] et les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis (65)] qui accueillent une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.
Les formations forestières déterminantes, représentées notamment dans le bois du Chapitre, comprennent des hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles des Alpes du Sud à Trochischante à fleurs nues (Trochischantes nodiflorus) (41.17)], et des boisements de ravins ombragés et frais sur éboulis, à Erable sycomore (Acer pseudoplatanus) et Lunaire vivace (Lunaria rediviva) [all. phyto. Tilio platyphylli Acerion pseudoplatani (41.4)].
De nombreux autres habitats remarquables sont présents, notamment parmi les formations forestières. Ce sont en particulier, les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)], les hêtraies calcicoles méridionales à Andosace de Chaix (Androsace chaixii) (41.1752), les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)] et les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)], les mélèzins ou forêts de Mélèze (Larix decidua) (42.3), issus d’opérations de reboisements anciens, accompagnées par des peuplements de Pin à crochets (Pinus uncinata) sur calcaire (42.4), habitat dont la conservation prioritaire dans le cadre de la Directive Habitats. Enfin, il faut mentionner l’existence d’un boisement remarquable d’Epicéa (Picea abies) qui se trouve ici, au cœur du massif du Dévoluy, en limite sud de répartition dans les préalpes externes dauphinoises. Celui ci se rattache aux pessières subalpines des Alpes [all. phyto. Piceion excelsae (42.21)].
Les formations herbacées remarquables comprennent en particulier : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)] installées sur sols superficiels, les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du Sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36 432)], qui colonisent les fortes pentes caillouteuses calcaires sèches, les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso sedion albi (34.1)] et ponctuellement, en altitude au niveau des zones les plus froides, des pelouses de combes à neige sur calcaire à Saule réticulé (Salix reticulata) [all. phyto. Arabidion caeruleae (36.12)]. Ces dernières se trouvent, au niveau du site, en limite sud occidentale de répartition géographique.
Les formations arbustives et sous arbustives, généralement associées à la dynamique succédant aux pelouses sèches, comprennent un certain nombre d’habitats remarquables parmi lesquels : les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], qui se trouvent ici en limite nord de répartition, les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les landes sèches d’adret à Genévrier sabine (Juniperus sabina) [sous all. phyto. Berberido vulgaris Juniperenion sabinae (31.43)], habitat ponctuel sur le site, les landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) et/ou Raisin d’ours (Arctostaphylos uva ursi) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)] et les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)].
Les milieux rocheux très étendus sur ce site, à forte connotation minérale, comprennent eux aussi des habitats remarquables, à forte valeur patrimoniale, comme les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Parmi les habitats humides, mentionnons également l’existence ponctuelle de formations végétales de sources (54.1), groupements végétaux à forte valeur patrimoniale, des bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], des prairies humides eutrophes et oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae (37.2 et 37.3)], riches en orchidées, et parmi les habitats liés aux plans d’eaux mésotrophes, notamment dans le secteur du Domaine de Charance, la végétation aquatique flottante ou submergée (22.4).

