ZNIEFF 930020055
L'ASSE, SES PRINCIPAUX AFFLUENTS ET LEURS RIPISYLVES

(n° regional: 04148100)

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Description

Localisé dans la partie centre sud du département des Alpes de Haute Provence, le site englobe le cours de l'Asse et de ses principaux affluents, ainsi que leurs ripisylves. Il concerne un réseau hydrographique d’environ 92 kilomètres qui s’écoule vers l’ouest et rejoint la Durance au sud de la petite ville d’Oraison.

L’Asse et ses principaux affluents drainent un territoire où prédominent les formations sédimentaires du Secondaire surtout, associées à des terrains sédimentaires du Tertiaire plus localisés.

Les cours d’eau proprement dits ont constitué d’importants dépôts d'alluvions récentes en fond de vallons, composés de cailloutis, sables et galets liés au dépôt de sédiment charriés. L'Asse entaille puissamment les massifs sédimentaires marneux et calcaires qui l'entourent, marquant ainsi le paysage de son linéament.

Du point de vue climatique, le site se localise dans une zone de transition entre le climat sec et ensoleillé d'affinités provençales à l'ouest et celui des Alpes Maritimes plus humide, avec nébulosité abondante, à l'est. Il reste cependant nettement plus marqué et caractérisé par les influences provençales.

Etendu entre 340 m et 1350 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard inférieur.

La végétation du site est liée au fonctionnement du cours d'eau, qui rajeunit périodiquement les ceintures végétales bordant le lit de la rivière. Celles-ci comprennent ainsi des formations pionnières, des bancs de galets et de sables, des fourrés de saules (Salix pl. sp.), des boisements linéaires de bois tendre à Tremble (Populus tremula), Aulne blanc (Alnus incana), Peuplier noir (Populus nigra) et Peuplier blanc (Populus alba).

Milieux naturels

De nombreux habitats remarquables, typiques ou représentatifs du site et d’intérêt écologique marqué sont présents : les formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers méditerranéens à Pavot cornu (Glaucium flavum) [all. phyto. Glaucion flavi (24.225)] imbriqués en mosaïque avec des bancs de graviers sans végétation (24.21), des bancs de sable des cours d’eau colonisés par des groupements amphibies méridionaux (24.34) et des bancs de vase des cours d’eau (24.5), les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi Filipendulion ulmariae (37.1)], les fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos) et Saule pourpre (Salix purpurea) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)], les ripisylves galeries de Saule blanc (Salix alba) [all. phyto. Salicion albae (44.141)], les boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) des rivières montagnardes et submontagnardes des Alpes [all. phyto. Alnion incanae (44.21)] et localement les ripisylves méditerranéennes à peupliers, ormes et frênes [all. phyto. Populion albae (44.61)]. Il possède également des habitats représentatifs des cours d’eau de bonne qualité, à savoir les milieux aquatiques d’eau douce des zones à truite (24.12) et à barbeau (24.14) qui présentent ici un bon état de conservation.

L’écocomplexe fluviatile qui associe, en une mosaïque mouvante d’une riche complexité, le cours d’eau actif, les bras morts d’eau lente, les stades pionniers de colonisation des alluvions, les fourrés arbustifs et les ripisylves mâtures, constitue l’essentiel de l’intérêt du site. De plus ces divers habitats forment des corridors en contact avec les milieux adjacents.

Flore

Le site compte trois espèces déterminantes, dont une est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum). Les deux autres espèces déterminantes de ce site sont : le Potamot des tourbières alcalines (Potamogeton coloratus) et la Fléole rude (Phleum paniculatum).

Par ailleurs, il abrite trois espèces remarquables dont une est protégée au niveau national : la Petite massette (Typha minima). La Passerine dioïque (Thymelaea dioica) et la Houlque molle (Holcus mollis) sont les deux autres espèces remarquables connues de ce site.

Faune

Ce site présente un intérêt faunistique certain avec 28 espèces animales patrimoniales connues, dont 12 sont déterminantes.

Parmi les mammifères d’intérêt patrimonial citons la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante glaneuse capturant les mouches et araignées, souvent liée aux milieux rivulaires et très stratifiés, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante en déclin dans la région, le Petit Murin (Myotis blythi), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), chauve-souris déterminante en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile chassant en milieux ouverts, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, le Murin de Brandt (Myotis brandtii), espèce forestière remarquable contactée dans la région généralement à plus de 1000 m d'altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, ainsi que le Castor d’Europe (castor fiber).

Les reptiles sont représentés par la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés, et le Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables.

