Description de la zone
Cette zone de haute montagne est entièrement située sur le territoire du Parc National de Mercantour. Le substrat géologique est essentiellement cristallin.
Flore et habitats naturels
La ZNIEFF intègre des hauts lieux de la botanique parmi lesquels on peut citer les vallons de Sestrière, Salse Morène ou Bousieyas. Les formations végétales se rattachent aux étages montagnard, subalpin et alpins. Les milieux ouverts d’altitude comprennent divers groupements patrimoniaux de zones humides, comme les bas marais basophiles du Caricion davallianae, les bas marais arctico alpin du Caricion incurvae, caractérisés par la Laîche bicolore (Carex bicolor) et le Jonc arctique (Juncus arcticus), les bas marais acides du Caricion fuscae, bordant les lacs, et peuplés de sphaignes (Sphagnum spp.). Les lacs alpins sont colonisés par des peuplements de Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium), groupement patrimonial du Littorellion uniflorae. Il existe en outre de beaux peuplements de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra), des pelouses orophiles à affinité nettement septentrionale, des falaises siliceuses et des éboulis de versants délités qui renferment une flore spectaculaire.
Du point de vue des espèces végétales, on recense de nombreuses espèces déterminantes pour les ZNIEFF. Parmi celles-ci, se trouvent par exemple l’Androsace des Alpes (Androsace alpina), l’Androsace pubescent (Androsace pubescens), la Laîche pied d’oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), la Laîche à petite arête (Carex microglochin)… On note également une des rares stations françaises de Gagée naine (Gagea minima), par ailleurs présente en Italie.Faune
Le territoire concerné est d’un très grand intérêt faunistique avec plus de 70 espèces patrimoniales qui y sont recensées, dont 26 sont déterminantes.
Les mammifères déterminants sont représentés par deux grands carnivores présentant un fort enjeu de conservation, le loup (Canis lupus) et le Lynx boréal (Lynx lynx). Les herbivores sont représentés par le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) et les chauves-souris comprennent la Barbastelle commune (Barbastella barbastellus) et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus).
L’avifaune nicheuse, ou potentiellement nicheuse est représenté par plusieurs espèces déterminantes : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), une espèce inféodée aux habitats rupestres, le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus), grand vautour ayant fait l’objet d’un programme de réintroduction sur le massif alpin, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) et le Moineau soulcie (Petronia petronia).
Notons également pour les reptiles la présence d’une population de Lézard des souches (Lacerta agilis), une espèce remarquable très localisée dans les Alpes-Maritimes.
Les amphibiens comprennent le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.
Les peuplements d’arthropodes sont très diversifiés, variant suivant l’étagement altitudinal et l’exposition des versants montagneux.
Chez les araignées, notons la présence de la Lycose Vesubia jugorum, espèce déterminante endémique franco-italienne exclusivement localisée en France aux Alpes-Maritimes où l’espèce se rencontre dans les éboulis entre 1 800 et 2 700 m d’altitude.
Les coléoptères d’intérêt patrimonial de cette zone sont représentés par quatre espèces déterminantes : le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes, le Carabique Laemostenus angustatus, espèce d’affinité montagnarde, troglophile et guanobie, en limite d’aire et endémique des Alpes franco-italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes notamment), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, le Carabique Pterostichus truncatus imitator, espèce déterminante liée aux forêts supérieures de montagne, endémique des départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes et le staphylin Palaeostigus ruficornis liguricus, sous-espèce présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes, puis en Italie. Ces espèces sont accompagnées de deux espèces remarquables de Cerambycidae, Chlorophorus glaucus, espèce à répartition limitée à la méditerranée occidentale, recherchant le bois sec dans les forêts thermophiles, cantonnée en France principalement au littoral varois et l'Aiguille en deuil (Phytoecia nigricornis), espèce vivant dans les prairies fraiches à Asteracées, répandue en Europe mais rare et localisée dans le sud de la France. Il est important de noter le signalement ancien de quatre autres espèces de coléoptères déterminants qui mériteraient des prospections ciblées : Laemostenus obtusus, Saphanus piceus, Barynotus maritimus et Polydrusus griseomaculatus.
Les orthoptères d’intérêt patrimonial sont représentés par le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce remarquable présente dans la Péninsule balkanique et les Alpes, qui affectionne les milieux secs et pierreux à haute altitude, et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.
Les lépidoptères sont représentés par six espèces déterminantes : l'Eupithécie illustre (Eupithecia pernotata), Geometridae rare en France et découverte dans les Alpes-Maritimes où elle est localisée, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud, l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce déterminante très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Ces papillons sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), Hespéridés, dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et le Moiré des pâturins (Erebia melampus), espèce endémique du massif alpin, rare et localisée au niveau régional. Deux lépidoptères déterminants dont les données sont anciennes seraient à retrouver dans cette zone grâce à des inventaires ciblées : Euchalcia bellieri et Colias palaeno.
Un plécoptère déterminant a également été inventorié sur le site, Leuctra armata, ainsi que trois trichoptères Melampophylax melampus, Plectrocnemia praestans et Rhadicoleptus ucenorum.
Enfin, du côté des mollusques, signalons la présence de deux espèces déterminantes, l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise et la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin.
La ZNIEFF comprend le bassin versant de la Tinée des Sources jusqu’au lieudit le Drogon, au sud de Saint Etienne de Tinée. Elle est incluse dans la ZNIEFF de type II Bassin de la Haute Tinée.