Flore

Ce site exceptionnel abrite une flore très riche en espèces endémiques et soixante-neuf espèces végétales déterminantes. Vingt sont protégées au niveau national : la Berce naine (Heracleum pumilum), petite ombellifère des éboulis calcaires alpins et subalpins, le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches, l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), orchidée forestière des boisements montagnards, l'Inule variable (Inula bifrons), la Serratule à feuilles de chanvre d'eau (Klasea lycopifolia), la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), l'Armoise insipide (Artemisia insipida), la Corbeille d'argent du mont Aurouse (Iberis aurosica), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Aspérule de Turin (Asperula taurina), le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum), le Dracocéphale d'Autriche (Dracocephalum austriacum), lamiacée à floraison spectaculaire inféodée aux rocailles et pelouses steppiques, le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), la Laîche de Buxbaum (Carex buxbaumii), la Laîche à épis d'orge (Carex hordeistichos) et l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Vingt-et-une sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), la Laitue à feuilles de chêne (Lactuca quercina), rarissime laitue sauvage inféodée aux lisières forestières, dont les observations récentes en France ne concernent que les deux localités des Hautes-Alpes, la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches des éboulis calcaires, l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Nivéole de printemps (Leucojum vernum), la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, le Chardon du Mont Aurouse (Carduus aurosicus), endémique locale des éboulis calcaires fins, la Vesce du mont Cusna (Vicia cusnae), remarquable légumineuse des éboulis calcaires dont il s’agit ici de la seule station départementale et de l’une des deux stations françaises connues, la Vesce des Pyrénées (Vicia pyrenaica), l'Aspérule des teinturiers (Asperula tinctoria), qui serait à rechercher sur le site, rubiacée très discrète et très rare affectionnant les pelouses acidiclines, localisée à quelques rares stations dans les Alpes du Sud, la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), historiquement signalée et à rechercher dans les marécages, la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, la Laîche mucronée (Carex mucronata), historiquement signalée, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Danthonie des Alpes (Danthonia alpina), la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), la Potentille blanche (Potentilla alba), le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), le Saxifrage du Dauphiné (Saxifraga delphinensis), rare endémique delphino provençale des falaises calcaires ombragées, la Lunaire vivace (Lunaria rediviva) et la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium). Vingt huit espèces n’ont pas de statut de protection : le Buplèvre à feuilles allongées (Bupleurum longifolium), le Chardon bardane (Carduus personata), le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), la Campanule à larges feuilles (Campanula latifolia), belle campanule à grosses fleurs, essentiellement cantonnée dans les Alpes du Sud au massif du Dévoluy où elle occupe des érablaies de ravin, le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), l'Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri), l'Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), la Gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Gaillet des rochers (Galium saxosum), la Scrophulaire printanière (Scrophularia vernalis), historiquement signalée, le Saule à feuilles étroites (Salix repens), l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), le Jonc à fruits globuleux (Juncus sphaerocarpus), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), l'Hellébore vert (Helleborus viridis), la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), la Renoncule flammette (Ranunculus flammula), la Renoncule laineuse (Ranunculus lanuginosus), le Pigamon simple (Thalictrum simplex), la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), le Cotonéaster de Rabou (Cotoneaster raboutensis), petit arbustive endémique local, le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis), et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Par ailleurs, le site comprend douze espèces végétales remarquables. Cinq sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum), la Gagée jaune (Gagea lutea), la Gagée des champs (Gagea villosa) et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Fausse Giroflée des montagnes (Coincya monensis subsp. cheiranthos), la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris) et le Saule pubescent (Salix laggeri). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), le Genépi noir (Artemisia genipi), l'Ibéris droit (Iberis linifolia subsp. stricta) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées.

