ZNIEFF 930020171
MARAIS DE BEAUCHAMP ET DU PETIT CLAR

(n° regional: 13103120)

General comments

Description de la zone

En bordure de la ville d’Arles, les marais de Beauchamp et du Petit Clar constituent l’un des trop rares vestiges d’une végétation particulièrement originale pour la région méditerranéenne : une végétation palustre dominée par des espèces eurosibériennes et eurasiatiques du domaine atlantique. La présence de cette végétation localisée dans le département des Bouches du Rhône aux dépressions des Baux, de Raphèle et du Vigueirat est due à l’alimentation de ces dépressions par les eaux relativement froides des nappes souterraines. Dans les marais de Beauchamp et du Petit Clar s’observe sur une centaine d’hectares une grande diversité de paysages végétaux, en relation avec l’hétérogénéité naturelle du site (variation spatiale des conditions hydriques, topographiques et pédologiques), et avec l’action de l’homme, qui a modifié le milieu par des aménagements hydrauliques et par un certain nombre d’usages et de pratiques (pâturage, mise en eau…).

Flore et habitats naturels

Tous les faciès des zones humides d’eau douce y sont donc présents, depuis les eaux libres jusqu’aux ripisylves et bois humides, en passant par la végétation aquatique émergente des roselières et des cariçaies, et les prairies humides à joncs et scirpes. Cette grande diversité de groupements végétaux génère une importante richesse floristique, ainsi, lors d’une étude récente (1997) 245 espèces ont été recensées dans les marais de Beauchamp et du Petit Clar.
Dans le contre canal du bras mort, se développent de beaux peuplements de Vallisnérie en spirale, alors que les larges fossés, canaux et bras morts montrent des peuplements du Nénuphar jaune ou de la Morène, cette dernière surtout dans les eaux peu profondes qui s’échauffent rapidement. Les prairies drainées et les prairies humides du Petit Clar sont occupées par la formation camarguaise à Trèfle fraise (Trifolium fragiferum) des sols peu salés, secs en été et plus ou moins humides en hiver. Un des fleurons des marais de Beauchamp correspond aux formations à Marisque. Quel dépaysement en plein cœur de la région méditerranéenne que ces étendues de hautes touffes ou touradons de laîches, de souchets et de Marisque, évoquant les grands marais calcaires du nord et du centre de la France. Là s’observent des espèces très rares en région méditerranéenne comme la Thélyptérie, l’Epiaire, le Séneçon ou l’Orchis des marais. Cette dernière existe aussi dans divers boisements ou fourrés humides.

Faune

Ce site renferme 34 espèces d’intérêt patrimonial dont 16 sont déterminantes.

Ces zones humides présentent un grand intérêt pour la faune aquatique et paludicole. Ce cortège faunistique diversifié, notamment en ce qui concerne l’avifaune, comporte en particulier plusieurs espèces localisées et peu fréquentes dans les Bouches-du-Rhône tels que l’Oie cendrée (Anser anser), la Nette rousse (Netta rufina), la Grande aigrette (Ardea alba), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), le Héron pourpré (Ardea purpurea) et Sterne naine (Sternula albifrons), dont la distribution en région PACA est très restreinte. Ces marais représentent également une zone de chasse favorable pour les chiroptères et un site de nidification intéressant pour le Blongios nain (Ixobrychus minutus). C’est enfin un site assez remarquable pour l’avifaune hivernante et migratrice de passage.

Du côté des reptiles, citons la présence de trois espèces remarquables, la Cistude d'Europe (Emys orbicularis), espèce ayant une répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

Parmi les arthropodes, la présence de sept espèces mérite d’être soulignée, toutes inféodées à des biotopes humides.
Au niveau du canal de la vallée des Baux, citons la Dolomède, dont l’individu observé se rapporte très probablement à la Dolomède des marais (Dolomedes plantarius), espèce déterminante d’araignée, très rare et en régression, dont la taille imposante lui permet de chasser des invertébrés et des poissons dans les marais ensoleillés (nota : la seconde espèce du genre, D. fimbriatus, est tout aussi rare, menacée et classée déterminante ZNIEFF). C’est encore au niveau de ce canal qu’est observée la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonate, protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres riverains.

Dans les prairies humides à marécageuses, un cortège exceptionnel d’orthoptères hygrophiles trouve refuge. Citons des espèces strictement méditerranéennes telles que la Decticelle des ruisseaux (Roeseliana azami) et le Criquet tricolore (Paracinema tricolor), ou bien des espèces d’affinité non méditerranéennes, telles que le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus) et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), toutes deux déterminantes, rares et sporadiques en région PACA Ces espèces sont accompagnées par le Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum) qui affectionne les étangs temporaires.

Enfin le printemps venu, les prairies humides sont animées par le vol de la Diane (Zerynthia polyxena), espèce remarquable de lépidoptère, protégée en Europe et d’affinité méditerranéo asiatique, dont la chenille se nourrit des feuilles de l’Aristoloche à feuille ronde (Aristolochia rotunda), le plus souvent en lisière de ripisylve.

Comments on the delimitation

Limites fondées sur la carte de végétation réalisée par la S.N.P.N. Réserve de Camargue. Les limites étant, au nord le canal de la vallée des Baux, inclus dans la ZNIEFF et au sud la D33b exclue de la zone.