Description de la zone
Sur la façade la plus occidentale des Préalpes du Sud, l’unité visuelle qui s’impose dans la vallée du Rhône, à partir d’Orange, est un ensemble de crêtes parallèles, finement ciselées, qui se dressent à la verticale, sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur, de Beaumes de Venise au sud, à Gigondas au nord et qui sont séparées par des vallons. Ce sont les célèbres « Dentelles » (Dentelles Sarrasines, Grand Montmirail, la Salle) qui ont inspiré René Char et sont formées d’une alternance de plis pincés de calcaires compacts qui datent du Portlandien et du Kimméridgien supérieur (Tithonique). Elles se prolongent, à l’est, par les rochers de Saint Christophe. En piémont méridional, les calcaires laissent la place à des marnes noires de l’Oxfordien, surtout à proximité de Lafare. Cet ensemble constitue un site très minéral avec une succession de parois rocheuses, de vires et de grands couloirs d’éboulis très pentus. Les contrastes climatiques en fonction de l’exposition sont importants. Alors que les adrets sont parmi les plus arides et les plus xérothermophiles du département (la Salle en particulier), les ubacs et les fonds de vallons très encaissés sont bien plus frais et humides et bénéficient d’un ensoleillement réduit (vallon de l’Aiguille par exemple).
La végétation des Dentelles épouse les contraintes géomorphologiques et climatiques. Les adrets, mésoméditerranéens, offrent une alternance de taillis de chêne vert, de pinèdes de pin d’Alep, de garrigues à chêne kermès et à romarin, et de matorrals à genévriers. En ubac, en revanche, la végétation y présente des affinités nettement supraméditerranéennes car le pin sylvestre et surtout les taillis de chêne pubescent y occupent l’espace. Quelques ifs y sont même présents.
Flore et habitats naturelsEspace minéral par excellence, les Dentelles se manifestent essentiellement à la faveur de leurs formations édaphiques. Les pelouses y sont quasiment inexistantes et les boisements très dégradés. Ces derniers ne sont en rien comparables à ceux de la partie septentrionale du massif à la riche biodiversité. Ici, l’ubac des parois rocheuses est colonisé par la formation saxicole à Asplenium fontanum (doradille des fontaines). Mais ce sont surtout leurs adrets, à la Salle en particulier, qui expriment toute la biodiversité d’une flore qui est l’une des plus xérothermophiles du Vaucluse. C’est ainsi que s’y développe la formation à Asplenium petrarchae (doradille de Pétrarque) qui est ici en limite septentrionale de son aire de répartition. Ces sites rupestres sont également favorables à la présence d’un matorral à genévrier de Phénicie parasité par Arceuthobium gambyi (gui du genévrier) au Clapis, à la Salle et aux rochers de Saint Christophe. En piémont de ces derniers, les vires en escalier sont le milieu de prédilection de très nombreuses espèces (suffrutescentes pour certaines) qui occupent de véritables niches écologiques et qui ne se rencontrent pratiquement plus vers le nord. Tel est le cas de : Lomelosia stellata (scabieuse étoilée), Picris pauciflora (picride pauciflore) non confirmée, Lathyrus saxatilis (gesse des rochers), Bufonia perennis (bufonie vivace) qui se retrouve aussi aux Dentelles Sarrasines. À la base des Dentelles, des ravins marno calcaires offrent une flore originale.
FauneCette zone accueille huit espèces animales patrimoniales dont une est déterminante.
Elle abrite notamment un des rares couples reproducteurs de Vautour percnoptère en dehors du Luberon et des monts de Vaucluse. D’autres espèces d'oiseaux remarquables méritent d’être mentionnées : le Circaète Jean-le-Blanc (1 couple reproducteur), le Grand duc d’Europe (1 couple nicheur), le Monticole bleu (au moins 4 couples reproducteurs), l’Alouette lulu et le Bruant fou.
Du côté des reptiles, citons la présence de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les milieux plus fermés ou les sites rupestres.