Faune

Le site présente un intérêt faunistique très élevé. Il recèle en effet cinquante-huit espèces animales patrimoniales, dont dix-huit sont déterminantes.
Parmi les Mammifères d’intérêt patrimonial présents localement, figurent le Lynx boréal (Lynx lynx), prédateur déterminant assez discret, Cerf élaphe (Cervus elaphus), le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude, et diverses chauves-souris telles que la Barbastelle (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante et vulnérable, en régression, d’affinité médio européenne, très résistante au froid, la Sérotine bicolore (Vespertilio murinus), espèce nordique rare et déterminante, localisée, relicte glaciaire dans l’arc alpin, bien adaptée au froid et présente dans des milieux divers (falaises, collines boisées, steppes, agglomérations, grottes) jusqu’à environ 2000 m d’altitude en montagne, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes. Les Oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial : Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), petite chouette forestière déterminante, de répartition boréo alpine des boisements résineux clairs, Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus),  le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, Faucon hobereau (Falco subbuteo), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t il en régression, Caille des blés (Coturnix coturnix), Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique remarquable, d’affinité nordique, recherchant préférentiellement les forêts mixtes, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, Pic noir (Dryocopus martius), Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Grand duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Huppe fasciée (Upupa epops), Alouette lulu (Lullula arborea), Pipit rousseline (Anthus campestris), Monticole de roche (Monticola saxatilis) Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Niverolle des neiges (Montifringilla nivalis), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Miliaria calandra), Oedicnême criard (Burhinus oedicnemus), possible nicheur à une altitude tout à fait remarquable. L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Triton alpestre (Triturus alpestris), espèce déterminante d’affinité montagnarde, le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce remarquable d’affinité médio européenne nordique, et le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes.
Les arthropodes d’intérêt patrimonial comprennent de nombreuses espèces d’insectes (lépidoptères et Coléoptères), et Crustacés Décapodes. Les cortèges très diversifiés de lépidoptères diurnes se distinguent par la présence de l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante, rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), l’Hermite, l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce remarquable de lépidoptère d'affinité steppique, localisée et dont la sous espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae = vesubiana), et la Zygène des gesses (Zygaena nevadensis gallica). La présence d’un lépidoptère nocturne peu commun et protégé est également signalée, la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce remarquable, de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches. Le Barbitiste à bouclier (Polysarcus scutatus), sauterelle très localisée et aux populations dispersées, sensible au surpâturage, qui affectionne les prairies et pelouses en montagne est le seul orthoptère déterminant. Chez les coléoptères citons les Charançons (Curculionidés) Microplontus falcozi, espèce déterminante d’affinité méditerranéo montagnarde, endémique provençale des départements du Vaucluse, où on ne la rencontre qu’au Mont Ventoux, des Hautes Alpes et des Alpes Maritimes, liée à la Composée Leucanthemum corymbosum, deux micro-endémiques stricts du plateau de Bure : Otiorhynchus coachei et Otiorhynchus bigoti, espèce déterminante de haute montagne, localisée vers 2500 m d’altitude, et Entomoderus impressicollis, espèce déterminante de moyenne montagne, représentée ici par la sous espèce jarrigei, endémique des Hautes Alpes.
Signalons enfin l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), Crustacé Décapode remarquable, en régression et devenu assez rare et localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les cinq ZNIEFF de type 1 suivantes : «05_123_175   Environs du col du Noyer   versant ubac du pic Ponsin   crêtes de Lieraver» ; «05_123_176   Forêt Domaniale de Gap Chaudun   bois du Chapitre et ubacs du pic de Gleize» ; «05_123_177   Dévès de Rabou   adret et crêtes de la montagne de Charance   Domaine de Charance   versants sud est des crêtes de Charance au pic de Gleize» ; «05_123_191   Bois Rond» & «05_123_192   Montagne d'Aurouze   plateau et pic de Bure   Forêt Domaniale des Sauvas   tête et combe de la Cluse».
Cet espace à la richesse biologique extraordinaire mérite une attention particulière au niveau de la gestion, afin de ne pas dégrader des habitats d’espèces végétales et animales importants. Ainsi les zones forestières devront être gérées de manière douce et prudente et la fréquentation du massif rester respectueuse de ses richesses biologiques. La menace principale reste liée à l’extension toujours possible de la station de ski de Super Dévoluy en direction du plateau de Bure. Les problématiques liées à la déprise agricole et l’embroussaillement conséquent devront être abordées.

Commentaires sur la délimitation

Le site obéit ici à une logique de massif. Il inclut la petite chaîne montagneuse, qui borde au sud la petite région du Dévoluy méridional, ainsi que les petits massifs qui y sont reliés au sud est. Ses délimitations excluent les zones les plus fortement anthropisées : espaces urbanisés et domaine skiable de Superdévoluy, ou de moindre intérêt biologique (reboisements monospécifiques de pins). Elles sont établies le plus possible sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.