ZNIEFF 930020393
BAS DU VERSANT ADRET ET CÔTEAUX STEPPIQUES D'ABRIÈS À LA MONTA

(n° regional: 05108129)

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Description de la zone 

Localisé dans la partie est du département des Hautes-Alpes et sur le secteur est du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond au bas du versant adret de la haute vallée du Guil.

Il se situe dans la partie orientale principalement schisteuse (schistes lustrés de la zone piémontaise) du massif.

Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, il est soumis à un climat montagnard de type continental sec. Toutefois les influences climatiques de la Plaine du Pô apportent une certaine humidité en particulier pendant la période estivale.

Etabli entre 1 550 m et 1 850 d’altitude, le site s’inscrit totalement aux étages de végétation montagnard et subalpin inférieur.

Longé par le torrent du Guil, dans sa partie basse, et bordé de végétation par un mélézin dans sa partie haute, il est caractérisé par de grandes étendues herbeuses ouvertes (prairies de fauche) et semi-ouvertes (parcours ovins sur pelouses sèches et landes), traversées par quelques descentes de mélèzes et quelques ravins.

Habitats naturels

Les deux habitats déterminants du site sont les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (E1.24)], milieu qui arrive ici en limite altitudinale et son cortège s'enrichit d'espèces végétales thermo xérophiles subalpines et alpines, et les mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23).

Quatre autres habitats remarquables sont également présents : les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (F7.4E)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (E2.31)], les landes sèches d’adret à Genévrier sabine (Juniperus sabina) [sous all. phyto. Berberido vulgaris Juniperenion sabinae (F2.231)], élément de dynamique succédant aux pelouses sèches et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (H3.251)].

Flore

Le site comprend 8 espèces végétales déterminantes. Deux sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum) et l'Astragale queue de renard des Alpes (Astragalus alopecurus), fabacée atteignant 1 m de hauteur, à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques. Quatre sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Drave des bois (Draba nemorosa), brassicacée aux fleurs jaunes qui affectionne les pelouses sèches ouvertes, l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis) et la Violette des collines (Viola collina). Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Buplèvre des Alpes (Bupleurum alpigenum), grand buplèvre localisé en France à la haute vallée de la Durance et au Queyras, où il occupe les prairies de fauche, mégaphorbiaies et lisières forestières fraîches, et le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraîches.

Par ailleurs, le site comprend quatre espèces végétales remarquables. Une est protégée au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires. Une est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : la Pulsatille de Haller (Pulsatilla halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, et la Fétuque de Chas (Festuca chasii).

Faune

Douze espèces animales patrimoniales, dont une déterminante, ont été recensées sur ce site.

Les oiseaux comprennent trois espèces remarquables : la Caille des blés (Coturnix coturnix), fréquentant les prairies naturelles et artificielles, les pelouses alpines, les champs de céréales ou les parties sèches du bord des marais et menacé par la mécanisation de l'agriculture et les aléas climatiques, le Bruant fou (Emberiza cia), qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce des milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle. 

Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France, et par cinq espèces remarquables : l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), papillon protégé en France, lié aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l’Hermite (Chazara briseis), papillon en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude et le Petit Apollon (Parnassius corybas), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides).

Concernant les orthoptères, deux espèces remarquables sont inventoriées : l'OEdipode stridulante (Psophus stridulus), criquet boréo-montagnard qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xerothermiques et des alpages bien exposés, et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses. 

On notera enfin la présence de l’hyménoptère remarquable Panurginus montanus qui s’observe en montagne uniquement.  


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - val d'Escreins ».

L'abandon des cultures ou de l’irrigation, sur les anciennes terrasses agraires, a conduit à l'installation de pelouses sèches propices à l’établissement de zones de parcours ovins. La pression pastorale tendant actuellement à se réduire, la dynamique de végétation se poursuit par la colonisation d’une végétation ligneuse comprenant des fourrés de Prunier de Briançon (Prunus brigantina) et landes sèches à Genévrier sabine (Juniperus sabina), précurseur de l'installation de boisements de conifères.

Certaines prairies de fauche du site pourraient subir également une évolution forestière avec la diminution du nombre d’agriculteurs et pour d'autres, à l'inverse, être soumises à une intensification par le semis d'espèces fourragères plus productives.

Signalons la forte dynamique torrentielle qui existe au niveau du torrent du Guil : végétalisation des berges par des groupements pionniers et des saulaies arbustives, puis rajeunissement brutal lors des crues.

Comments on the delimitation

L’ensemble est délimité de manière à englober un écocomplexe d’habitats et d’espèces d’affinités principalement steppiques, à très forte valeur patrimoniale, qui s’associent, se juxtaposent ou s’imbriquent sur un bas de versant adret.