Les poissons d’eau douce sont notamment représentés par l’Apron (Zingel asper), espèce déterminante devenue très rare et menacée d’extinction en France, propre aux cours d’eau clairs, assez rapides, peu profonds, le Toxostome (Chondrostoma toxostoma), espèce remarquable localement représentée ici, l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) qui est une espèce migratrice amphihaline considérée comme déterminante et menacée (en risque d'extinction en Europe) du fait de la fragmentation écopaysagère (notamment dans le cas des grands barrages hydroélectriques), le Blageon (Leuciscus soufia), espèce remarquable grégaire des cours d’eau à fonds graveleux et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, rare dans les Alpes de Haute Provence mais semble-t-il en extension, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Chez les arthropodes, mentionnons la présence d’espèces à enjeu de conservation caractéristiques des cours d’eau préservés, la Cicindèle des rivières (Cylindera arenaria), espèce déterminante de coléoptère Carabidés rare et en régression, strictement liée aux plages humides de gravier, limon ou sable dans le lit mineur des rivières en tresse, le Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptère rare et en régression, strictement liée à échelle régionale aux rives des cours d'eau dynamique, et le Tétrix des grèves (Tetrix tuerki), espèce remarquable et peu commune d'orthoptère dont la présence est strictement liée aux bordures de cours d'eau en tresse. Dans les eaux courantes de l’Asse ou de ses adoux, citons deux espèces remarquables, l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), Crustacé Décapode localisé à quelques adoux, considéré en forte régression sur l’Asse et devenu rare et localisé en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce d’odonate ouest méditerranéenne et protégée, liée aux canaux, adoux et bras secondaires de l’Asse. Les rives de l’Asse et les bancs de graviers sont colonisés par le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches et berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France. Dans les peuplements de vieux chênes aux abords du cours d’eau, signalons aussi la présence du Clyte à antennes rousses (Chlorophorus ruficornis), espèce remarquable de coléoptère longicorne, floricole et forestier, du bassin méditerranéen nord occidental, endémique franco ibérique, en limite d’aire orientale dans la région Provence Alpes Côte d’Azur dont la larve vit surtout dans les chênes (yeuses notamment) et le taupin Athous puncticollis, espèce déterminante de coléoptère Elatéridés, endémique franco-italien ici en limite d’aire et recherchant les milieux forestiers. Citons enfin l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante, rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis) et l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable de papillon de jour qui colonise certains milieux ouverts et secs sur les versants abords et parfois le lit mineur.

Enfin, chez les mollusques, citons la présence de Vallonia enniensis, espèce déterminante de distribution européenne, rare et dispersée, où elle se rencontre exclusivement dans les milieux humides, principalement sur substrat calcaire et de Quickella arenaria, espèce remarquable de Succinidés, rare et localisée des bas marais et des suintements de pente.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n'englobe pas de ZNIEFF de type 1.

Grace à ses ramifications, Le site permet le transit des espèces végétales et animales, entre la Provence, à partir de la Durance, et l’intérieur des massifs des Alpes de Haute Provence, ce qui se traduit par exemple par la remontée de plantes méditerranéennes ou la descente de plantes alpines.

L’écocomplexe fluviatile qui y est lié présente un important niveau d’organisation étroitement dépendant de la dynamique hydraulique torrentielle et du charriage des alluvions, conditions strictement dépendantes du bon fonctionnement de l’ensemble de son bassin versant. Ainsi par exemple sur le site, il existe d’anciens bras morts et des adoux, qui représentent des refuges indispensables pour la flore et la faune aquatique et fluviale. Les secteurs de lit en tresses maintiennent de nombreux îlots végétalisés, présentant à la fois les premiers stades de la dynamique de végétation indispensables au maintien des espèces pionnières, ainsi que des stades de ripisylves plus évolués, habitats d’espèces spécialisées strictement inféodées aux forêts riveraines humides.

Toutefois, rappelons que cette portion de vallée fait encore l'objet d'aménagements hydrauliques divers et extractions de matériaux alluvionnaires en lit mineur, et que les prélèvements agricoles et les rejets d’eaux usées ne sont pas complètement aux normes. De plus, une multiplicité de dépôts sauvages sont abandonnés dans la ripisylve ou le cours d’eau et contribuent à dégrader le site.

La conservation des ripisylves constitue l'un des enjeux majeur du site en assurant un rôle épurateur des eaux et en permettant le maintien d'habitats indispensables à la survie d'espèces animales et végétales.

Comments on the delimitation

Le site concerne le cours de l’Asse et de ses principaux affluents. Ses limites englobent l’écocomplexe hydrologique fonctionnel incluant les cours d’eau, leurs ripisylves, leurs zones humides associées et leurs zones connexes proches. Cette délimitation, qui englobe des habitats et cortèges d’espèces à très forte valeur biologique, est clairement matérialisée par les zones fortement anthropisées (vergers, cultures, urbanisation, infrastructures) qui sont évidemment exclues. Ces dernières justifient la délimitation par les fortes discontinuités écologiques et paysagères occasionnées.